Le succès de Valeri Zaloujny devient trop dangereux
Voici pourquoi Volodymyr Zelensky veut virer son chef d'armée

En début de semaine, Volodymyr Zelensky voulait limoger son chef d'armée Valeri Zaloujny. Mais les Etats-Unis ont stoppé le président ukrainien. Comment est-on arrivé à cette délicate lutte de pouvoir au plus haut niveau? Explications.
Publié: 31.01.2024 à 20:36 heures
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Lors d'une réunion avec des officiers supérieurs, le président Volodymyr Zelensky a offert un pistolet au chef de l'armée Valeri Zaloujny.
Photo: IMAGO/ZUMA Wire
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Guido Felder

Les choses se gâtent au plus haut niveau de l'armée ukrainienne. Le président Volodymyr Zelensky aurait tenté de limoger le commandant en chef Valeri Zaloujny. Ce dernier avait pris la tête de l'armée quelques mois avant l'invasion russe. Il est largement responsable de la réussite de l'armée face aux agressions russes, et même des reconquêtes de territoires.

Mais pourquoi le président ukrainien veut-il se débarrasser de l'un de ses meilleurs stratèges militaires? Spoiler alert: il s'agit d'un combat de coqs des plus classiques. Valeri Zaloujny est devenu trop critique, trop populaire et trop dangereux pour lui.

Trop critique

L'automne dernier, Valeri Zaloujny a contredit l'optimiste Volodymyr Zelensky. Il a déclaré que les combats étaient au point mort et que l'armée n'avait pas été couronnée de succès, à l'inverse des déclarations de Volodymr Zelensky. Malgré de nouvelles armes venues de l'Ouest, l'Ukraine n'a pas eu le succès escompté, probablement en raison de sa répartition sur trop d'axes. Et cette stratégie a fait des milliers de victimes ukrainiennes.

Lundi, Valeri Zaloujny avait réitéré ses critiques. Selon le «Times», il a fait savoir aux conseillers présidentiels que leurs évaluations de la situation militaire étaient plus positives que réalistes. Il aurait ensuite été invité à démissionner.

Trop populaire

Dans certains sondages, le chef de l'armée est considéré comme plus populaire que Volodymyr Zelensky. L'ancien président ukrainien et politicien d'opposition Petro Porochenko a fait l'éloge de Valeri Zaloujny. Il serait l'incarnation de l'unité qui sauve le pays de l'asservissement par Moscou. Son licenciement n'est ainsi pas motivé par des raisons militaires et stratégiques, mais par «l'émotion et la jalousie».

Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, soutient également Valeri Zaloujny. Il est tout aussi critique sur Volodymyr Zelensky. Il témoigne dans le «Spiegel»: «A partir d'un certain moment, nous ne serons pas différents de la Russie, où tout dépend des caprices d'un seul homme.»

Valeri Zaloujny jouit d'une grande reconnaissance auprès des soldats. Selon les médias, le président ukrainien s'immisce donc de plus en plus dans les décisions militaires en communiquant directement avec les commandants.

Trop dangereux

Des élections présidentielles sont prévues en mars en Ukraine. Mais elles ont été reportées en raison de la loi martiale actuellement en vigueur. Valeri Zaloujny n'a certes jamais déclaré publiquement qu'il souhaitait se présenter, mais il semblerait que la fonction présidentielle le tenterait – selon le bruit qui court dans le pays.

Les médias ukrainiens avancent que Valeri Zaloujny serait le seul à pouvoir menacer Volodymyr Zelensky. Et selon un sondage Rating de décembre, Valeri Zaloujny devance même le président ukrainien actuel.

En novembre, Volodymyr Zelensky avait indirectement mis en garde son chef des armées contre des ambitions politiques. Ce serait «une grande erreur» si des commandants menaient une guerre «en pensant qu'ils pourraient demain faire de la politique ou se présenter aux élections».

Avec sa tentative d'éviction, Volodymyr Zelensky voulait avant tout se débarrasser d'un concurrent. Mais il ne l'a pas fait parce que les Etats-Unis ont mis leur veto. Cela prouve, une fois de plus, comment la Maison Blanche, en tant que plus grand fournisseur d'armes, exerce une influence politique importante sur Kiev.

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