Les laboratoires de captagon sont démantelés les uns après les autres
Les rebelles syriens mettent à jour le méga-réseau de drogue du clan Assad

Le clan Assad dirigeait la Syrie d'une main de fer et grâce à la drogue. Depuis la prise de pouvoir de la milice islamiste HTS, de nouvelles usines de Captagon, l'amphétamine phare du régime, sont découvertes presque quotidiennement.
Publié: 09.01.2025 à 20:05 heures
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Des rebelles perquisitionnent une base militaire à Damas le 7 janvier.
Photo: keystone-sda.ch
Valentin Köpfli
Valentin Köpfli

Le dictateur syrien déchu Bachar al-Assad était l'un des plus grands barons de la drogue au monde. Depuis la prise de pouvoir de la milice islamiste HTS début décembre 2024, de nouveaux sites de production de captagon, principale drogue synthétique de l'ex-dictature, sont démantelés presque quotidiennement. L'exportation de la drogue à l'étranger a rapporté jusqu'à 40 milliards de dollars par an au narco-Etat. L'amphétamine était jusqu'à présent le principal produit d'exportation du pays et finançait la guerre civile brutale menée par le régime d'Assad contre sa propre population.

Malgré les innombrables découvertes de drogue sur des cargos syriens accostant dans des ports européens, dans les pays du Golfe, en Afrique du Nord et même en Malaisie, le clan Assad a nié avec véhémence pendant des années avoir un lien avec la production syrienne de captagon. Mais des conversations téléphoniques enregistrées ont prouvé dès 2022 l'implication du régime syrien jusqu'à Maher al-Assad, le frère cadet du dirigeant Bachar al-Assad. 

La drogue est partout

Avec la chute du régime, la façade de ce trafic s’est effondrée. Des combattants de HTS découvrent désormais des pilules de captagon, des équipements de production, des produits chimiques et des documents compromettants abandonnés à la hâte dans d’anciens quartiers généraux, usines et entrepôts liés à des proches d’Assad, comme le rapporte «Der Spiegel».

Les découvertes, notamment dans des entrepôts gigantesques près de Douma, révèlent l’ampleur de l’entreprise. Les comprimés sont partout: ils sont éparpillés sur le sol, cachés dans des fruits en plastique, des lampes LED enroulées, des tubes en plastique ou des tables d'appoint avec des cavités. Ces cargaisons étaient principalement destinées au marché lucratif des pays du Golfe.

Les affaires continuent

Certes, les rebelles ont déjà brûlé des millions de pilules de captagon sur différents sites, mais la fin complète du commerce de la drogue est une illusion, prévient Peter Gehring, procureur en chef à Essen pour le «Spiegel». Il a mené pendant plus d'un an une enquête sur quatre logisticiens syriens de la contrebande qui avaient tenté d'importer en Allemagne cette drogue.

L'expert met en garde: avec l'arrêt de la production, le prix du marché noir va désormais augmenter. Les réseaux de distribution vers les pays du Golfe sont trop rentables pour rester inactifs. Une nouvelle génération de trafiquants pourrait bien prendre la relève, perpétuant ce sombre héritage.

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