La vague féministe a-t-elle réellement rebattu les cartes dans les rapports hommes-femmes? Pas pour tout le monde. En Suède, un grand débat sur l'image moderne de la femme vient d'être lancé, comme le montre le «SonntagsZeitung». Vilma Larsson est le fer de lance de ce que l'on appelle les «soft girls», ces femmes qui décident de vivre au bras d'un homme riche et reprennent volontiers ce rôle archaïque: être aux petits soins de son mari et s'occuper des enfants, de la cuisine et du ménage.
Sur les réseaux sociaux, elles se présentent pourtant comme des femmes progressistes: elles aspirent à une vie de bien-être, sans stress pour elles ou leurs familles, et souhaitent consacrer leur temps à diverses activités sportives ou créatives qu'elles n'auraient sans doute pas le temps de faire si elles étaient à 100% en CDI. Ce que de nombreuses femmes critiquent durement et ce que de plusieurs experts n'hésitent pas à qualifier de «féminisme réactionnaire».
Pourquoi se battre si rien ne change?
Le «SonntagsZeitung» cite la chercheuse en genre Jilly Kay, qui parvient à expliquer ce paradoxe. «De nombreuses jeunes femmes ont vu leurs mères continuer à assumer la responsabilité principale du ménage et de la famille tout en menant une activité professionnelle. Résultat? Des mamans épuisées et un bilan de la répartition des tâches particulièrement mauvais.» De plus, on le sait, les femmes travaillant à temps partiel se retrouvent bien moins loties financièrement lorsqu'elles atteignent l'âge de la retraite.
Pourquoi donc s'imposer tant de travail si la récompense finale est si maigre? D'autant que, à bien des égards, le monde continue de fonctionner selon des règles très masculines. Pour les «soft girls», il s'agit de s'éloigner de cette branche du féminisme qui assimile l'émancipation avant tout à la réussite professionnelle. Certaines femmes qui se distancient du féminisme «girlboss» vont même jusqu'à argumenter que ces dernières années d'égalitarisme sont loin d'avoir rééquilibrer la balance hommes-femmes.
Finalement, pourquoi ne pas tirer profit de cette structure patriarcale? De plus, certains sociologues émettent l'hypothèse que cette émancipation économique pousse souvent les femmes à chercher une certaine stabilité financière chez un homme. Parce que celles qui veulent des enfants et une carrière ont besoin d'une solide base financière pour pouvoir mener leurs différents projets à bien.
Attention au piège!
Mais de nombreux experts mettent en garde: abandonner son métier, ses collègues, ses ambitions, pour devenir femme au foyer n'est pas un concept sûr. Le risque financier pour l'individu est immense, d'autant plus que le divorce n'est plus perçu comme quelque chose d'honteux aux yeux de la société, surtout pour les hommes.
Il est clair que le débat sur les rôles des hommes et des femmes est loin d'être clos. Reste à savoir si ce «féminisme réactionnaire» sera plus qu'une tendance passagère sur Instagram. Ce qui est sûr, c'est qu'il remet en question de nombreux acquis du mouvement féministe et suscite des discussions enflammées, en Suède et au-delà.