«Dois-je le licencier?» C’est la question que Donald Trump a posée la semaine dernière à ses proches collaborateurs, alors que le scandale du Signalgate prenait de l’ampleur. Au cœur de la tourmente: Michael Waltz, conseiller à la sécurité nationale, mais surtout créateur du groupe sur Signal, dans lequel il a intégré – par inadvertence – un journaliste aux discussions sur des frappes secrètes au Yémen.
Le véritable problème pour Trump n’est pas tant l’imprudence d’utiliser une application commerciale pour débattre de stratégie militaire, mais le lien jugé compromettant entre Mike Waltz et ce journaliste que le président déteste, rapporte le «New York Times» dimanche 30 mars. Le président se serait montré furieux de retrouver la trace de cet interlocuteur dans le téléphone d’un de ses plus proches collaborateurs.
En public, pourtant, Trump affiche un tout autre ton. A peine le scandale révélé, il renouvelait son soutien à Mike Waltz, affirmant qu’il s’agissait d’un «homme bien» qui n’avait «rien à se reprocher».
Double discours
Mais en coulisses, l’ambiance est tout autre. Dès le mercredi suivant, Trump réunissait le vice-président J.D. Vance, la cheffe de cabinet Susie Wiles, le chef du personnel Sergio Gor, son émissaire pour le Moyen-Orient Steve Witkoff, et d'autres figures clés de son administration. L’ordre du jour: décider du sort de Mike Waltz.
D’après plusieurs sources citées par le «New York Times», Mike Waltz doit son maintien à l’influence de certains soutiens internes, mais aussi à la volonté de Trump de ne pas paraître céder à la pression extérieure dès le début de son second mandat.
Des tensions déjà présentes
Le poste de Waltz était toutefois déjà fragilisé bien avant cette fuite. Jugé trop «va-t-en guerre» par plusieurs conseillers, il ne collerait pas à la vision de la politique étrangère de Donald Trump. Le conseiller à la sécurité nationale pousserait notamment à une action militaire en Iran, là où Trump préfère chercher un accord.
Des tensions auraient également éclaté entre Mike Waltz, le vice-président et Susie Wiles, tous deux soucieux de rester alignés avec les positions du président. Trump aurait d’ailleurs confié récemment à son entourage qu’il ne souhaitait pas déclencher une série de licenciements précoces, de peur d’alimenter les critiques sur une Maison Blanche chaotique.
Waltz un opportuniste?
Pour ne rien arranger, une vieille vidéo de 2016 a refait surface peu après le scandale. On y voit Mike Waltz, regard caméra, qualifier Trump de déserteur du service militaire avant de lancer: «Stoppez Trump maintenant.» Un extrait qui n’a pas échappé aux détracteurs du conseiller.
Trump exige une loyauté totale. Mais à Washington, les hauts fonctionnaires gravitent depuis longtemps autour de la sphère politique. Ceux-ci ont alors eu des relations, des expériences passées et des contacts avec des personnes que Trump méprise.
«Toute personne qui a passé dix ou quinze ans à Washington a forcément un passé complexe», a ajouté John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale de Trump. Alors, pour Mike Waltz, le compte à rebours est-il lancé ou saura-t-il maintenir sa place?