Le nombre de victimes dans les rangs russes, initialement estimé à 63, a été revu à la hausse après la découverte de nouveaux corps dans les ruines du bâtiment à Makiïvka, visé par une frappe ukrainienne le 1er janvier à 00h01 (23h01 suisses), juste après le passage à la nouvelle année, a indiqué le général russe Sergueï Sevrioukov dans un message vidéo diffusé par son ministère.
Selon lui, la «cause principale» de la frappe est «l’utilisation massive par le personnel de téléphones portables» malgré l’interdiction de le faire, ce qui a permis aux forces ukrainiennes de géolocaliser cette concentration de soldats russes.
Sergueï Sevrioukov a assuré que «les mesures nécessaires sont prises pour éviter de tels incidents tragiques à l’avenir» et que «les responsables seront tenus de rendre des comptes». Il s’agit du plus lourd bilan en une seule attaque admis par Moscou depuis le début de l’offensive en février, qui intervient après une série d’embarrassants revers militaires sur le terrain.
Nouvelles critiques contre l’armée
Selon les médias russes, les victimes étaient des mobilisés, donc des soldats non professionnels. L’annonce de ce bilan plus lourd n’a pas manqué de susciter de nouvelles critiques envers le commandement militaire russe, déjà fustigé lundi et mardi pour son «incompétence» par des correspondants de guerre et commentateurs russes.
La patronne de la chaîne RT, le fer de lance de la propagande du Kremlin à l’international, Margarita Simonian, a appelé à rendre public les noms des officiers russes et «la mesure de leur responsabilité». «Il est temps de comprendre que l’impunité ne conduit pas à l’harmonie sociale. L’impunité conduit à de nouveaux crimes. Et, par conséquent, à la dissidence publique», a-t-elle écrit sur Telegram.
Le responsable séparatiste prorusse Denis Pouchiline a lui tenu à louer «l’héroïsme» des soldats ayant survécu à la frappe ukrainienne, qui ont «risqué leur vie» en allant «secourir leurs camarades» sous les décombres. D’après lui, le commandant adjoint du régiment a été tué.
Selon l’armée russe, cette attaque a été menée à l’aide de systèmes lance-missiles HIMARS, une arme fournie par les Etats-Unis à l’Ukraine, qui permet de frapper loin derrière les lignes ennemies.
Appel à la «vengeance»
L’état-major ukrainien a confirmé avoir mené cette frappe et le département des communications stratégiques de l’armée ukrainienne a revendiqué un bilan bien plus lourd dans les rangs russes. Selon le ministère britannique de la Défense, compte tenu de la destruction du bâtiment à Makiïvka, «il existe une possibilité réaliste que des munitions étaient stockées à proximité des logements des troupes».
Fait inhabituel en Russie, où les pouvoirs publics restent souvent discrets sur les pertes militaires en Ukraine, environ 200 personnes s’étaient réunies mardi avec l’aval des autorités à Samara (centre), d’où étaient originaires certains des soldats tués, pour pleurer les morts lors d’une cérémonie orthodoxe.
«C’est très dur, c’est effrayant. Mais nous ne pouvons pas être brisés. Le chagrin nous unit», a dit Ekaterina Kolotovkina, présidente d’un groupe d’épouses de soldats, en appelant à la «vengeance». Le président russe Vladimir Poutine n’a pas encore réagi publiquement.
Les combats se poursuivent
Sur le front en Ukraine, les combats se poursuivaient mercredi. Le général russe Sergueï Sevrioukov a affirmé que ses forces avaient détruit plusieurs lance-missiles ukrainiens à Droujkivka, dans la région de Donetsk, et infligé de lourdes pertes après l’attaque de Makiïvka. L’Ukraine a de son côté fait état d’un mort et de la destruction d’une patinoire.
Le gouverneur de la ville de Sébastopol en Crimée annexée, Maikhaïl Razvojaïev, a lui rapporté que la flotte russe avait repoussé une attaque de drones ukrainiens, dont deux ont été abattus.
Côté ukrainien, l’état-major a rapporté mercredi des bombardements sur Kramatorsk (est), Zaporijjia et Kherson (sud). Les combats se poursuivent aussi notamment à Bakhmout, le point le plus chaud du front, situé dans l’est du pays.
Selon l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), l’armée russe reste toutefois confrontée à des «échecs systémiques» d’organisation, qui pèsent sur sa capacité opérationnelle en Ukraine.
(ATS)