Le 20 janvier, le président américain élu Donald Trump entamera son deuxième mandat et entrera à la Maison Blanche. Pendant sa campagne électorale, il n'a cessé de remettre en question l'aide militaire américaine à l'Ukraine, mais a également souligné vouloir mettre rapidement fin à la guerre. Il n'a toujours pas expliqué comment il comptait y parvenir.
Ainsi, les combats sur le territoire russe occupé par l'Ukraine depuis août 2024 ont pris une nouvelle importance. L'Ukraine espère pouvoir utiliser ces territoires conquis comme moyen de négociation en sa faveur. Bien entendu, le Kremlin souhaite éliminer ce moyen de pression le plus rapidement possible, avant même l'investiture de l'imprévisible président américain.
La situation s'est dégradée de manière significative
«Les Russes doivent à tout prix reconquérir ce territoire et feront tout pour y parvenir», explique le sergent Oleksander, chef d'une section d'infanterie ukrainienne, dans un entretien avec le «New York Times». «Pendant ce temps, nous donnons tout ce que nous pouvons pour le protéger». La situation se serait toutefois significativement détériorée depuis l'intervention des troupes nord-coréennes envoyées en Russie par Kim Jong Un pour soutenir les soldats de Vladimir Poutine.
«Ils exercent une pression massive sur nos fronts et trouvent toujours des points faibles qu'ils peuvent exploiter», explique Oleksii, le chef d'une troupe. On estime à environ 12'000 le nombre de Nord-Coréens avec l'aide desquels la Russie a pu reconquérir jusqu'à présent environ la moitié du territoire occupé depuis l'été dernier.
Oleksander, qui se remet actuellement d'une blessure, affirme n'avoir jamais rien vu d'aussi horrible que le massacre de Koursk depuis qu'il a rejoint l'armée en 2014, et compare la situation à celle Bakhmout. Là-bas, les tireurs aux mitrailleuses auraient dû être régulièrement remplacés, car ils ne pouvaient pas faire face à la vitesse de la tuerie. «Au bout de deux heures, ils n'en pouvaient plus.» Il montre une vidéo prise avec un téléphone portable, on y voit les conséquences d'une attaque. Des corps jonchent un champ, il est presque impossible de tous les compter.
«Quand quelqu'un te frappe, tu lui rends la pareille»
Les forces ukrainiennes sont également passées à l'attaque ces derniers jours et tentent de sécuriser une zone à l'ouest de la petite ville de Soudja, qui est devenue la plaque tournante des soldats et se trouve à peine à dix kilomètres de la frontière. «S'ils exercent une pression sur nous et que nous ne ripostons pas, l'ennemi se sentira supérieur», explique Andrii, un officier du renseignement militaire, au «New York Times». Et il ajoute: «Si quelqu'un te frappe et que tu ne ripostes pas, l'ennemi a un avantage psychologique et se sent pousser des ailes.»
Outre l'espoir de pouvoir prendre une position confortable dans le bras de fer du cessez-le-feu, l'Ukraine poursuit d'autres objectifs. Une zone tampon doit ainsi permettre de protéger des centaines de milliers de civils de la ville de Soumy, dans l'est de l'Ukraine. Celle-ci se trouve à 32 kilomètres de la frontière russe. Mais jusqu'à présent, ce plan ne fonctionne pas comme prévu: même si les Russes y enregistrent des pertes, ils progressent régulièrement.
Lors d'une rencontre en Allemagne, le président Volodymyr Zelensky a qualifié l'invasion de Koursk comme un signal fort au reste du monde de la puissance de l'Ukraine. Et ce, bien que certains analystes militaires voient cette campagne d'un œil tout à fait critique. Selon eux, les forces armées ukrainiennes pourraient être de plus en plus dépassées dans la région du Donbass.