Les Groenlandais votent mardi
Le Danemark va-t-il proposer à Trump le partage du Groenland?

Le territoire autonome du Groenland, toujours sous la souveraineté du Danemark, est revendiqué par Donald Trump. Les élections législatives de ce mardi 11 mars s'annoncent décisives. Mais que peuvent peser ses 57'000 habitants?
Publié: 11.03.2025 à 10:35 heures
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Dernière mise à jour: 11.03.2025 à 10:42 heures
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Des affiches de campagne sont accrochées à l'extérieur du bureau de vote avant les élections générales au Groenland.
Photo: Getty Images
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Richard WerlyJournaliste Blick

Les Groenlandais votent ce mardi 11 mars sur l’avenir de l’Europe. Cela paraît fou, mais c’est une partie de la réalité. Les 42'000 électeurs inscrits (sur 57'000 habitants) de ce territoire autonome du grand nord, qui appartient toujours au Danemark, vont aussi mettre dans les urnes un bulletin pour ou contre l’Union européenne (UE), dont leur immense île gelée de 2,1 millions de km2 n’est pas membre. Le Groenland est, formellement, un territoire d’outre-mer associé à l’UE. Or, les Etats-Unis de Donald Trump veulent faire main basse sur ces ressources pétrolières et minérales.

L’un des enjeux de ce scrutin, destiné à pourvoir les 31 sièges du Inatsisartut, le Parlement groenlandais, est en effet l’indépendance pure et simple du territoire. La rupture avec le Danemark a constitué l’un des enjeux majeurs de cette élection, alors que le débat politique est d’ordinaire accaparé par les questions relatives à l’éducation, aux affaires sociales, à la pêche – 90% des exportations de l’île – et au tourisme.

Tous pour l’indépendance

Mais l’indépendance fait une quasi-unanimité. Presque tous les partis politiques réclament la fin des liens entre Copenhague et cet immense territoire glacé colonisé jadis par les Vikings. Un territoire 50 fois plus grand que celui des danois, mais 100 fois moins habité.

Donald Trump a donc planté avec succès les graines du divorce. Il lui a suffi de répéter plusieurs fois depuis son élection, y compris lors de son discours sur l’Etat de l’Union le 4 mars, devant le Congrès, que le destin des Groenlandais sera bien meilleur s’ils acceptent ses propositions. «J’ai un message à adresser ce soir à l’incroyable peuple du Groenland. Nous soutenons fermement votre droit à déterminer votre propre avenir et, si vous le souhaitez, nous vous souhaitons la bienvenue aux Etats-Unis d’Amérique» a lancé le président américain.

Et d’ajouter que cette annexion se fera «d’une manière ou d’une autre», tout en promettant aux habitants prospérité économique et succès. «Nous assurerons votre sécurité, nous vous rendrons riches et, ensemble, nous mènerons le Groenland vers des sommets que vous n’auriez jamais imaginés possibles» a-t-il poursuivi, sans évoquer le rapport de force militaire qu’il pourrait décider d’imposer. Washington dispose d’une base militaire dans le nord-ouest de l’île depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec le droit d’en augmenter les effectifs et l’importance.

Un condominium americano-danois?

Colonisé par Copenhague il y a trois siècles, le Groenland est autonome depuis 1979, avec des compétences fiscales, économiques et sécuritaires. La défense est en revanche du ressort de l’armée danoise, laquelle occupe une base scientifique et militaire à 924 kilomètres du Pôle Nord, sur la «péninsule de la Princesse Ingeborg». 

L’accession à l’indépendance suppose l’organisation préalable d’un référendum. Le premier ministre groenlandais sortant, Mute Egede, l’a plusieurs fois évoqué. Mais la coalition sociale-démocrate qu’il dirige (Inuit Ataqatigiit, gauche-écologiste et Siumut, social-démocrate) ne s’y est pas engagée à court terme, contrairement à l’opposition.

Les moyens dont l’administration américaine dispose pour faire pression sur le Danemark sont nombreux. La faible population du territoire peut même permettre une offre d’achat pure et simple. Une autre option circule toutefois: celle d’un partage, sous forme de condominium, des ressources du Groenland, dont l’inventaire est un paravent pour un autre sujet, plus stratégique encore: le passage maritime du grand nord rendu possible par le réchauffement climatique. La Russie revendique le Svalbard, situé à mi-chemin entre le pôle Nord et la Norvège qui en assume la souveraineté. Et si, demain, le Groenland devenait un pion dans un grand jeu arctique?

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