Il y a 10 ans, il était l'un des membres les populaires de la famille royale. Désormais installé en Californie, le prince Harry fête dimanche ses 40 ans, impopulaire auprès des Britanniques et coupé de sa famille. «Il est complètement isolé et il va le rester. Toute suggestion d'un retour même avec un rôle mineur au sein de la monarchie me parait complètement irréaliste», juge auprès de l'AFP Pauline MacLaran, professeure à l'Université Royal Holloway.
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«La confiance est rompue», complète le commentateur royal Richard Fitzwilliams. «Ils ne lui font pas confiance et sans confiance, rien n'est possible». Les liens entre le duc de Sussex et «la firme» (le surnom attribué à la famille royale) se sont distendus en 2020 lorsque sa femme Meghan et lui ont renoncé à leurs obligations royales et emménagé en Californie.
Coupé de sa famille
La suite? Une interview explosive du couple à l'Américaine Oprah Winfrey au cours de laquelle ils ont révélé qu'un membre de la famille royale s'était interrogé, lorsque Meghan était enceinte, sur la couleur de peau qu'aurait leur fils Archie, et une mini-série Netflix très critique fin 2022. Le coup de grâce est venu début 2023 avec la publication par le prince Harry de «Spare» (le Suppléant), autobiographie sans concession et sans filtre.
Le livre, énorme succès de librairie traduit en 16 langues, qui doit sortir en format poche fin octobre, a été perçu comme une attaque en règle contre l'institution qui l'a vu naître et contre ses proches. Harry y cible son frère William, devenu son «meilleur ennemi», la reine Camilla, sa belle-soeur Kate, adorée des Britanniques, ou encore son père, le roi Charles III. «S'il avait été possible d'arranger les choses, cela aurait déjà été fait», estime auprès de l'AFP Mark Garnett, professeur à l'université de Lancaster.
En février, Harry assurait pourtant à la chaine américaine ABC être «sûr» que le cancer de son père pouvait réunir la famille royale. Quelques jours plus tôt, il avait sauté, seul, dans un avion pour lui rendre une brève visite à Londres. «Je crois qu'il est très naïf sur les dommages qu'il a causés à sa famille», analyse Pauline MacLaran.
Tabloïds impitoyables
Selon elle, si le roi peut envisager de renouer avec son fils, le prince William ne serait pas sur cette ligne. «Je ne vois pas de réconciliation dans un avenir proche», abonde le commentateur royal Robert Jobson, qui compare les deux frères à «deux cerfs dont les bois sont irrémédiablement enchevêtrés». La dernière apparition publique commune des deux princes remonte à septembre 2022, pour l'enterrement de la reine Elizabeth II.
Les tabloïds britanniques, que le prince Harry a vivement critiqués, sont impitoyables envers le couple. Dans les sondages sur la famille royale, le duc et la duchesse de Sussex se retrouvent désormais en queue du classement, aux côtés du prince Andrew, mis à l'écart de la vie publique après un scandale sexuel. Pour autant, le père d'Archie et Lilibet n'est pas sans projet. Parmi eux, la préparation et promotion des Jeux Invictus, l'événement sportif qu'il a fondé pour les vétérans de guerre, dont la prochaine édition est prévue au Canada en février 2025.
Le duc et son épouse viennent aussi de boucler une mini-tournée en Colombie. Si les tournées royales sont «des outils au service de la diplomatie britannique», celles du couple californien sont «une façon de peaufiner leur image de marque», assure Pauline MacLaran. Colombie, Nigéria... le couple y met en avant ses idées sur l'égalité homme-femme et contre les discrimminations raciales.
Par-dessus tout, souligne Pauline MacLaran, ces voyages sont une façon d'occuper l'espace public. «Après tout, la seule chose qui les distingue des autres célébrités ce sont leurs titres royaux».