«Non seulement des paroles, mais aussi des actes»
La Lituanie demande le déploiement de troupes européennes sur le sol ukrainien

Après l'envoi de soldats nord-coréens en Ukraine en soutien à l'armée russe, l'Europe doit-elle aussi réfléchir à l'envoi de troupes sur le front? Blick s'est penché sur les enjeux d'un tel scénario.
Publié: 02.11.2024 à 20:00 heures
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La porte-parole du Parlement lituanien Viktorija Cmilyte-Nielsen demande «des actes plutôt que des paroles».
Photo: keystone-sda.ch
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Guido Felder

Le déploiement de troupes nord-coréennes en soutien à l'armée russe jette de l'huile sur le feu de la guerre en Ukraine. Car soudain, en Europe aussi, on dit: envoyez vos troupes en Ukraine!

Le ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis demande ainsi de reconsidérer l'idée du président français Emmanuel Macron. Ce dernier avait en effet déclaré au début de l'année qu'il ne fallait rien exclure, même pas l'envoi de troupes au sol. 

De son côté, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken estime qu'environ 10'000 soldats nord-coréens se trouvent désormais en Russie, dont 8000 dans la région de Koursk, que les Ukrainiens ont en partie conquise. Le président Volodymyr Zelensky espère donc également l'aide de la Corée du Sud, ennemie jurée de la Corée du Nord. Sur Telegram, le président ukrainien a écrit à propos d'une rencontre imminente: «Nous allons parler d'armes».

Jusqu'où la Corée du Sud ira-t-elle ?

Séoul dispose d'armes de défense modernes qui peuvent renforcer sensiblement la défense aérienne ukrainienne. Outre les obus d'artillerie, les chars et les lance-roquettes, il est question, selon la plateforme militaire «The War Zone», de missiles balistiques modernes et même d'avions de combat.

Eric J. Ballbach, spécialiste de la Corée à la Fondation Science et Politique de Berlin (SWP), peut très bien s'imaginer que des livraisons d'armes auront effectivement lieu. «La Corée du Sud suit habituellement le principe de ne pas livrer d'armes dans des zones de guerre actives. Mais la coopération militaire entre la Corée du Nord et la Russie pourrait toutefois assouplir cette politique».

«Des actes plutôt que des paroles»

L'arrivée en Russie des troupes du dictateur nord-coréen Kim Jong-un ravive également le débat lancé au printemps par le président français Emmanuel Macron: des troupes étrangères doivent venir en aide aux Ukrainiens.

Ainsi, le ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis écrit sur X: «Les idées d'Emmanuel Macron devraient être reconsidérées maintenant, mieux vaut tard que jamais». La porte-parole du Parlement lituanien Viktorija Cmilyte-Nielsen a doublé la mise. Elle demande «non seulement des paroles, mais aussi des actes».

Risque d'extension

Des pays comme la France et la Grande-Bretagne soutiennent jusqu'à présent les soldats ukrainiens dans leur formation, mais n'interviennent pas eux-mêmes dans le conflit. Cela va-t-il changer?

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Un envoi de troupes sur le front me paraît improbable, car cela rendrait plus probable une implication directe de l'OTAN, ce que Washington a toujours voulu éviter
Liviu Horovitz, expert militaire auprès du SWP
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La probabilité est faible pour le moment. Eric J. Ballbach part du principe que la Corée du Sud enverra dans un premier temps quelques observateurs militaires en Ukraine afin d'avoir une vue ciblée sur les activités nord-coréennes.

D'autres pays devraient également faire preuve de retenue. Liviu Horovitz, expert militaire auprès du SWP, déclare: «Un envoi de troupes combattant directement sur le front me paraît improbable, quel que soit le vainqueur des élections aux Etats-Unis. Car cela rendrait plus probable une implication directe de l'OTAN dans la guerre en Ukraine, ce que Washington a toujours voulu éviter.»

«A éviter absolument»

L'ancien colonel de la Bundeswehr, Wolfgang Richter, met en garde contre une extension de la guerre à toute l'Europe en cas d'éventuel envoi de troupes. «Il y avait jusqu'à présent un consensus au sein de l'OTAN sur le fait que cela devait absolument être évité. Toute proposition contraire est donc irresponsable.»

Même si les alliés de Kiev continuent de ne pas envoyer de troupes de combat en Ukraine, la discussion à ce sujet a déjà eu un certain impact, a-t-il ajouté. C'est ce qu'affirme aussi Riho Terhas, ancien général de l'armée estonienne et membre du Parlement européen pour le parti conservateur Isamaa. Il déclare ainsi sur la plateforme politico.com: «Chaque fois que nous parlons de troupes au sol en Ukraine, cela donne à Poutine un peu plus d'incertitude sur la direction que prend le conflit. Et c'est une bonne chose.»

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