Mort de 91 personnes exposées à l'amiante
Neuf ans de prison pour Stephan Schmidheiny en Italie

L'homme d'affaires suisse Stephan Schmidheiny a été condamné à 9 ans et 6 mois de prison par la Cour d'appel de Turin dans l'affaire Eternit. Le procès concerne la mort de 91 personnes exposées à l'amiante dans les usines Eternit de Casale Monferrato.
Publié: 17.04.2025 à 20:47 heures
Stephan Schmidheiny en 1997.
Photo: MARTIN RUETSCHI
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ATS Agence télégraphique suisse

L'homme d'affaires suisse Stephan Schmidheiny a été condamné à 9 ans et 6 mois de prison par la Cour d'appel de Turin dans le cadre du procès Eternit «bis», en lien avec les décès dus à l'amiante en Italie. En 1re instance, il s'était vu infliger 12 ans de prison. Le procès faisait suite à la mort de 91 personnes consécutivement à leur exposition à l'amiante dans les usines Eternit de Casale Monferrato (Piémont). Le bureau du procureur général avait demandé une condamnation pour homicide, mais les juges d'appel ont retenu l'homicide involontaire, indique jeudi l'agence de presse italienne ansa.

La défense de M. Schmidheiny a annoncé un pourvoi en cassation. «Pour bon nombre des chefs d'accusation contestés, l'acquittement a été prononcé parce que le fait n'existe pas. Cela signifie que la structure construite par l'accusation continue de s'effondrer», a déclaré l'avocat Astolfo di Amato, membre du collège de défense de l'industriel. Dans un mail adressé à Keystone-ATS, la défense de l'accusé relève que «Stephan Schmidheiny n'est pas responsable de la tragédie de l'amiante à Casale Monferrato». Elle souligne «l'absence de preuves directes» et rappelle que «M. Schmidheiny avait lancé dès 1976 un programme de sortie de l’amiante, alors encore légale en Italie».

En parallèle, l'industriel «poursuit un programme humanitaire de compensation aux victimes, avec plus de 2000 personnes indemnisées». Et la défense de poser la question: «Cette affaire relance le débat: justice pénale individuelle ou responsabilité collective face à une tragédie sanitaire mondiale?».

Des années de bataille judiciaire

Dans l'autre camp, l’Observatoire national de l’amiante, qui s’est constitué partie civile avec l’avocat Andrea Ferrero Merlino, a exprimé sa satisfaction, interrogé par askanews. La sentence «rend justice aux nombreux morts du mésothéliome (cancer rare) et des autres pathologies liées à l’amiante, qui ont touché au fil du temps les ouvriers et les habitants des zones proches de l’usine Eternit», a-t-il estimé. Ce verdict intervient «après des années de batailles judiciaires et donne une voix aux victimes de l’amiante. Il reconnaît la gravité de ce qui s’est passé», a poursuivi l'Observatoire.

Et de compléter: «La condamnation n’efface pas la douleur, mais affirme un principe fondamental: la vie et la santé des personnes passe avant tout. C’est un signal fort, qui dit que ceux qui polluent, qui dissimulent, qui placent le profit avant la sécurité, ne peuvent rester impunis.» «A ceux qui ont lutté pendant des années, souvent dans le silence, va aujourd’hui notre plus profond respect», a encore commenté Ezio Bonanni, avocat et président de l’Observatoire National de l’amiante.

Un autre jugement, prononcé par la Cour d’assises de Novare, avait pointé de graves violations des normes de sécurité au travail (en sachant que le risque de mort était réel), en lien avec la mort de 392 personnes, dont 62 travailleurs de l’usine Eternit et 330 habitants des zones proches de l’usine, a encore rappelé l'Observatoire.

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