Lobbying au Parlement
Droite et extrême droite accusent l'UE d'avoir financé des ONG écologistes

La Commission européenne est accusée par des élus de droite et d'extrême droite d'avoir financé des ONG pour faire du lobbying auprès d'eurodéputés. Cette polémique soulève des questions sur la séparation des pouvoirs et la transparence à Bruxelles.
Publié: 24.01.2025 à 18:35 heures
De graves accusations pèsent sur la Commission européenne.
Photo: IMAGO/Panama Pictures
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AFP Agence France-Presse

Des élus de droite et d'extrême droite ont accusé la Commission européenne d'avoir financé des ONG environnementales pour faire spécifiquement du «lobbying» auprès d'eurodéputés, et demandent des comptes à l'exécutif européen quant au respect de la séparation des pouvoirs. A l'extrême droite, les Patriotes ont affirmé vendredi soir avoir adressé des signalements, par courrier, à l'Office européen de lutte antifraude (Olaf), au Parquet national financier (PNF) français et au Parquet européen. «Il y a matière à enquêter» sur cette «pression» faite sur des eurodéputés, estime l'eurodéputé Jean-Paul Garraud.

Le financement des ONG et des lobbyistes fait l'objet de débats depuis plusieurs semaines à Bruxelles, car la Commission veut réviser ses règles en la matière. Mais le ton est monté au Parlement européen mercredi, en lien avec un article du journal néerlandais De Telegraaf, qui affirme que des contrats de financement d'organisations environnementales comprenaient spécifiquement des objectifs de lobbying auprès des parlementaires européens.

Une transparence à améliorer

Ce journal mentionne le programme européen LIFE, qui soutient des actions dans les domaines de l'environnement et du climat et évoque notamment le lobbying des ONG en faveur de la loi sur la restauration de la nature, adoptée en février 2024 au Parlement. A droite, l'eurodéputé néerlandais Dirk Gotink (PPE) assure ne pas mener «une campagne contre le mouvement environnemental. Bien sûr, ils peuvent faire du lobbying. Ma critique s'adresse à la Commission européenne. Il semble qu'il s'agisse d'une collaboration très orchestrée», ce qui suscite des questions en matière de «séparation des pouvoirs» et de «transparence».

Devant les eurodéputés en séance plénière, le commissaire européen Piotr Serafin (budget et administration) a admis qu'il «était inapproprié pour certains services de la Commission de conclure des accords obligeant les ONG à faire du lobbying spécifiquement auprès des membres du Parlement européen». La Commission partage «l'objectif du Parlement européen d'améliorer la transparence» des financements européens et attend un audit de la Cour des comptes européenne sur le financement des ONG, a-t-il indiqué.

Piotr Serafin a aussi souligné que les subventions du programme LIFE soutiennent des «entités à but non lucratif», dans le domaine de l'environnement. Au centre, le député slovaque Martin Hojsík (Renew) s'est dit pour sa part «reconnaissant» que l'Union européenne finance la «société civile», alors que des entreprises et des syndicats professionnels mènent régulièrement des actions de lobbying au Parlement européen. A gauche, l'écologiste Marie Toussaint a reproché aux élus de droite et d'extrême droite leur «hypocrisie». «Ils ne veulent pas s'assurer du bon usage des fonds européens», mais «mener la guerre» à des ONG qui «oeuvrent pour la planète», a-t-elle déclaré.

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