«Mais comment m'avez-vous retrouvé? Cela fait dix ans que je n'ai même pas appelé ma famille!» Les premiers mots de Gioacchino Gammino, interloqué après avoir été arrêté par la police à Galapagar, près de Madrid, montrent à quel point l'Italien pensait avoir définitivement semé les autorités de son pays d'origine.
L'ancien «capo» de la mafia sicilienne avait disparu des radars depuis vingt ans, lorsqu'il avait profité du tournage d'un film pour s'évader de la prison de Rebibbia, à Rome, où il purgeait une peine pour meurtre, notamment. Condamné par contumace — en son absence — à l'emprisonnement à perpétuité, Gioacchino Gammino avait totalement refait sa vie.
Un restaurant, un commerce et un salon de coiffure
Le fugitif s'était réfugié non loin d'une autre capitale: il vivait à Galapagar, petite ville de 25'000 habitants au nord de Madrid, où il s'est renommé Manu et s'est marié. Devenu chef cuisinier, il était propriétaire d'un commerce de fruits et légumes, «El Huerto de Manu» (le jardin de Manu) et d'un restaurant, comme le relate «The Guardian».
C'est sur la page Facebook de son établissement «La cocina de Manu» (la cuisine de Manu) que les enquêteurs ont pu trouver une photo de «Manu» et confirmer leurs soupçons: c'est bien Gioacchino Gammino qui proposait de la cuisine... sicilienne à ses clients. Devenu un vrai chef d'entreprise, l'ancien ponte de la mafia gérait aussi un salon de coiffure.
En train de discuter
Déjà rocambolesque, l'histoire prend une tournure insolite lorsque l'on apprend comment la police a mis fin à deux décennies de cavale du fugitif. «Nous vous avons retrouvé sur Street View!», a fanfaronné un policier. L’outil de Google montre le sexagénaire devant sa boutique en train de discuter.
Son visage est flou, mais cela a suffi pour confirmer les hypothèses des enquêteurs. «Ce n’est pas comme si nous passions nos journées sur Google Maps pour trouver des fugitifs, a tempéré le procureur de Palerme Francesco Lo Voi, interrogé par le quotidien britannique. De longues recherches nous ont conduit en Espagne, Google Maps a permis de faire le dernier pas.» (asc)