Les pays baltes en danger?
«La Russie n'a plus les forces si elle veut faire la guerre à l'OTAN»

Avant l'invasion de l'Ukraine, les pays baltes craignaient eux aussi une attaque des Russes. Maintenant que l'armée de Vladimir Poutine semble patauger en Ukraine, les Etats baltes peuvent respirer — temporairement.
Publié: 08.03.2022 à 10:32 heures
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Malgré leur appartenance à l'OTAN et à l'UE, de nombreux Lituaniens craignaient que Poutine attaque leur pays.
Photo: AFP
Guido Felder

«Si l’Ukraine tombe aujourd’hui, Poutine sera à notre porte demain.» Cette déclaration du président lituanien Gitanas Nauseda a été formulée lors du début de l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février. Dans la foulée, il a décrété l’état d’urgence provisoire en Lituanie jusqu’au 10 mars.

Les Pays baltiques vivent dans la crainte. Malgré leur appartenance à l’OTAN et à l’UE, de nombreux Lituaniens craignent que leur pays soit la prochaine cible de Vladimir Poutine. Selon eux, ils sont en première ligne, bien plus que leurs voisins estoniens et lettons. La raison? Le pays se trouve entre la Biélorussie, alliée de Poutine, et l’enclave russe de Kaliningrad.

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Kaliningrad, emplacement stratégique

Kaliningrad abrite une grande base militaire russe où sont installés des missiles et des sous-marins nucléaires. Leur portée leur permettrait de frapper l’île suédoise de Gotland, à 300 kilomètres de là, et surtout… Berlin. La capitale allemande est distante de 500 kilomètres du bout de territoire cédé par les Allemands à la Russie à la fin de la Seconde guerre mondiale.

Les autorités lituaniennes craignent que Poutine utilise la population russophone du pays, qui représente 5% de la population, pour justifier une intervention militaire sur leur sol. Cette minorité aurait d’ailleurs globalement soutenu l’annexion de la péninsule de Crimée en 2014. Une partie d’entre eux aurait également exigé le vaccin contre le Covid Sputnik à la place de celui proposé par les autorités médicales lituaniennes.

Les Lituaniens se préparent

En Lituanie, la population s’affaire depuis maintenant deux semaines. De nombreuses caves ont été transformées en bunkers et de nombreux citoyens auraient envisagé de quitter le pays.

Vytautas Bruveris, commentateur politique au sein du journal lituanien «Lietuvos Rytas», le plus grand du pays, confirme à Blick que les Lituaniens sont inquiets. «Cela se voit au supermarché. Il y a des files d’attente dans les magasins et les stations-service. Beaucoup de gens veulent s’approvisionner en urgence et faire le plein de leur voiture.»

Un point stratégique avait déjà attiré l’attention du journaliste avant l’invasion de l’Ukraine: la ligne de train menant de la Biélorussie à Kaliningrad, qui passe droit à travers la Lituanie. Une voie terrestre directe à travers le territoire national. La capitale, Vilnius, est également située proche de la frontière biélorusse sur la route entre Minsk et Kaliningrad.

«L’armée russe est trop faible en ce moment»

Aujourd’hui, Vytautas Bruveris verrait plutôt des affrontements liés à des migrants à la frontière entre la Lituanie et la Pologne. «On pourrait y voir des attentats terroristes ou des attaques hybrides», explique le commentateur.

Mais à court terme, il ne croit pas à une invasion de la Lituanie par les forces armées russes. Pour lui, c’est sûr: la présence de l’OTAN, qui a annoncé être prête à défendre les États baltes, change la donne. «En outre, souligne-t-il, l’armée russe est actuellement exsangue en Ukraine. Elle n’aurait pas la force de mener une guerre contre l’OTAN.»

Kaja Kallas, Première ministre d’Estonie, estime elle aussi que le danger est pour l’instant écarté. Dans une interview accordée au magazine allemand «Der Spiegel», elle a déclaré à propos de Poutine: «Oui, je pense qu’il bluffe. Nous ne voyons aucun signe d’escalade ici pour le moment. Il n’en a pas les capacités.»

Les Etats-Unis vont envoyer d’autres soldats

Mais l’ombre de la menace russe continuer de planer sur le long terme. «Nous sommes très préoccupés par la détérioration de la situation sécuritaire au sein des pays baltes, dit le président lituanien Gitanas Nauseda. L’agression impitoyable de la Russie contre l’Ukraine montre qu’elle constitue une menace à long terme pour la sécurité européenne.»

L’OTAN a réaffirmé lundi sa volonté de défendre les pays baltes. Après le début de l’invasion russe d’Ukraine, les États-Unis ont déployé quelque 7000 soldats en Europe. Environ 400 autres doivent encore être envoyés en Lituanie.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a assuré les États baltes de la solidarité des États-Unis. «L’engagement de l’OTAN en matière d’assistance mutuelle est intangible», rassure-t-il.

(Adaptation par Alexandre Cudré)

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