Massacres, tortures, pillages
«J'ai vu la mort partout»: les mercenaires de Wagner sèment la terreur au Mali

Au Mali, l'entreprise de terreur menée par les mercenaires russes de Wagner s'intensifie. Massacres et villages réduits en cendres, les civils sont les premières victimes.
Publié: 12.03.2025 à 06:01 heures
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Dernière mise à jour: 12.03.2025 à 06:56 heures
Des mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner au Mali.
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Solène MonneyJournaliste Blick

«J'ai vu la mort partout», confie au «Washington Post» mardi 11 mars, Kossi ag Mohamed, berger de 31 ans ayant fui son village pour trouver refuge à Tombouctou. Chaque jour, des familles maliennes déplacées en Mauritanie livrent des récits glaçants: des femmes agressées, des civils massacrés, des villages réduits en cendres. Tous accusent les mercenaires russes de Wagner.

Arrivé au Mali fin 2021, ce groupe paramilitaire, lié au Kremlin, s’est allié à la junte militaire qui a pris le pouvoir par un coup d’Etat en 2020. Après la mort de son fondateur, Evgueni Prigojine, en août 2023, on croyait Wagner affaibli. Mais cette force fantôme continue d’opérer, alimentant l’influence de Moscou en Afrique de l’Ouest et finançant la machine de guerre russe.

Officiellement, le partenariat entre Bamako et Wagner vise à lutter contre les séparatistes touaregs et les groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique. En réalité, ce sont les civils qui paient le prix le plus lourd.

«Ils tuent sans discernement»

«Ils voient un convoi de véhicules de transport ou de personnes faisant des affaires, et ils attaquent. Ils tuent hommes, femmes et enfants. Puis ils pillent les biens.», détaille Héni Nsaibia, analyste au sein du Projet de données sur les lieux et les événements des conflits armés (ACLED). Il ajoute: «Ils tuent sans discernement.»

Les vidéos de Kossi ag Mohamed témoignent de l'atrocité et de la stratégie de terre brûlée de Wagner. Dans les séquences, des cadavres ensanglantés gisant au sol, des hommes décapités, des corps calcinés de femmes et d'enfants dans les cendres des maisons incendiées. «C'est la mort qui m'a fait fuir», murmure le berger de 31 ans, le regard vide, hanté par les horreurs qu’il a vues.

Si l’armée malienne était déjà critiquée pour ses violations des droits humains, l’arrivée des mercenaires russes a marqué un tournant. Enlèvements, tortures, exécutions sommaires: Wagner appliquerait des tactiques de guerre sale. L'année dernière, plus de 900 civils ont été tués dans des attaques impliquant les paramilitaires russes, selon ACLED.

L'aubaine de Moscou

Avec environ 1500 hommes sur place, Wagner est une aubaine pour le Kremlin, qui contourne ainsi les sanctions liées à la guerre en Ukraine. Le Mali verse près de 10 millions de dollars par mois pour les services des paramilitaires. La Russie s'est également vu attribuer des concessions dans plusieurs mines d'or.

Face à cette terreur, les Maliens fuient en masse. Le camp de réfugiés de Mbera, en Mauritanie, a vu sa population tripler en un an, atteignant 150'000 personnes en 2024. Mais même de l’autre côté de la frontière, le danger demeure. Les mercenaires de Wagner ne s’arrêtent pas aux limites du Mali.

Mais selon plusieurs témoignages recueillis sur place, ce ne sont pas les groupes islamistes que les réfugiés fuient aujourd’hui, mais bien l’armée malienne et ses alliés russes. Pour les réfugiés maliens, il ne reste qu’une seule certitude: ils ne sont en sécurité nulle part.

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