Un avertissement: cet article risque d’être anxiogène, surtout si vous souhaitez avoir des enfants, des petits-enfants ou des arrière-petits-enfants. Nous vous invitons néanmoins à le lire entièrement: il y a de la lumière au bout du tunnel, promis.
La catastrophe négligée: l’infertilité
Le changement climatique, la sixième extinction de masse et la dégradation progressive de l’environnement seraient suffisants pour nous faire craindre le pire pour l’avenir. Mais il existe, selon des experts renommés, une autre catastrophe qui menace le futur de l’humanité. Une catastrophe rampante, encore moins visible que l’extinction des insectes: l’infertilité.
Ce fléau est exposé dans le livre du docteur Shannah Swan intitulé «Count Down», publié le 10 août. L’épidémiologiste et statisticienne new-yorkaise est professeure à la Icahn School of Medicine de New York, une institution classée parmi les vingt meilleurs établissements de recherche aux États-Unis. Elle est spécialisée dans la recherche des influences environnementales sur la reproduction et est considérée comme l’une des principales expertes mondiales en la matière.
Shannah Swan présente des chiffres effrayants dans «Count Down»: depuis les années 1970, le nombre moyen de spermatozoïdes des hommes a diminué de 52,4%. Mais ce n’est pas seulement le nombre de spermatozoïdes qui a diminué, mais aussi la vitalité (le nombre de spermatozoïdes vivants), la motilité (si les spermatozoïdes bougent correctement) et la morphologie (le développement des spermatozoïdes, comme la taille et la forme appropriée). Dans toutes ces catégories, la qualité du sperme s’est détériorée, à tel point que même les grandes banques de sperme comme l’américaine Fairfax Cryobank tirent la sonnette d’alarme.
La plus grande banque de sperme mondiale a pu augmenter son offre grâce à d’intenses efforts de recrutement, mais observe que le nombre de spermatozoïdes par donneur diminue sensiblement. Depuis 2006, rapporte un employé, le nombre d’éprouvettes pouvant être remplies par un seul donneur a diminué de moitié.
Baisse du nombre de spermatozoïdes dans le monde occidental et en Chine
Le tableau n’est pas si différent en Europe qu’aux États-Unis. Le sperme de six jeunes hommes sur dix n’atteint pas les valeurs normales, un couple sur cinq n’arrive pas à procréer. Une enquête auprès de la clinique d’insémination artificielle OVA IVF de Zurich le confirme également. Peter Fehr, spécialiste en gynécologie obstétrique et en médecine de la reproduction, constate «une nette diminution de la qualité et de la quantité de sperme.» Les valeurs standards pour les examens du sperme ont été d’ailleurs considérablement abaissées par l’OMS au cours des 30 dernières années. En conséquence, on accepte aujourd’hui comme donneurs de sperme des hommes qui, il y a quelques années, n’auraient pas atteint les critères de l’époque.
Le problème ne touche pas seulement les États-Unis et la Suisse, mais l’ensemble du monde occidental, des États-Unis, à l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Europe. Selon les études, le nombre de spermatozoïdes par millilitre est également en baisse en Chine depuis 2009 (il est passé de 62 millions par millilitre en 2009 à 32 millilitres en 2019).
Les données manquent pour le reste du monde. Les chiffres démographiques montrent néanmoins que la fécondité a également fortement baissé en Russie, tout comme dans des pays asiatiques développés comme Taïwan. Même en Inde, les taux de natalité stagnent. Les régions du monde où les femmes donnent encore souvent naissance à beaucoup plus d’un ou deux enfants sont l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie du Sud-Est. La chercheuse américaine Shannah Swan en tire une conclusion radicale: si les choses continuent ainsi (d’un point de vue purement spéculatif), notre fertilité naturelle s’arrêtera complètement vers 2050.
Un monde sans enfant, c’est ce qu’imagine le film dystopique d’Alfonso Cuarón «Children of Men» (2006):
L’insémination artificielle: un luxe pour personnes aisées
On serait tenté de se dire de prime abord que ce n’est, somme toute, pas une si mauvaise chose. La surpopulation est une terreur récurrente de l’humanité et la consommation de ressources par notre espèce de plus en plus invasive est en grande partie responsable du dérèglement climatique. Les plus cyniques se réjouiront donc de notre faible taux de natalité.
Cette réjouissance est toutefois mal placée, et ce pour trois raisons:
- Une société trop âgée avec un taux de natalité en baisse n’est généralement pas une société saine. La prévoyance vieillesse et les pensions ne sont pas assurées, il y a moins de personnes actives, donc moins d’argent disponible dans l’investissement, le développement, choses dont nous avons urgemment besoin pour faire face aux changements climatiques.
- L’insémination artificielle prend de plus en plus d’importance dans des sociétés au taux de natalité bas. Cette technologie n’est souvent pas prise en charge par l’assurance maladie (du moins pas en Suisse) et reste souvent réservée aux personnes aisées. Il se créerait donc une société à deux vitesses, ce qui pose son lot de considérations éthiques et eugéniques. L’insémination artificielle a également des effets néfastes exposés plus bas dans cet article (accrochez-vous!)
- La baisse de fécondité dans de vastes régions de notre planète ne se limite pas aux hommes.
Des scientifiques qui nous promettent l’apocalypse, il y en a beaucoup ces derniers temps, et attirent sur eux de multiples détracteurs. Si les conclusions du GIEC sur le climat ne sont plus remises en doute que par une minorité de scientifiques, des études comme celles de Shannah Swan sont décortiquées par des pairs sérieux, qui soulignent par exemple la difficulté d’obtenir des données réellement fiables ou de faire des projections futures.
Les méthodes d’analyse du sperme par le passé ne répondraient, par exemple, pas aux normes scientifiques actuelles. Ce qui est incontestable, en revanche, ce sont les observations concrètes des banques de sperme, qui pour un donneur vendent de moins en moins d’éprouvettes à des femmes ou des couples désireux de procréer.
Les toxines environnementales affectent nos hormones
Reste la question du pourquoi. Shannah Swan explique la baisse de fertilité par le dérèglement hormonal induit par des substances hormono-actives et des produits chimiques.
Les retardateurs de flamme qui se trouvent dans nos canapés ou dans l’isolation de nos toits, les plastifiants dans les jouets de nos enfants, les pesticides pulvérisés sur nos aliments ou qui polluent nos nappes phréatiques, les résidus de la pilule contraceptive qui ne sont que partiellement filtrés par nos stations d’épuration…
Nous nous enduisons le visage de maquillage ou de mousse à raser contenant des substances inconnues, nous buvons des boissons provenant de bouteilles en plastique ou de cartons enduits de plastique. Notre nourriture est emballée sous film plastique, avec des feuilles d’aluminium. Et beaucoup de ces substances ont un effet sur les hormones, interfèrent avec notre métabolisme et donc aussi avec le développement des spermatozoïdes et des ovules.
L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) constate ce genre de problèmes et a lancé une étude sanitaire à grande échelle afin de déterminer plus précisément quelles substances pénètrent dans notre corps et en quelles quantités. L’objectif de l’étude est d’examiner l’influence de l’environnement, des produits chimiques, du mode de vie, des maladies infectieuses et des caractéristiques personnelles sur la santé et les maladies les plus courantes. L’étude sera menée à l’échelle nationale à partir de 2023. 100’000 résidents suisses seront interrogés sur leurs habitudes de vie et leur santé au moyen de questionnaires. Un projet pilote est déjà en cours depuis début 2020, dans lequel sont testées des méthodes qui seront ensuite utilisées dans la grande étude nationale.
Nous mangeons et buvons du plastique
Une autre étude de 2019 de l’université de Francfort a par ailleurs découvert près d’un millier de composés chimiques potentiellement dangereux qui étaient auparavant inconnus, après avoir examiné 34 produits d’emballage en plastique, dont des pots de yaourt, des sacs en plastique, des bouteilles de boisson et des flacons de shampoing.
Trois produits sur quatre contenaient des composés nocifs. Ces composés chimiques sont partout et restent parfois non détectés lors de la mise sur le marché, y compris en Suisse.
Gregor McCombie, du laboratoire cantonal de Zurich, teste les aliments et les emballages et confirme au magazine économique «Higgs»: «Environ 100’000 substances inconnues peuvent migrer dans les aliments. Toutefois, seuls dix pour cent d’entre elles environ figurent sur les listes de contenu.» En outre, seule une fraction est réglementée et contrôlée par l’UE. Le chercheur dit clairement: «L’industrie devrait faire plus d’efforts pour trouver et identifier ces substances inconnues dans ses produits. Ce n’est qu’alors qu’il sera possible d’évaluer si ces substances dépassent effectivement certaines limites et si elles posent un problème de santé.»
Une des difficultés est de déterminer si ces composés se retrouvent dans nos aliments. En effet, avec plus d’un millier de composants, il n’est guère possible de les tester tous. D’autant plus que le transfert du film aux aliments ou aux boissons change sous l’effet de diverses influences telles que le stockage, la durée de conservation ou la température.
Les grands distributeurs réagissent – mais lentement
Face au risque sanitaire, comment les coopératives Coop et Migros réduisent-elles les dangers potentiels que représentent les emballages? Interrogée, Coop répond que le grossiste a pour objectif de réduire le plastique de vingt pour cent d’ici 2026 et d’utiliser des alternatives écologiques telles que des filets en cellulose (fibres de bois) ou du carton en fibre d’herbe. La société souhaite également élargir sa gamme de produits non emballés et teste actuellement des stations où l’on peut remplir directement aliments ou détergents en vrac. Par ailleurs, il est déjà possible d’apporter ses propres récipients au comptoir de la viande et du commerce de la Coop.
Migros s’efforce également de réduire ses emballages et propose des stations en vrac dans certains magasins. Migros estime que les matières plastiques telles que le PET, le PE et le PP sont totalement inoffensives en tant qu’emballage, et que le plastique n’est nuisible que s’il pénètre dans l’environnement et n’est pas éliminé correctement.
Une théorie toutefois battue en brèche par la fondation Ökotest en 2018 et une étude de l’Institut Fraunhofer en 2020. Les deux études ont trouvé à la fois des substances hormono-actives et des microplastiques dans des boissons conservées dans des bouteilles en PET, qui respectent pourtant les limites fixées par l’UE. Les avis scientifiques divergent quant à la pertinence de ces limites. D’autant plus que les efforts des grands distributeurs restent plus que timides.
Pourquoi l’insémination artificielle n’est pas une bonne solution à long terme
On pourrait penser que tant qu’il y aura des spermatozoïdes, l’humanité ne s’éteindra pas de sitôt. Il suffit d’un ovule et d’un spermatozoïde, et la voie médicale peut aider les couples infertiles, notamment avec la méthode dite ICSI. L’ICSI (Intracytoplasmic Sperm Injection) signifie qu’un seul spermatozoïde est activement inséré dans l’ovule en laboratoire. Elle diffère de la méthode traditionnelle de la fivette, dans laquelle l’ovule est combiné avec divers spermatozoïdes dans une éprouvette. La nouvelle méthode a un taux de réussite plus élevé, mais ne tient pas compte de la sélection naturelle.
Dans une fécondation naturelle, un spermatozoïde l’emporte sur des millions d’autres. Le médecin zurichois Peter Fehr n’utilise la méthode d’ICSI qu'en dernier recours. «Les conséquences de passer outre la sélection naturelle ne sont pas encore claires», déclare cet expert en médecine reproductive. C’est pourquoi il renonce à utiliser la méthode ICSI s’il y a suffisamment de spermatozoïdes sains, d’autant plus que la méthode de la fivette est moins invasive et comporte elle aussi son lot de questions non élucidées sur les conséquences à long terme de son utilisation.
Diverses études menées ces dernières années ont en effet confirmé une augmentation potentielle des dommages subis par les enfants nés par FIV depuis les années 1980. Ils ont un risque plus élevé de développer des maladies cardiovasculaires, ont une pression artérielle généralement plus élevée et, selon une étude norvégienne de 2014, un risque légèrement plus accru de développer une maladie mentale comme la schizophrénie, le TDAH ou l’autisme.
Les causes sont souvent obscures et également difficiles à déterminer, selon Peter Fehr: «Il est difficile d’étudier si cela est dû au fait que les spermatozoïdes et les ovules sont restés hors du corps pendant un certain temps ou si cela est dû aux ovules et aux spermatozoïdes en question eux-mêmes». Cela pourrait également être dû au fait que les parents qui ont recours à la fivette sont statistiquement beaucoup plus âgés que la population générale, ce qui est un facteur de risque en lui-même.
L’incertitude plane également sur les conséquences à long terme de la fécondation artificielle sur les générations suivantes. Le domaine de l’épigénétique examine, entre autres, comment les traumatismes d’une génération affectent la suivante et celle d’après. Dans les études sur les souris, le stress se traduit encore trois générations plus tard par un changement de comportement et une modification des taux sanguins.
Une lueur d’espoir
Si nous sommes entourés de divers produits chimiques inconnus dans les emballages, l’eau potable, les isolants et les meubles, et que l’insémination artificielle pourrait éventuellement nuire aux futurs enfants, que pouvons-nous faire? Beaucoup de choses, disent Peter Fehr et Shannah Swan. La situation n’est pas désespérée. (Voici la lumière au bout du tunnel dont nous vous parlions, bravo pour votre persévérance!)
Les spermatozoïdes se renouvellent tous les 66 jours. Il y a beaucoup de choses que vous pouvez faire pour améliorer la qualité du sperme et réduire la concentration de produits chimiques dans votre corps. Certains des conseils nutritionnels vous seront familiers, d’autres sont relativement nouveaux. Vous trouverez dans l’encadré plus bas les conseils de Shannah Swan, que l’expert en fertilité Peter Fehr soutient d’ailleurs complètement: «Chaque future mère, chaque futur père devrait lire ce livre. Toute prévention est une aide précieuse.»
Dans la cuisine
Achetez systématiquement des aliments biologiques et cuisinez avec des aliments frais au lieu de réchauffer des produits prêts à l'emploi emballés dans du plastique ou d'utiliser des conserves.
Les récipients de stockage des aliments doivent être en verre, en métal ou en céramique. Le plastique n'a pas sa place dans le micro-ondes.
Utilisez des casseroles en fonte ou en acier inoxydable, sans revêtement anti-adhésif.
Achetez de l'eau minérale en bouteille de verre, y compris pour la route ou la randonnée.
Si vous voulez aller plus loin, filtrez l'eau potable à travers un filtre à charbon actif.
Dans le ménage
Divers produits de nettoyage contiennent des substances toxiques et doivent être jetés. En revanche, tout ce qui porte la mention «100% biodégradable» est acceptable.
En faisant souvent la poussière et en passant l'aspirateur une fois par semaine, vous réduisez la quantité de poussière domestique dans l'air. La poussière domestique contient de nombreux composés plastiques provenant des fibres des vêtements ou des résidus de retardateurs de flamme provenant des tapis et des canapés.
Dans l'armoire, les sachets de lavande sont tout aussi efficaces contre les mites que les boules antimites.
Les sols en bois et les carrelages sont préférables aux moquettes.
Lorsque vous achetez de nouveaux meubles, assurez-vous qu'ils sont en bois massif (pas en aggloméré) et qu'ils ne sont pas traités avec des retardateurs de flamme. Lorsque vous achetez un matelas, recherchez des ingrédients naturels et choisissez une housse de matelas en coton biologique.
Dans la salle de bains
Pour les cosmétiques, il est intéressant de se rendre dans un magasin de produits bio pour acheter des produits dans des bouteilles en verre.
Les rideaux de douche en PVC contiennent des plastifiants nocifs.
Dans la chambre des enfants
Pas de jouets en plastique souple.
Dans la cuisine
Achetez systématiquement des aliments biologiques et cuisinez avec des aliments frais au lieu de réchauffer des produits prêts à l'emploi emballés dans du plastique ou d'utiliser des conserves.
Les récipients de stockage des aliments doivent être en verre, en métal ou en céramique. Le plastique n'a pas sa place dans le micro-ondes.
Utilisez des casseroles en fonte ou en acier inoxydable, sans revêtement anti-adhésif.
Achetez de l'eau minérale en bouteille de verre, y compris pour la route ou la randonnée.
Si vous voulez aller plus loin, filtrez l'eau potable à travers un filtre à charbon actif.
Dans le ménage
Divers produits de nettoyage contiennent des substances toxiques et doivent être jetés. En revanche, tout ce qui porte la mention «100% biodégradable» est acceptable.
En faisant souvent la poussière et en passant l'aspirateur une fois par semaine, vous réduisez la quantité de poussière domestique dans l'air. La poussière domestique contient de nombreux composés plastiques provenant des fibres des vêtements ou des résidus de retardateurs de flamme provenant des tapis et des canapés.
Dans l'armoire, les sachets de lavande sont tout aussi efficaces contre les mites que les boules antimites.
Les sols en bois et les carrelages sont préférables aux moquettes.
Lorsque vous achetez de nouveaux meubles, assurez-vous qu'ils sont en bois massif (pas en aggloméré) et qu'ils ne sont pas traités avec des retardateurs de flamme. Lorsque vous achetez un matelas, recherchez des ingrédients naturels et choisissez une housse de matelas en coton biologique.
Dans la salle de bains
Pour les cosmétiques, il est intéressant de se rendre dans un magasin de produits bio pour acheter des produits dans des bouteilles en verre.
Les rideaux de douche en PVC contiennent des plastifiants nocifs.
Dans la chambre des enfants
Pas de jouets en plastique souple.