Mais défend sa position
La Maison Blanche reconnaît un «raté» en Afghanistan

Les Etats-Unis ont admis ce vendredi un raté sur la manière dont les services de renseignement ont procédé lors du retrait des troupes américaines d'Afghanistan. Mais ils en sont tout de même défendus.
Publié: 07.04.2023 à 10:57 heures
John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, un organe directement rattaché à Joe Biden, a reconnu que la Maison Banche n'avait pas anticipé la victoire éclair des Talibans.
Photo: keystone-sda.ch

La Maison Blanche a admis jeudi un raté des services de renseignement, mais défendu globalement la décision et l'exécution du retrait d'Afghanistan, seul «scénario» envisageable.

Le président américain Joe Biden a transmis jeudi au Congrès les documents classifiés relatifs au retrait d'Afghanistan, réclamés de longue date en particulier par les républicains, et la Maison Blanche a profité de l'occasion pour justifier cette décision qui a mis fin, en août 2021, à la plus longue guerre de l'Amérique.

«Aucune autre issue»

Dans un document résumant la manière dont ce retrait a été conçu et exécuté, l'exécutif américain conclut qu'il n'y avait pas d'autre «scénario» envisageable.

«En fin de compte, après plus de 20 ans, plus de 2000 milliards de dollars dépensés et l'organisation d'une armée afghane de 300'000 militaires, la vitesse et la facilité avec laquelle les talibans ont pris le contrôle de l'Afghanistan suggèrent qu'il n'y avait pas d'autre scénario qui aurait pu changer la trajectoire, à l'exception d'une présence militaire américaine permanente et nettement renforcée», selon ce compte-rendu distribué à la presse.

Les talibans ont repris le pouvoir avant même que le dernier soldat américain ne soit parti, et John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, un organe directement rattaché à Joe Biden, a reconnu que la Maison Banche n'avait pas anticipé cette victoire éclair, ni la désaffection massive de l'armée et des autorités afghanes.

Mea culpa

«Il est clair que nous nous sommes trompés» en termes de renseignement, a-t-il dit lors d'un briefing, ajoutant que Washington n'avait pas non plus «pris la pleine mesure du degré de corruption parmi les officiers» afghans.

«Mettre fin à une guerre, quelle qu'elle soit, n'est pas chose facile, sûrement pas après 20 ans», a-t-il toutefois souligné, ajoutant: «Cela ne veut pas dire que ce n'était pas la peine.»

Un retrait américain d'Afghanistan «a toujours été l'intention du président» Biden, a rappelé le porte-parole. Le démocrate a plusieurs fois expliqué que l'armée américaine, ayant mené à bien sa mission initiale qui était de contrer la menace terroriste en Afghanistan, devait redéployer ses forces pour faire face à d'autres menaces.

Reproches à Donald Trump

La Maison Blanche a en revanche chargé l'ancien président républicain Donald Trump: «Il est aussi indéniable que les décisions prises par l'administration précédente et l'absence totale de préparation ont nettement limité les options possibles.»

Donald Trump a vivement critiqué cette déclaration, accusant des «imbéciles à la Maison Blanche» de lui faire porter la responsabilité pour ce «désastre».

«Biden est responsable, personne d'autre!», a-t-il affirmé sur son réseau Truth Social.

John Kirby a par ailleurs vanté l'ampleur et la rapidité de l'opération d'évacuation conduite par les Américains, qui ont sorti plus de 120'000 personnes d'Afghanistan en quelques jours, par des rotations aériennes.

«Ce chaos dont on parle, moi je ne l'ai pas vu», a même déclaré le porte-parole.

Une impression de chaos

La Maison Blanche, sans aller jusqu'à reconnaître ouvertement une erreur, assure néanmoins dans le document diffusé jeudi que Washington «donne désormais la priorité à des évacuations plus précoces», en donnant l'exemple notamment de l'évacuation des diplomates américains d'Ukraine.

Il n'en reste pas moins que ce retrait historique a laissé, quoiqu'en dise John Kirby, une impression de chaos, aux Etats-Unis et au-delà.

Les images de l'aéroport de Kaboul entouré d'une foule tentant à tout prix d'embarquer dans les avions en partance ont fait le tour du monde.

Et l'Amérique a été bouleversée par la mort de 13 soldats américains dans un attentat revendiqué par le groupe Etat islamique et qui avait aussi tué 170 Afghans le 26 août près de l'aéroport.

Le 30 août 2021, une minute avant minuit, le dernier soldat américain s'était envolé de l'aéroport de la capitale afghane avec 24 heures d'avance sur la date butoir fixée par le président américain pour le retrait des troupes du pays.

(AFP)

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