Les jeunes travailleurs protestent
Démissionner par vengeance, une nouvelle tendance qui fait trembler les patrons

Les Etats-Unis sont confrontés à un phénomène qui risque de donner des sueurs froides au patronat: le «Revenge Quitting». La colère croissante des jeunes travailleurs, qui bouillonne déjà depuis la pandémie, risque de provoquer un torrent de démissions en 2025.
Publié: 07.02.2025 à 22:06 heures
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Dernière mise à jour: 07.02.2025 à 22:07 heures
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Le mécontentement croissant des employés entraîne de plus en plus de démissions, surtout chez les jeunes.
Photo: Shutterstock
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Nathalie Benn

Les experts y voient un signal d'alarme qui doit davantage inciter les entreprises à s'adapter aux nouvelles réalités du monde du travail. Dans un sondage du portail de l'emploi «Glassdoor«, «près de deux jeunes employés américains sur trois sont frustrés et insatisfaits au travail. En parallèle, les licenciements ont également le vent en poupe, selon les auteurs de l'étude.

Actuellement, près de la moitié des travailleurs américains sont à la recherche d'un nouvel emploi, une proportion qui n'avait pas été aussi élevée depuis dix ans, rapporte le magazine financier «Forbes». On estime que ce que l'on appelle le «Revenge Quitting» (en français, le licenciement par vengeance) sera une tendance solide en 2025. 

Aux Etats-Unis, les recherches Google sur ce terme ont augmenté de 234% depuis le début de l'année. En Suisse aussi, l'évolution est suivie de près, comme le confirme à Blick Max Arnold, vice-président de la Société suisse de psychologie du travail et des organisations.

La loyauté aveugle, c'est terminé

Les employés ne veulent plus démissionner en silence. Avec le «Revenge Quitting», on attend sciemment le bon moment pour choquer ses supérieurs qui ne se doutent de rien en posant sa démission. Le poste est raccroché avec fracas, l'employeur a au mieux l'air stupide et se retrouve surtout pris au dépourvu, sans remplaçant sous le coude.

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Aujourd'hui, ils ne veulent pas simplement un emploi, ils cherchent du sens dans ce qu'ils font, un engagement durable et une vraie reconnaissance de leur travail
Max Arnold, vice-président de la Société suisse de psychologie du travail et des organisations
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Ce sont les jeunes travailleurs de la génération Z (1997-2010) qui mènent la danse. Chez eux, la loyauté aveugle au travail ne va plus de soi depuis longtemps. «Aujourd'hui, ils ne veulent pas simplement un emploi, ils cherchent du sens dans ce qu'ils font, un engagement durable et une vraie reconnaissance de leur travail», explique Max Arnold. «Si tout cela n'est jamais au rendez-vous, la frustration monte et cela peut déboucher sur une démission.»

Le psychologue ajoute que de nombreux employés, en particulier dans les secteurs où la main-d'œuvre qualifiée fait défaut, sont conscients qu'ils ont de meilleures chances ailleurs. Mais même dans les branches traditionnelles comme le secteur financier ou administratif, le «Revenge Quitting» pourrait devenir ici aussi un exutoire pour ce mécontentement accumulé depuis longtemps.

Quand la démission vient réparer l'injustice

L'exigence d'un nombre croissant d'employeurs de revenir en présentiel au bureau se heurte à une résistance particulièrement forte chez les jeunes. Chez le géant en ligne Amazon, 73% des employés ont déclaré, après une telle annonce, qu'ils préféraient chercher un nouveau travail.

Même s'il comprend la colère des jeunes travailleurs, Max Arnold ne conseille cependant pas de démissionner par vengeance: «Une démission impulsive peut donner l'impression d'une victoire, mais seulement pendant quelques jours. Après, vient souvent le doute ou le regret de cette décision.» Les employés insatisfaits devraient plutôt chercher à discuter ouvertement avec leurs supérieurs. «Si cela ne mène à rien, il est tout de même préférable de démissionner en ayant un plan B.»

De son côté, la génération Z exige des améliorations sur les lieux de travail, comme aucune autre génération avant elle. Si on ne leur donne pas satisfaction, ils démissionnent beaucoup plus facilement que leurs aînées, selon Max Arnold. L'expert ne voit pas dans cette évolution une rébellion fortuite, mais «un signal d'alarme silencieux qui a été trop longtemps ignoré». Le message des jeunes employés est pourtant clair: entreprises, entendez-nous ou nous partirons!

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