Les attaques ciblées des Ukrainiens sur des objectifs en Russie sont en train de faire très mal à l'ennemi. Lundi, les forces armées ukrainiennes ont réussi à détruire un système de défense aérienne moderne de type S-300/400 près de la ville russe de Belgorod. Ce sont ces systèmes qui permettent aux Russes d'intercepter des jets supersoniques, des avions à haute altitude, des appareils furtifs, des missiles de croisière, des drones et autres missiles balistiques.
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Les Ukrainiens auraient également frappé une base russe à Chebekino. Selon les experts, un système Iskander-2, avec lequel la Russie effectuait des attaques de missiles sur Kharkiv, a été détruit. Marcel Berni, expert en stratégie à l'Académie militaire de l'EPFZ, parle de ce soudain «boost» que les Ukrainiens sont en train de connaître.
Les Ukrainiens ont réussi ces deux tours de force depuis que les Etats-Unis, l'Allemagne et la France leur ont donné leur feu vert pour utiliser des armes livrées afin d'attaquer des positions militaires et des infrastructures sur le territoire russe. Jusqu'à présent, les pays fournisseurs l'avaient interdit pour ne pas provoquer le Kremlin.
Contre les bombes planantes russes
Cette interdiction a été levée depuis que les Russes ont révélé la force de frappe de leurs bombes planantes. Ces engins capables de voler jusqu'à 60 kilomètres grâce à de petites ailes peuvent donc être largués par des avions russes au-dessus de leur propre sol, à une distance sûre de la défense antiaérienne ukrainienne, puis dirigés vers l'Ukraine.
Le président américain Joe Biden a toutefois fortement limité l'utilisation d'armes américaines. Il n'autorise l'Ukraine qu'à frapper de manière «préventive». On entend par là des attaques menées juste avant une attaque ennemie attendue. De plus, l'autorisation de riposter n'est actuellement valable que pour la défense de Kharkiv. Kiev espère une extension, car la région de Soumy – au nord-ouest de Kharkiv – est également menacée par une offensive russe.
La supériorité des armes occidentales
Selon Marcel Berni, les nouveaux systèmes d'armes occidentaux ont tendance à être supérieurs aux anciens systèmes soviétiques en termes de portée et de précision. Ainsi, les multiples lance-roquettes Himars auraient exercé une forte pression sur les occupants russes à l'été 2022 grâce à leur mobilité, leur efficacité et leur effet dévastateur. «La logistique russe a dû être décentralisée par la suite», explique Marcel Berni.
Toujours selon l'expert, les autres systèmes d'armes occidentaux et supérieurs aux Russes sont les véhicules de combat blindés, les petites bombes terrestres GLSDB, les armes d'artillerie comme les M777 américains et les Panzerhaubitze 2000 allemands, les missiles de croisière britanniques Storm Shadow et français Scalp ainsi que les systèmes de défense aérienne.
L'inconvénient pour l'Ukraine est toutefois que ces systèmes sont chers et que Kiev dépend fortement de l'Occident. Marcel Berni confirme: «Souvent, l'effet stratégique de ces armes est également surestimé, comme l'illustre par exemple l'échec de la contre-offensive ukrainienne il y a un an.»
Stabiliser le front nord
Le Kremlin avait annoncé qu'il riposterait de manière asymétrique aux attaques menées avec des armes occidentales. Cela signifie que la Russie pourrait attaquer des cibles ukrainiennes à d'autres endroits. A ce sujet, Marcel Berni déclare: «Le fait que l'Ukraine ne puisse agir sur le territoire russe qu'avec certaines armes occidentales sur une partie étroite du front est symptomatique de la peur occidentale de l'escalade.» Pour pouvoir attaquer des cibles plus loin à l'intérieur de la Russie, les forces armées ukrainiennes tenteraient donc de développer leurs propres armes.
Même si les Ukrainiens devaient avoir besoin d'armes occidentales pour les utiliser en Russie, cela n'apporterait pas encore de tournant dans la guerre, affirme Marce Berni. «Les deux parties sont engagées dans une guerre d'usure, il s'agit moins de prendre le terrain que de détruire les ressources de l'adversaire.»
Certes, l'Ukraine parvient mieux à stabiliser le front nord, mais elle reste néanmoins sur la défensive. Et Marcel Berni de conclure: «Cette autorisation d'attaquer des cibles choisies en Russie n'est ni un chèque en blanc ni une panacée.»