Loukachenko, qui était à Moscou jeudi pour un sommet régional, n'était pas en mesure d'indiquer si les armes en question étaient déjà dans son pays, mais a expliqué que son homologue russe Vladimir Poutine, qui avait brandi cette menace en mars, lui avait dit la veille avoir signé le décret permettant le transfert.
«Le transfert des charges nucléaires a commencé», a déclaré le Bélarusse dans une vidéo diffusée sur Telegram. La Russie de son côté n'a fait dans l'immédiat aucun commentaire.
Une menace «pour toute l'Europe»
Le président russe avait annoncé le 25 mars que Moscou allait déployer des armes nucléaires «tactiques» sur le territoire du Bélarus, un pays également frontalier de la Pologne, de la Lituanie et de l'Ukraine, nourrissant la crainte d'une d'escalade du conflit en cours dans ce dernier pays.
L'annonce avait été dénoncée à hauts cris par la communauté internationale, les Occidentaux en particulier, d'autant que le dirigeant russe a depuis le début de son assaut contre son voisin ukrainien en février 2022 évoqué la possibilité d'un recours à l'arme atomique.
L'opposante en exil Svetalana Tikhanovskaïa a dénoncé jeudi sur Twitter une menace «pour toute l'Europe». «Lorsqu'on parle d'armes nucléaires tactiques, la plupart sont aussi puissantes que celle qui a tué 140'000 personnes à Hiroshima», a-t-elle ajouté.
Pendant que Bakhmout saigne
Sur le terrain en Ukraine, le groupe paramilitaire Wagner a commencé le transfert à l'armée régulière russe de ses positions dans la ville dévastée de Bakhmout (est). Cette opération se déroule à un moment où l'armée russe est dans une situation délicate, ayant perdu selon les Ukrainiens 20 kilomètres carrés au nord et au sud.
«Nous sommes en train de retirer les unités de Bakhmout aujourd'hui. D'ici au 1er juin, la majeure partie se réinstallera dans des bases de l'arrière», déclare le patron de Wagner, Evguéni Prigojine, dans une vidéo diffusée sur Telegram.
Une vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, a confirmé que les hommes de Wagner avaient laissé leurs positions aux troupes régulières russes «dans la périphérie de Bakhmout». Elle a ajouté que les forces ukrainiennes gardaient un pied dans le sud-ouest de cette ville industrielle qui a été le théâtre de la bataille la plus longue et la plus meurtrière de l'offensive russe.
Prigojine a évalué mercredi le nombre de morts dans les rangs de son groupe à 10'000 détenus recrutés dans les prisons russes et à une proportion similaire, non chiffrée précisément, de ses combattants professionnels.
Attaques aériennes
L'Ukraine dit miser sur sa percée autour de cette cité pour parvenir à son «encerclement tactique». «L'ennemi (russe) essaye de stopper notre avance sur les flancs par des tirs d'artillerie. Il est en train de renforcer les flancs avec des unités supplémentaires», a affirmé jeudi Mme Maliar.
L'armée de l'air ukrainienne a de son côté signalé au cours de la nuit une nouvelle attaque russe de 36 drones Shahed de fabrication iranienne sur le sud du pays, qui ont tous été détruits. La Russie «continue de terroriser l'Ukraine» avec ses attaques nocturnes, a dénoncé le président Volodymyr Zelensky sur Telegram.
Les autorités russes de la péninsule de Crimée, annexée en 2014 par Moscou, ont pour leur part dit avoir abattu six drones ukrainiens au cours de la nuit.
L'armée russe a par ailleurs indiqué avoir envoyé des avions de chasse pour empêcher selon elle deux bombardiers stratégiques américains de violer sa frontière au-dessus de la mer Baltique, pour la deuxième fois cette semaine.
L'Ukraine progresse
En Russie même, les autorités ont été confrontées lundi et mardi à la plus importante incursion armée de la part d'un groupe de combattants en provenance d'Ukraine depuis le début du conflit.
L'une des deux organisations qui ont revendiqué, la légion «Liberté de la Russie», considérée comme «terroriste» par Moscou, a déclaré mercredi soir sur Telegram avoir eu deux tués et 10 blessés dans ses rangs au cours de cette incursion. Moscou avait affirmé avoir tué «plus de 70» assaillants.
Pressions répétitives envers la Chine
Sur le plan diplomatique, l'Union européenne a demandé jeudi à la Chine d'user de son influence sur la Russie pour qu'elle retire ses troupes d'Ukraine.
L'émissaire de Pékin Li Hui a été reçu à Bruxelles par Enrique Mora, bras droit du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, avant de se rendre vendredi à Moscou.
«L'UE attend de la Chine, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, qu'elle travaille au retrait immédiat et sans conditions de toutes les forces et de tous les équipements militaires russes de l'ensemble du territoire ukrainien», a souligné un communiqué de la diplomatie de l'UE.
A Paris, une vingtaine de représentants de l'opposition russe en exil se sont pour leur part réunis mercredi pour parler «dépoutinisation» du pays, avec comme préalable une défaite des forces de Moscou en Ukraine.
(ATS)