Netanyahu mis à mal
La Cour suprême d'Israël annule un élément clé de la réforme judiciaire

La Cour suprême israélienne a annulé un élément clé de la réforme controversée de la justice adoptée en juillet dernier. Les réactions à ce jugement sont toutefois plutôt modérées, y compris celles de l'opposition. La guerre dans la bande de Gaza y est pour beaucoup.
Publié: 03.01.2024 à 06:11 heures
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Dernière mise à jour: 03.01.2024 à 07:46 heures
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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est encore plus sous pression depuis lundi.
Photo: keystone-sda.ch
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Martin Meul

C'est une décision que la Cour suprême israélienne a annoncée lundi: elle a annulé un élément clé de la réforme de la justice. Une très faible majorité de 8 juges sur 15 était favorable à l'annulation d'un amendement législatif adopté en juillet dernier. Cette modification de la loi avait privé la Cour de la possibilité de s'opposer à des décisions jugées «inappropriées».

L'année dernière, des centaines de milliers de personnes étaient régulièrement descendues dans les rues israéliennes en raison de cette réforme judiciaire. L'opposition craignait que cette modification de la loi n'encourage la corruption et l'attribution arbitraire de postes importants. La décision du tribunal est un revers cuisant pour le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Voici les principales questions et réponses sur le sujet.

Comment Netanyahu et son gouvernement ont-ils réagi à cette décision?

Le parti conservateur de droite Likoud de Benjamin Netanyahu a jusqu'à présent surtout critiqué le moment où le jugement a été rendu public. «La décision du tribunal va à l'encontre de la volonté du peuple d'être uni, surtout en temps de guerre», entend-on au sein du parti. Le porte-parole de l'armée israélienne Daniel Hagari a déclaré lundi que le Hamas avait peut-être aussi mené son raid le 7 octobre parce qu'il pensait que la société israélienne était en proie au chaos.

Netanyahu respectera-t-il la décision du tribunal?

Le Premier ministre ne s'est pas encore prononcé lui-même sur cette question. Toutefois, plusieurs déclarations d'autres acteurs laissent penser que la décision du tribunal ne sera probablement pas acceptée. Le ministre israélien de la Justice Yariv Levin, force motrice de la réforme, a affirmé au portail de médias Ynet: «Le jugement ne nous découragera pas. Alors que la lutte se poursuit sur différents fronts, nous continuerons à agir avec retenue et responsabilité.» Entre-temps, le président du Parlement israélien Amir Ochana a noté que la Cour suprême n'était pas habilitée à déclarer nulles les lois fondamentales.

Que signifie ce jugement pour la démocratie israélienne?

Cela dépendra de la réaction du gouvernement. Mais il est clair que dans l'histoire d'Israël, il n'est jamais arrivé que la Cour suprême annule une telle loi du gouvernement. Si le gouvernement s'oppose au jugement, le pays risque de connaître une crise nationale. Après tout, la réforme judiciaire décisive a déjà fait descendre des centaines de milliers de personnes dans la rue. Les protestations n'ont pris fin qu'avec le raid du Hamas le 7 octobre 2023.

Quel est l'impact de tout cela sur la popularité de Netanyahu?

Même sans ce revers cuisant, le Premier ministre Benjamin Netanyahu est de plus en plus impopulaire auprès du peuple. Notamment parce qu'il n'a pas empêché l'attaque du Hamas début octobre, qu'il ne veut pas en assumer la responsabilité et que plus de 100 otages sont toujours détenus par l'organisation palestinienne. La décision du tribunal apporte de l'eau au moulin des critiques. Le «Jerusalem Post» a rapporté mardi que, selon des sondages, seuls 15% de la population peuvent encore imaginer que Benjamin Netanyahu restera Premier ministre après la fin de la guerre à Gaza.

Comment le public a-t-il réagi au verdict?

Les réactions sont plutôt modérées, surtout si on les compare à l'ampleur des protestations contre la réforme judiciaire. Les rues de Tel Aviv sont vides. Les observateurs sur place estiment que cela est surtout dû à la guerre actuelle Celle-ci domine le débat public. «Tous les matins, on lit à la radio les noms des soldats tombés», a par exemple déclaré la correspondante allemande de l'ARD Nadja Armbrust.

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