Les populistes au pouvoir
Comment l'Europe tombe dans le «trumpisme»

Les populistes de droite gouvernent l'Italie, la Hongrie et bientôt l'Autriche et frappent également aux portes du pouvoir à Berlin. Le changement d'humeur qui a permis à Trump d'être élu aux Etats-Unis a un impact considérable en Europe. Comment Trump en profite-t-il?
Publié: 08.01.2025 à 08:18 heures
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Dernière mise à jour: 08.01.2025 à 08:39 heures
Donald Trump accorde un accès spécial aux populistes de droite européens: la Première ministre italienne Giorgia Meloni a été invitée le 4 janvier à Mar-a-Lago en Floride.
Photo: imago/ZUMA Press
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Daniel Jung

Les populistes de droite ont le vent en poupe dans toute l'Europe: lundi, le chef du FPÖ Herbert Kickl a reçu à Vienne le mandat de former un nouveau gouvernement. S'il parvient à faire monter à bord le parti conservateur ÖVP, Herbert Kickl deviendra le premier chancelier populiste de droite en Autriche.

Herbert Kickl incarne ainsi une tendance: depuis l'élection de Donald Trump, la politique en Europe est en pleine mutation. En Allemagne et en France, les gouvernements se sont effondrés. Le principal conseiller de Trump, Elon Musk, s'immisce directement dans la politique européenne. Trump lui-même rencontre des populistes de droite comme Viktor Orban ou Giorgia Meloni. Le nouveau président américain exerce ainsi désormais son influence sur le vieux continent. Blick explique pourquoi le partenariat international des nationalistes fonctionne si bien et ce qui pourrait le mettre en péril.

Hongrie, Italie, Pays-Bas et Finlande

Les chefs d'État populistes de droite n'ont pas attendu la réélection de Trump pour exister en Europe. Mais ils se rendent maintenant en Floride pour courtiser le futur président américain avant même son entrée en fonction, dans l'espoir de faire de bonnes affaires. De son côté, Trump peut ainsi s'assurer une influence dans les capitales européennes où se confirme une orientation politique mutuelle. 

Viktor Orban était déjà chez Trump en décembre. Il dirige la Hongrie depuis 2010 en tant que Premier ministre et est ainsi le plus ancien chef de gouvernement de l'UE. Viktor Orban et son parti populiste de droite Fidesz poursuivent des valeurs familiales conservatrices et une politique anti-migratoire stricte, comme Trump.

Giorgia Meloni était en Floride le week-end dernier. En Italie, la post-fasciste gouverne depuis octobre 2022 et de manière étonnamment stable. Alors qu'elle était initialement considérée comme une menace pour la démocratie, elle est aujourd'hui considérée comme une figure centrale de la politique européenne et pourrait donc s'avérer utile à Trump.

En Allemagne, l'AfD est, selon les sondages, la deuxième force derrière la CDU/CSU. Et ce, bien que le service de protection de la Constitution allemande considère l'AfD comme un cas suspect d'extrême droite.

Herbert Kickl se réjouit de Donald Trump

Le FPÖ est l'un des plus anciens partis populistes de droite d'Europe. Avant même que Trump ne fasse de «l'Amérique d'abord» son slogan lors de la campagne électorale de 2016, le FPÖ s'était positionné, avec l'aide d'Herbert Kickl, comme un «parti social de la patrie». 

Le soir même des élections américaines, le chef du FPÖ a félicité via Facebook la «victoire électorale impressionnante et sans équivoque» de Donald Trump. Les Américains ont «réglé leurs comptes avec la politique intéressée des élites glaciales» et ont rejeté «l'establishment éloigné des citoyens». Les Américains ne veulent pas non plus «d'une migration de masse illégale».

«Nous ne sommes pas des amis de l'Amérique»

Traditionnellement, de nombreux populistes de droite européens se montrent critiques à l'égard des États-Unis. L'Orban hongrois ou l'AfD cherchent plutôt à se rapprocher du dirigeant russe Vladimir Poutine.

«
Nous ne sommes pas non plus des amis de l'Ukraine, des amis de l'OTAN ou des amis de l'Amérique
»

Herbert Kickl a écrit en avril 2024 sur Facebook qu'il ne «comprenait pas Poutine». Il a ajouté: «Mais nous ne sommes pas non plus des amis de l'Ukraine, des amis de l'OTAN ou des amis de l'Amérique.» Au lieu de cela, le FPÖ est le parti de ceux qui «comprennent les Autrichiens». Un chancelier Kickl pourrait donc tout de même tenter de lever les sanctions à l'encontre de la Russie, qu'il juge néfastes.

La question de la Russie pourrait donc encore créer une zone de tension entre Trump et les populistes de droite européens, surtout si Trump ne parvient pas à trouver rapidement une solution négociée.

Ce qui se cache derrière les succès

La victoire électorale de Trump et le renforcement des populistes de droite ont un contexte similaire: dans une analyse, le «Wall Street Journal» a récemment cité la faible croissance économique et la forte pression migratoire: «Le glissement vers la droite est alimenté par les craintes de la classe ouvrière concernant l'économie et l'immigration, ainsi que par la lassitude croissante sur des sujets tels que le changement climatique et la politique identitaire.» De plus, l'essor des médias sociaux aurait exacerbé les divisions et conduit à une montée des partis anti-establishment.

Le succès des populistes de droite en Europe n'est donc pas uniquement lié à l'élection de Trump, mais aussi à des évolutions qui ont lieu des deux côtés de l'Atlantique. Il est néanmoins clair que le soutien de Donald Trump et d'Elon Musk devrait pour l'instant renforcer les populistes de droite en Europe et rendre les débats politiques encore plus intenses.

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