Migration massive à Lampedusa
Appel à la solidarité européenne en Italie

La pression subie par l'Italie d'un point de vue migratoire est énorme. Ursula von der Leyen et Giorgia Meloni appellent à la coopération européenne pour gérer cette crise.
Publié: 17.09.2023 à 13:31 heures
Un total de plus de 127'000 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes depuis le début de l'année.
Photo: CECILIA FABIANO

Ursula von der Leyen et Giorgia Meloni ont appelé dimanche à Lampedusa les partenaires européens de l'Italie à l'aider à gérer les flux migratoires en provenance de l'Afrique du Nord. Ils sont aussi appelés à accueillir une partie des migrants.

«C'est l'avenir que l'Europe veut se donner qui se joue ici car l'avenir de l'Europe dépend de sa capacité à affronter les grands défis», parmi lesquels l'immigration, a déclaré la cheffe du gouvernement italien devant la presse à Lampedusa où des dizaines de milliers de migrants arrivent chaque été.

Mme Meloni reproche à ses partenaires européens de manque de solidarité envers l'Italie, qui a accueilli sur son territoire près de 130'000 migrants depuis le début de l'année.

Un «défi européen»

La présidente de la Commission européenne lui a fait écho, estimant que «l'immigration irrégulière est un défi européen qui a besoin d'une réponse européenne» et appelant «les Etats membres à accueillir» sur une base volontaire des migrants débarqués en Italie.

Mme von der Leyen a également proposé un plan pour affronter l'urgence, consistant notamment à élargir la mobilisation de Frontex pour lutter contre les passeurs, accélérer l'aide financière à la Tunisie, principal pays de départ sur cette route migratoire, et à renforcer les «voies légales de l'immigration».

Les deux dirigeantes se sont retrouvées dimanche matin sur cette petite île méditerranéenne sous tension où des milliers de migrants sont arrivés cette semaine, relançant l'épineux débat sur le partage des responsabilités au sein de l'Union européenne.

Réactions parfois hostiles

Des habitants mécontents de ces arrivées massives ont accueilli les officiels à l'aéroport, menaçant de bloquer leur cortège. «Nous en avons assez que l'île serve de tribune» aux responsables politiques sans que leurs visites soient suivies d'effet, a lancé un pêcheur à Giorgia Meloni.

«Nous faisons tout notre possible», leur a répondu Mme Meloni, ajoutant: «Comme d'habitude, je prends personnellement la responsabilité».

Giorgia Meloni et Ursula von der Leyen ont visité le centre d'accueil puis le port où sont amarrées des dizaines d'embarcations de fortune sur lesquelles embarquent les candidats à l'exil.

Centre d'accueil surpeuplé

La Croix-Rouge italienne (CRI) qui gère le «hot spot» (centre d'accueil) de Lampedusa a indiqué dimanche que 1'500 migrants s'y trouvaient encore, pour une capacité de 400 personnes, leur transfert vers la Sicile et le continent ne compensant pas complètement les nouvelles arrivées.

Les grands navires des ONG, comme le Geo Barrents de Médecins sans frontières (MSF) qui a secouru près de 500 migrants dans le cadre de 11 opérations, sont dirigés vers de grands ports italiens.

Mais des dizaines de petites embarcations poursuivent leur traversée de la Méditerranée et arrivent directement à Lampedusa où le système de gestion des migrants s'est retrouvé au bord de l'asphyxie.

Une conférence téléphonique nécessaire

Entre lundi et mercredi, environ 8'500 personnes, soit plus que l'ensemble de la population de Lampedusa, sont arrivées à bord de 199 bateaux, selon les chiffres de l'agence des Nations unies pour les migrations.

Cette crise migratoire fait depuis trois jours l'objet d'une intense activité diplomatique. Une conférence téléphonique a réuni samedi les ministres de l'Intérieur français, italien et allemand, un représentant de la présidence espagnole du Conseil de l'UE et Mme Johansson.

La conférence a été proposée par le ministre français Gérald Darmanin, qui s'était déjà entretenu vendredi matin avec ses homologues italien, Matteo Piantedosi, et allemande, Nancy Faeser.

Renforcer la coopération européenne

M. Darmanin va se rendre en Italie «dans les prochains jours», ont convenu samedi Mme Meloni et le président Emmanuel Macron, promettant de «renforcer la coopération au niveau européen (...) pour trouver des solutions efficaces, immédiates et de plus long terme à cette crise», selon Paris.

Le président du Conseil européen Charles Michel a fait savoir dimanche que la question de l'immigration serait au menu de deux sommets prévus en octobre, et le chef de la diplomatie italienne, Antonio Tajani, a dit son intention de l'imposer à l'ordre du jour de l'Assemblée générale des Nations unies la semaine prochaine à New York.

Située à moins de 150 km du littoral tunisien, Lampedusa est l'un des premiers points d'escale pour les migrants qui franchissent la Méditerranée en espérant gagner l'Europe. Chaque année pendant l'été, ils sont des dizaines de milliers à prendre la mer sur des embarcations de fortune.

L'Italie subit une énorme pression migratoire

«La pression migratoire que l'Italie est en train de subir depuis le début de l'année est insoutenable», avait jugé vendredi Mme Meloni, qui est à la tête d'une coalition de droite et d'extrême droite.

Un total de plus de 127'000 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes depuis le début de l'année, près du double par rapport à la même période en 2022.

(ATS)

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