Après l' attentat sur le marché de Noël de Magdebourg, qui a fait cinq morts et de nombreux blessés graves, l'attention se porte sur le traitement de cette attaque brutale. Le plus grand casse-tête pour les enquêteurs: l'auteur présumé Taleb A.* lui-même.
Celui-ci suscite de nombreux points d'interrogation. Un Arabe d'origine saoudienne arrivé en Allemagne en 2006, qui exerce un travail respecté, semble avoir renoncé à l'islam pour toujours, et commet soudain un acte barbare.
Il ne correspond à aucune grille
«Après 25 ans dans ce métier, tu penses que plus rien ne pourrait te surprendre», a écrit l'expert allemand en terrorisme Peter Neumann sur la plateforme X, après l'attaque. «Mais un ex-musulman saoudien de 50 ans qui vit en Allemagne de l'Est, qui aime l'AfD et qui veut punir l'Allemagne pour sa tolérance envers les islamistes, je ne l'avais encore jamais vu.»
Il n'est pas le seul à être surpris. Le profil de l'homme a également laissé les autorités perplexes jusqu'à présent. «Il s'agit de rassembler toutes les connaissances qui permettent de se faire une idée de ce criminel, qui ne correspond à aucune grille existante», a déclaré la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser.
La police ne s'exprimera pas sur les motivations du quinquagénaire tant que l'enquête se poursuit. Sans surprise, de nombreuses spéculations sur Taleb A. et ses motivations circulent désormais sur la toile. Selon une théorie largement partagée sur les médias sociaux – notamment par Elon Musk – Taleb A. serait en réalité un extrémiste chiite qui aurait soigneusement entretenu son image athée pendant des années afin de tromper tout le monde. Il n'existe toutefois aucune preuve de cette théorie.
«On l'appelait Dr. Google»
Un rapport du «Mitteldeutsche Zeitung», qui se penche sur l'activité professionnelle de Taleb A., fait également sensation. Les doutes à son sujet n'auraient cessé de croître au sein du personnel de l'établissement pénitentiaire de Bernburg depuis qu'il a commencé à y travailler en mars 2020.
«Chez nous, on l'appelle 'Dr Google'», explique un collaborateur au «Mitteldeutsche Zeitung». Il porte ce surnom moqueur parce qu'il «devait vérifier sur Internet chaque diagnostic posé». Mais ce n'est pas le seul comportement étrange que Taleb A. aurait eu au cours des quatre dernières années. Le meurtrier de Magdebourg effectuait ses visites seul. «Il évitait autant que possible de discuter avec nous, les collaborateurs», dit-on.
Les patients auraient refusé d'être soignés par lui
Le médecin saoudien semblait également susciter la méfiance des patients. «Certains ont refusé d'être soignés par lui.» Ceci, entre autres, parce qu'il ne parlait pas bien allemand, même après une longue période en Allemagne, ce qui a conduit à plusieurs reprises à des malentendus lors de l'établissement du diagnostic, rapporte une employée.
Malgré tout, le Saoudien a pu continuer à travailler, au grand étonnement des collaborateurs. «La direction de la clinique a toujours rejeté nos remarques», explique une employée. En mai de cette année, Taleb A. aurait ensuite disparu pendant des semaines. «Nous pensions tous que nos soupçons étaient fondés et qu'il était parti parce qu'il n'était pas médecin. Jusqu'à ce qu'il réapparaisse soudainement.»
Taleb A. serait resté en service jusqu'à fin octobre, puis il aurait pris des vacances et se serait ensuite mis en congé maladie. Selon le «Mitteldeutsche Zeitung», son congé maladie courait jusqu'au 20 décembre, jour de sa folie meurtrière.
* Nom connu