Nos voisins ne font pas mieux
L'UE a échoué à réduire les émissions de CO2 dans l'agriculture

Les financements agricoles de l'Union européenne destinés à lutter contre le changement climatique n'ont pas permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre dues à l'agriculture. C'est ce qu'indique la Cour des comptes européenne dans un rapport publié lundi.
Publié: 22.06.2021 à 06:45 heures
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Dernière mise à jour: 22.06.2021 à 06:46 heures
Selon le rapport, les émissions provenant de l'élevage, qui représentent environ la moitié des émissions d'origine agricole, n'ont pas baissé depuis 2010. La PAC ne prévoit pas de limitation du cheptel ni d'incitation à le réduire.
Photo: BORIS ROESSLER

Alors que les difficiles négociations en cours sur la nouvelle Politique agricole commune (PAC) achoppent sur les règles destinées à «verdir» l'agriculture européenne, la PAC de 2014-2020 a été scrutée par les auditeurs européens.

La Cour des comptes européenne note que si plus d'un quart de l'ensemble des dépenses agricoles de l'UE sur cette période — soit plus de 100 milliards d'euros — ont été allouées à la lutte contre le changement climatique, les émissions de gaz à effet de serre d'origine agricole n'ont pas baissé depuis 2010.

«Nos constatations seront utiles dans le contexte de l'objectif de neutralité climatique de l'Union à l'horizon 2050», estime Viorel Stefan, responsable du rapport, dans un communiqué.

«La nouvelle PAC devrait accorder plus d'importance à la réduction des émissions d'origine agricole et renforcer l'obligation de rendre compte et la transparence sur sa contribution à l'atténuation du changement climatique», ajoute-t-il.

Moitié des émissions liées à l'élevage

Selon le rapport, les émissions provenant de l'élevage, qui représentent environ la moitié des émissions d'origine agricole, n'ont pas baissé depuis 2010. La PAC ne prévoit pas de limitation du cheptel ni d'incitation à le réduire, et certaines de ses mesures promeuvent la consommation de produits d'origine animale, qui n'a pas baissé depuis 2014, épingle la Cour.

Quant aux émissions dues aux engrais chimiques et aux effluents (qui comptent pour près d'un tiers), elles ont augmenté entre 2010 et 2018, soulignent les auditeurs.

Ils estiment que l'incidence sur les émissions de gaz à effet de serre des «pratiques susceptibles de réduire l'utilisation d'engrais, telles que l'agriculture biologique et la culture de légumineuses à grains», n'est pas établie.

Pratiques efficaces moins financées

«En revanche, des pratiques indéniablement plus efficaces, telles que les méthodes d'agriculture de précision consistant à adapter l'application d'engrais aux besoins des cultures, ont été moins financées», déplorent-ils.

Ils regrettent aussi que la PAC soutienne des «pratiques climaticides, notamment en finançant les agriculteurs qui cultivent des tourbières asséchées, lesquelles représentent moins de 2% des terres agricoles de l'Union, mais émettent 20% des gaz à effet de serre d'origine agricole».

«Le soutien de la PAC aux mesures de séquestration du carbone telles que le boisement, l'agroforesterie et la conversion de terres arables en prairies n'a pas augmenté par rapport à la période 2007-2013», pointent-ils du doigt, notant qu'"en l'état actuel, le droit de l'UE ne prévoit pas l'application du principe du pollueur-payeur dans le cas des émissions de gaz à effet de serre d'origine agricole».

Les Vingt-Sept ont approuvé la réforme de la PAC, dotée d'un budget de 387 milliards pour sept ans, mais ils doivent trouver un compromis avec les revendications environnementales et sociales des eurodéputés. Le Portugal, qui occupe la présidence semestrielle de l'UE, espère aboutir à un accord d'ici au 30 juin.

(ATS)

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