Les Gazaouis meurent de faim
«Non à la politique visant à nous affamer»

Dimanche des centaines de Gazaouis se déplacent au sud de la bande de Gaza. La situation ne cesse d'empirer et la population est menacée de «famine de masse», selon l'ONU. L'aide humanitaire n'entre qu'au compte-gouttes au sud.
Publié: 25.02.2024 à 13:51 heures
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Dernière mise à jour: 25.02.2024 à 13:55 heures
Des enfants palestiniens déplacés font la queue dans l'espoir de recevoir de la nourriture de donateurs arabes et palestiniens à Deir Al Balah, dans le sud de la bande de Gaza assiégée.
Photo: MOHAMMED SABER

Des centaines de personnes, poussées par la faim, fuient dimanche le nord de la bande de Gaza assiégée, selon des médias locaux. À Tel Aviv, le cabinet de guerre israélien a donné son aval à la poursuite des discussions sur une trêve avec le Hamas palestinien. La situation humanitaire ne cesse d'empirer dans le territoire palestinien où 2,2 millions de personnes, soit l'immense majorité de la population, sont menacées d'une «famine de masse», selon l'ONU.

L'aide, qui entre au compte-gouttes par le terminal de Rafah à l'extrême sud de Gaza, est soumise au feu vert d'Israël et son acheminement vers le nord est presque impossible en raison des destructions et des combats.

«Je ne peux décrire le genre de famine qui se répand là-bas»

Les affrontements se sont poursuivis dans la nuit à Khan Younès (sud) mais aussi à Beit Lahia et Zeitoun (nord), et c'est désormais le manque de nourriture qui pousse également la population au départ, un correspondant de l'AFP faisant état dimanche de centaines de personnes quittant le nord vers le centre de la bande de Gaza.

Parmi elles, Samir AbdRabbo, 27 ans, est arrivé à Nousseirat (centre) dimanche matin avec sa fille d'un an et demi. «Je suis venu à pied (...). Je ne peux décrire le genre de famine qui se répand là-bas (...). Il n'y a pas de lait (pour ma fille). J'essaie de lui donner du pain que je prépare à partir de fourrage mais elle ne le digère pas (...) notre seul espoir est l'aide de Dieu», dit-il à l'AFP.

La famine comme «méthode de guerre»

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Volker Türk avait fustigé vendredi le «blocus et le siège imposés à Gaza» par Israël pouvant «représenter une utilisation de la famine comme méthode de guerre» qui est, a-t-il rappelé, un «crime de guerre».

A Jabaliya (nord), des dizaines habitants se pressaient et s'invectivaient samedi dans le chaos avec des récipients vides pour obtenir de la nourriture. «C'est fini», crie un homme chargé de la distribution de ce qui semble être une soupe, cherchant à les repousser, selon des images de l'AFP. «Que le monde voit où on en est arrivé», lance un homme.

Sur d'autres images, des dizaines de personnes protestent contre le manque de nourriture dans le nord du territoire. «Non à la politique visant à nous affamer», pouvait-on lire sur une pancarte brandie par des enfants.

Un bilan alarmant

L'offensive militaire israélienne a depuis fait près de 30'000 morts à Gaza (29'606), en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien. Le ministère fait état quotidiennement d'une centaine de morts dans la bande de Gaza.

Samedi soir, le cabinet de guerre israélien a, selon des responsables et médias locaux, donné dans ce contexte son feu vert à l'envoi sous peu d'une délégation au Qatar afin de poursuivre les récentes discussions à Paris en vue d'un nouvel accord de trêve assorti d'une libération d'otages.

Négociations pour une trêve

Le chef du Mossad (services de renseignement extérieurs israéliens) s'est rendu vendredi dans la capitale française pour un suivi sur un projet de trêve dont il avait discuté fin janvier avec ses homologues américain et égyptien et le Premier ministre du Qatar.

D'après une source du Hamas, le plan discuté en janvier prévoyait une pause de six semaines et la libération de 200 à 300 prisonniers palestiniens détenus par Israël en échange de 35 à 40 otages.

Pour conclure un accord, Israël exige au préalable «la libération de tous les otages, à commencer par toutes les femmes», a indiqué samedi soir Tzachi Hanegbi, conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. «Un tel accord ne signifie pas la fin de la guerre», a-t-il toutefois prévenu. Le Hamas réclame, lui, un «cessez-le-feu complet» et le retrait des troupes israéliennes de Gaza.

Plus de 1,4 million de personnes à Rafah

Pendant ce temps, l'inquiétude grandit à Rafah, à la frontière fermée avec l'Egypte, où se massent dans des conditions précaires au moins 1,4 million de personnes, des déplacés pour la plupart, qui sont menacées d'une opération militaire terrestre d'envergure.

Benjamin Netanyahu a affirmé samedi qu'il convoquerait «en début de semaine le cabinet pour approuver les plans opérationnels d'action à Rafah, y compris l'évacuation de la population civile».

Selon un journaliste de l'AFP, au moins six bombardements ont frappé la ville samedi soir. L'armée israélienne a annoncé dimanche poursuivre ses «raids ciblés» dans l'enclave, où elle dit avoir tué «plusieurs terroristes» samedi dans le centre du territoire. Elle poursuit notamment ses opérations à Khan Younès (sud) affirmant avoir arrêté «des terroristes qui cherchaient à fuir, cachés parmi les civils».

En Israël, des milliers de personnes se sont rassemblées une nouvelle fois samedi soir à Tel-Aviv sur la «place des otages» pour réclamer la libération des 130 otages. «Nous pensons tout le temps à eux, nous voulons qu'ils nous reviennent vivants et le plus vite possible», a dit à l'AFP Orna Tal, 60 ans, dont un ami fait partie des otages.

(ATS)

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