Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a assuré dimanche partager une «stratégie commune» avec le président américain Donald Trump pour l'avenir de Gaza, après un entretien à Jérusalem avec le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, qui entame une tournée au Moyen-Orient. Les deux hommes ont affiché un front uni dimanche face à leurs ennemis communs, menaçant «d'ouvrir les portes de l'enfer» au Hamas et de «finir le travail» avec l'Iran, «première source d'instabilité» régionale. Marco Rubio a de son côté souligné que le Hamas devait être «éliminé» à Gaza, conformément aux objectifs fixés par Benjamin Netanyahu au début de la guerre dévastatrice dans le territoire palestinien, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023.
Prendre Gaza? Une vision «audacieuse»
«Nous avons discuté de la vision audacieuse de Donald Trump», qui a proposé de prendre le contrôle de la bande de Gaza et d'en déplacer ses habitants vers l'Egypte et la Jordanie, «et nous nous efforcerons de faire en sorte que cette vision devienne réalité», a dit Benjamin Netanyahu. Avant leur rencontre et alors qu'une trêve fragile est en vigueur depuis le 19 janvier entre Israël et le Hamas, l'armée israélienne a dit avoir mené une frappe aérienne visant des «individus armés» dans la bande de Gaza, le mouvement palestinien y faisant état de trois policiers tués par un raid israélien dans le sud. Une cargaison de «bombes lourdes» américaines, débloquée par l'administration Trump, est entretemps arrivée dans la nuit en Israël, a indiqué le ministère de la Défense.
Benjamin Netanyahu menace d'ouvrir les portes de l'enfer
Les entretiens de Marco Rubio en Israël se tiennent au lendemain du sixième échange d'otages à Gaza contre des prisonniers palestiniens depuis le début de la trêve. Israël ouvrira les «portes de l'enfer» à Gaza «si tous nos otages ne sont pas libérés, sans exception», a dit Benjamin Netanyahu. Sacha Trupanov, un Israélo-Russe de 29 ans, Yaïr Horn, un Israélo-Argentin de 46 ans, et Sagui Dekel-Chen, un Israélo-Américain de 36 ans, ont été libérés à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
Ils avaient été enlevés le 7-Octobre au kibboutz Nir Oz, dans le sud d'Israël. Sur 251 personnes alors emmenées à Gaza, 70 s'y trouvent toujours, dont au moins 35 mortes, selon l'armée israélienne. Israël a libéré en contrepartie 369 prisonniers palestiniens, dont 24, condamnés à la prison à vie, ont été expulsés vers l'Egypte. L'attaque du Hamas du 7 octobre a fait 1211 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité. L'offensive israélienne de représailles à Gaza, où le Hamas est au pouvoir depuis 2007, a fait au moins 48'264 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU. La première phase de la trêve, qui doit s'achever le 1er mars, a déjà permis la libération de 19 otages israéliens et 1134 Palestiniens. L'accord prévoit qu'elle permette au total le retour en Israël de 33 otages, dont huit décédés, et la libération de 1900 détenus palestiniens.
Poursuite du processus de négociation
Une deuxième phase du processus est ensuite censée déboucher sur la libération de tous les otages et une fin définitive de la guerre. Selon une source proche des négociations, les médiateurs espèrent entamer «la semaine prochaine à Doha» les pourparlers en ce sens, avant une étape finale dédiée à la reconstruction de Gaza, un chantier titanesque estimé par l'ONU à plus de 53 milliards de dollars. Des Israéliens ont manifesté samedi 15 février soir à Tel-Aviv pour demander la poursuite du processus.
Les otages toujours captifs «ne survivront pas longtemps (...) L'accord doit être appliqué dans son intégralité», a plaidé Zahiro Shahar Mor, neveu d'un otage décédé. Le Hamas continue à reprocher à Israël de bloquer l'entrée dans la bande de Gaza en ruines des préfabriqués et équipement de déblaiement des décombres. «Cela équivaut à une déclaration explicite d'échec de l'accord» de trêve, a souligné dimanche Salama Marouf, directeur des services de presse du gouvernement du Hamas à Gaza. «Les préfabriqués et les équipements lourds ne seront pas autorisés» car Israël «veut détruire nos vies», accuse Nasser al-Astal, un enseignant à la retraite, à Khan Younès. Il dit toutefois espérer «que le calme se maintiendra».
Pour Marco Rubio, le seul plan est celui de Trump
Sur le sort à terme du territoire palestinien, un sommet de cinq pays arabes est prévu le 20 février à Ryad, pour répondre au projet américain. «Pour l'instant, le seul plan (...) c'est celui de Trump. S'ils en ont un meilleur, le moment est venu de le présenter», avait affirmé jeudi Marco Rubio, qui doit poursuivre sa tournée en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis.
Le plan de Donald Trump de faire du territoire palestinien une «Côte d'Azur du Moyen-Orient», en déplaçant ses 2,4 millions d'habitants pour l'essentiel vers la Jordanie et l'Egypte, fait l'unanimité contre lui dans le monde arabe, et a suscité un tollé international. Pour régler le conflit israélo-palestinien, la communauté internationale est très largement en faveur de la solution à deux Etats, soit la création d'un Etat palestinien au côté d'Israël. Il s'agit de «la seule garantie» d'une paix durable au Moyen-Orient, a affirmé dimanche le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi au président du Congrès juif mondial Ronald Lauder, en visite au Caire. Marco Rubio doit ensuite rencontrer le ministre des Affaires étrangères israélien Gideon Sa'ar, le président Isaac Herzog et le chef de l'opposition Yair Lapid.