L'inflation alimentaire explose
L'économie russe est au bord de l'effondrement: Poutine perd-il le contrôle?

La monnaie russe a perdu un tiers de sa valeur depuis début août. L'inflation alimentaire a augmenté de 70% cette année. L'économie russe est menacée d'effondrement. Poutine contrôle-t-il la situation?
Publié: 30.11.2024 à 11:50 heures
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Depuis le début de l'année, les prix des pommes de terre ont augmenté de 73%.
Photo: imago/Russian Look

Jusqu'à présent, l'économie russe ne donnait guère l'impression d'être réellement affectée par les sanctions occidentales et les coûts de la guerre contre l'Ukraine. C'est désormais le cas: la onzième économie mondiale trébuche. Vladimir Poutine pourrait perdre le contrôle, car ses mesures ne sont pas efficaces.

Les symptômes économiques sont nombreux. Il y a d'abord le rouble qui s'effondre. Mercredi, la monnaie russe a franchi le seuil symbolique de 110 roubles pour un dollar. Depuis début août, la monnaie a perdu un bon tiers de sa valeur.

La dernière fois que le rouble était tombé à un niveau encore plus bas, c'était en mars 2022, peu après l'invasion russe de l'Ukraine. A l'époque, un dollar valait 120 roubles. Avant la guerre, un dollar coûtait encore 80 roubles.

Augmenter les taux directeurs

Il n'est pas surprenant que l'inflation explose elle aussi. Tymofiy Mylovanov, chef de l'université d'économie de Kiev, explique dans un post sur X: «L'inflation alimentaire a augmenté de 70% en Russie cette année. Le prix des pommes de terre a augmenté de 73%, celui du beurre de 30%.» Le lait serait également 15% plus cher qu'en janvier. Officiellement – c'est-à-dire selon la banque centrale russe – les prix à la consommation avaient augmenté de 8,5% en octobre par rapport au même mois de l'année précédente.

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Dans le contexte d'une dévaluation toujours plus rapide du rouble et d'une inflation croissante, la banque centrale augmente les taux d'intérêt. Déjà à 21% (!), le taux d'intérêt est à son plus haut niveau depuis 2003. Selon les conseillers de la banque centrale, une nouvelle hausse pour stabiliser les prix est très probable.

Mais les mesures ne portent pas leurs fruits. Même des oligarques importants en Russie prennent la parole et critiquent la gestion de la crise par Poutine. «C'est comme si le médicament était plus nocif que la maladie», a déclaré mercredi Alexeï Mordachov, patron du groupe métallurgique Severstal. Il qualifie les mesures de la banque centrale russe de complètement inefficaces. Selon lui, il s'agit probablement d'une situation sans précédent dans l'histoire du monde moderne, où le taux directeur est 2,5 fois plus élevé que l'inflation et ne ralentit pourtant rien.

Les experts veulent une hausse encore plus forte

Ces derniers temps, ce sont surtout les sanctions américaines contre la banque russe Gazprom qui ont aggravé les problèmes économiques. Entre-temps, des économistes russes demandent une augmentation encore plus importante du taux d'intérêt de la banque centrale. Un taux d'intérêt de 30 à 40% pourrait empêcher l'effondrement du rouble.

Face à ces développements, même le président Vladimir Poutine s'est senti obligé de faire un commentaire. En marge d'une rencontre au sommet dans la capitale kazakhe Astana, il ne voit toutefois «aucune raison de paniquer». «La situation est sous contrôle», a-t-il déclaré jeudi.

Poutine a assuré que «de nombreux facteurs saisonniers» tels que «les paiements au budget» et les prix du pétrole sur le marché mondial étaient à l'origine de la faiblesse du rouble, en plus de l'inflation élevée. Ces paroles n'aideront que très peu la population russe.

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