La multiplication des applications de messagerie commence à poser quelques soucis aux utilisateurs. Laquelle choisir quand on veut rester en contact avec ses collègues, ses amis et sa famille? Surtout quand chacun y va de sa petite préférence: certains ne jurent que par Signal ou Telegram, d'autres utilisent exclusivement Threema ou WhatsApp.
Et comme il n'existe aucun pont entre iMessage, WhatsApp, Signal et les autres applications, il faut souvent jongler d'une application à l'autre pour communiquer avec ses contacts.
Mais tout ça pourrait bientôt changer. WhatsApp prévoit en effet de lâcher une bombe dans l'univers des messageries...
Une nouvelle fonctionnalité en projet depuis deux ans
WhatsApp promet en effet à ses deux milliards d'utilisateurs qu'ils pourront bientôt recevoir des messages... d'autres messageries!
Concrètement, les messages des utilisateurs d'autres applications s'afficheront désormais dans une boîte de réception séparée dans Messenger. Le tout, sans affecter le cryptage de bout en bout: «C'est un défi de concilier l'interopérabilité et la protection des données, la sécurité et l'intégrité de WhatsApp», explique Dick Brouwer, directeur technique de WhatsApp Inc. Meta travaille sur cette nouvelle fonctionnalité depuis deux ans.
L'interopérabilité annoncée permettra dans un premier temps d'envoyer des messages texte, des images, des messages vocaux, des vidéos, et de transférer des fichiers.
En théorie, les utilisateurs pourront donc désormais discuter sur WhatsApp avec d'autres contacts sur des applications tierces comme iMessage, Telegram, Google Messages ou Signal, grâce à une fonction «opt-in» qui pourra être activée ou non par les utilisateurs, souligne Dick Brouwer.
Les entreprises de messagerie avec lesquelles WhatsApp pourraient interagir doivent toutefois signer un accord avec l'entreprise et accepter ses conditions.
Quelques questions restent en suspens
Enfin – et c'est là que ça risque de coincer –, Meta exige que les applications tierces s'adaptent au protocole de cryptage Signal, utilisé par WhatsApp. Meta prévoit d'autoriser d'autres protocoles de cryptage, à condition qu'ils répondent «aux normes de sécurité appropriées».
Par ailleurs, les applications devront se connecter aux serveurs de WhatsApp pour que des messages puissent être envoyés. Et là, pas sûr qu'elles acceptent.
D'autres questions sont également en suspens. Par exemple, on ne sait pas si cette nouvelle fonctionnalité sera déployée uniquement en Europe ou dans le monde entier. WhatsApp n'a pas donné de détails à ce sujet.
On ne sait pas non plus quelles entreprises prévoient de relier leurs services à WhatsApp. Sur les dix entreprises contactées – dont Telegram, Signal et Viber, Snap et Discord –, aucune n'a voulu commenter le projet.
Enfin, difficile de savoir pour l'instant si les utilisateurs tiers pourront être identifiables sur WhatsApp, car toutes les applications de messagerie n'affichent pas le numéro de téléphone de leurs usagers.
Threema, par exemple, n'utilise qu'un identifiant à huit chiffres. L'application confirme avoir été contactée par WhatsApp, mais le système proposé par Meta ne correspondait pas à leurs normes de sécurité et de protection des données: «Ce serait dangereux que nous ne sachions pas avec certitude ce qu'il advient des données de nos utilisateurs lorsqu'elles sont transmises à WhatsApp. Dans l'intérêt de nos utilisateurs, nous avons donc décidé de renoncer à l'interopérabilité avec WhatsApp», a déclaré Julia Weiss, porte-parole de Threema.
