«Compte tenu de l'appel de Sa Sainteté le patriarche Kirill, j'instruis le ministre russe de la Défense d'introduire un régime de cessez-le-feu sur toute la ligne de contact entre les parties en Ukraine à partir de 12h00 le 6 janvier de cette année jusqu'à 24h00 le 7 janvier», a-t-il indiqué dans le communiqué du Kremlin.
Plusieurs appels à une telle mesure ont eu lieu dans les heures précédent l'annonce du chef du Kremlin. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait ainsi exhorté son homologue Vladimir Poutine à mettre en place un «cessez-le-feu unilatéral» en Ukraine. «Les appels à la paix et aux négociations entre Moscou et Kiev devraient être soutenus par un cessez-le-feu unilatéral», a déclaré le chef de l'État turc à Vladimir Poutine au cours d'un entretien téléphonique, selon un communiqué transmis par la présidence turque.
Poutine a répondu que la Russie était prête à un «dialogue sérieux» avec l'Ukraine, à condition que celle-ci se plie aux exigences russes et accepte les «nouvelles réalités territoriales» nées de l'invasion de ce pays en février.
Noël orthodoxe
En Russie, c'est le patriarche de l'Église orthodoxe russe Kirill, proche de Vladimir Poutine, qui a appelé à une trêve à l'occasion de la fête de Noël orthodoxe, célébrée ce samedi 7 janvier. «Moi, Kirill, patriarche de Moscou et de toutes les Russies, je m'adresse à toutes les parties impliquées dans le conflit fratricide pour les appeler à instaurer un cessez-le-feu et sceller une trêve de Noël», a-t-il déclaré dans un message posté sur le site internet de l'Église. Il a appelé déposer les armes de 12h00 le 6 janvier à 24h00 le 7 janvier.
Cette trêve doit selon lui permettre aux orthodoxes de pouvoir «assister aux offices de la veille et du jour de Noël» en Ukraine. Ce message risque toutefois de n'avoir que peu d'impact en Ukraine, où l'influence du patriarcat de Moscou a fané ces dernières années, ce pays s'étant notamment doté en 2018-2019 d'une Église indépendante de la tutelle religieuse de la Russie. Et l'Église qui était restée fidèle à Moscou a rompu ses liens avec la Russie en mai, même si plusieurs de ses dignitaires restent accusés de prises de position prorusses.
Ces appels à une trêve interviennent après une frappe ukrainienne dans la nuit du Nouvel An qui a fait au moins 89 morts à Makiïvka, dans l'est de l'Ukraine. Un bombardement particulièrement meurtrier que l'armée russe a dû reconnaître, fait extrêmement rare, et qui a suscité des critiques en Russie à l'encontre du commandement militaire russe.
Selon la presse russe, le bâtiment réduit en poussière par une frappe de HIMARS, une arme fournie par les Etats-Unis, abritait des centaines de mobilisés, donc des soldats non professionnels.
«Garder votre hypocrisie»
"La Russie doit quitter les territoires occupés, c'est alors seulement qu'il y aura une 'trêve temporaire'. Gardez votre hypocrisie", a réagi sur Twitter un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak.
Pour le président américain, Vladimir Poutine cherche "à se donner de l'air". Il "était prêt à bombarder des hôpitaux, des crèches et des églises (...) le 25 décembre et lors du Nouvel an", a ironisé Joe Biden. Ce cessez-le-feu russe n'apportera "ni liberté ni sécurité aux personnes qui vivent dans la peur quotidienne sous l'occupation russe", a réagi de son côté la diplomatie allemande.
(AFP/ATS)