Elle ne fait qu'un tiers de la taille de la Suisse et compte à peine un million d'habitants. La petite enclave russe de Kaliningrad joue pourtant un rôle stratégique important pour le Kremlin. Elle pourrait donc bien se retrouver au centre du conflit qui oppose la Russie avec l'Occident.
Le plus petit oblast (région administrative) du territoire russe abrite en effet la flotte de la mer Baltique, ainsi que des forces terrestres et des unités de l'armée de l'air équipées d'avions de combat, de bombardiers et d'hélicoptères. Un système d'alerte précoce doit prévenir de toute attaque.
La Russie y a même positionné en 2018 des missiles Iskander-M capables de transporter des armes nucléaires. Au grand dam de l'OTAN et de l'Europe. L'oblast se trouve entre la Pologne et la Lituanie, deux pays qui sont à la fois membres de l'OTAN et de l'UE.
La Suède s'équipe
Les Suédois sont également inquiets: leur île de Gotland (qui abrite la célèbre maison de Fifi Brindacier, visitée chaque année par des milliers de visiteurs) se trouve à seulement 300 kilomètres. Berlin n'est qu'à 500 kilomètres de Kaliningrad.
La Suède a réintroduit le service militaire obligatoire en 2017 et a déployé des chars ces derniers mois sur l'île. Le ministre social-démocrate de la Défense, Peter Hultqvist, a déclaré il y a quelques jours: «Une attaque ne peut pas être exclue. Nous prenons des mesures pour signaler que la Suède se défendra.»
Depuis la chute de l'Union soviétique, les trois États baltes (la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie) se tournent de plus en plus vers l'Ouest. Ils ont tous rejoint l'OTAN et l'Union européenne. Il manque ainsi à Moscou un tampon entre son territoire et l'Europe. C'est pourquoi l'enclave a encore gagné en importance pour le Kremlin.
Poutine y a-t-il accès?
Le problème réside toutefois dans son accessibilité. Il se fait par voie maritime ou aérienne. La voie terrestre nécessite de traverser la Lituanie ou la Lettonie, avec les contrôles aux frontières que cela implique.
D'aucuns craignent Poutine ne s'octroie par la force un corridor terrestre vers l'enclave. La brèche de Suwalki, le passage à la frontière entre la Pologne et la Lituanie, est à ce titre considérée comme le talon d'Achille de l'OTAN. C'est le lien fragile entre les Etats baltes et l'alliance militaire occidentale protectrice.
La ville de Kaliningrad, anciennement Königsberg, fait partie du nord de la Prusse orientale. La région a été rattachée à l'Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale, sous la pression du chef d'État et du parti communiste Joseph Staline (1878-1953). En 1946, Staline fit rebaptiser la ville du nom du chef d'État soviétique formel Mikhaïl Kalinine (1875-1946), décédé peu de temps auparavant.
Afin d'effacer les traces du passé allemand, les lieux et les rues furent également rebaptisés. Jusqu'en 1991, les étrangers n'avaient pas le droit de pénétrer sur le territoire.
Kaliningrad représente un bon souvenir pour les fans de sport suisses. Lors de la Coupe du monde 2018, la Nati a battu l'équipe de Serbie par 2 à 1 et s'est hissée en huitième de finale devant 33'000 spectateurs.
La ville de Kaliningrad, anciennement Königsberg, fait partie du nord de la Prusse orientale. La région a été rattachée à l'Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale, sous la pression du chef d'État et du parti communiste Joseph Staline (1878-1953). En 1946, Staline fit rebaptiser la ville du nom du chef d'État soviétique formel Mikhaïl Kalinine (1875-1946), décédé peu de temps auparavant.
Afin d'effacer les traces du passé allemand, les lieux et les rues furent également rebaptisés. Jusqu'en 1991, les étrangers n'avaient pas le droit de pénétrer sur le territoire.
Kaliningrad représente un bon souvenir pour les fans de sport suisses. Lors de la Coupe du monde 2018, la Nati a battu l'équipe de Serbie par 2 à 1 et s'est hissée en huitième de finale devant 33'000 spectateurs.
Agression à partir des lignes de train
Il existe aujourd'hui un transit ferroviaire par la Lituanie pour les livraisons militaires russes. «C'est une menace pour nous», déclare à Blick Vytautas Bruveris, célèbre commentateur politique du plus grand journal lituanien «Lietuvos Rytas». Ce n'est pas étonnant. Car si Poutine le voulait, il n'aurait qu'à se servir de cette ligne pour déclencher une invasion. Le journaliste explique: «Il serait facile pour les Russes d'arrêter les trains quelque part dans notre pays et d'occuper des territoires à partir de là.»
Il n'exclut pas que le conflit à la frontière ukrainienne puisse déborder sur la région de Kaliningrad. «Kaliningrad, hautement militarisée, servira à l'avenir à la Russie de moyen de chantage contre l'Occident», affirme Vytautas Bruveris.
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Un conflit armé plutôt improbable
Comment l'observateur neutre qu'est la Suisse évalue-t-il la situation? Alexander Hug, qui était chef adjoint de la mission d'observation spéciale de l'OSCE dans l'est de l'Ukraine lors du conflit en Crimée, estime qu'un «corridor terrestre forcé ou obtenu de haute lutte pour relier Kaliningrad à la Biélorussie ou à la Russie équivaudrait à un conflit ouvert entre ces pays et la Lituanie ou éventuellement la Lettonie, membre de l'OTAN. Une telle action de Moscou n'est pas à exclure à l'heure actuelle, mais elle est plutôt improbable.»
Alexander Hug lance un appel: «Pour contrer cette situation de danger, il est nécessaire de poursuivre un dialogue serein entre toutes les parties concernées et de surveiller et vérifier la situation de manière indépendante.»
(Adaptation par Jocelyn Daloz)