Le procureur a parlé
Dans l'affaire Emile, les enquêteurs se retrouvent accusés

Les quatre gardés à vue dans l'affaire Emile – dont les deux grands-parents maternels du garçon disparu – ont été libérés jeudi matin. Les enquêteurs se retrouvent dans la tourmente après la conférence de presse du procureur ce jeudi à la mi-journée.
Publié: 27.03.2025 à 09:48 heures
|
Dernière mise à jour: 27.03.2025 à 13:16 heures
1/5
La résidence principale des grands-parents maternels d'Emile dans les Bouches du Rhône a été perquisitionnée.
Photo: AFP
Blick_Richard_Werly.png
Richard WerlyJournaliste Blick

Ils n’en peuvent plus. Et parmi eux, les plus éprouvés sont les gendarmes de la section de recherche de Marseille, chargé de la plupart des perquisitions et des fouilles dans le hameau du Haut Vernet, où le petit Émile Soleil a disparu en juillet 2023.

Les dizaines d’enquêteurs mobilisés depuis deux ans pour élucider le mystère de la disparition du garçonnet de deux ans et demi, dont le crâne et des ossements ont été retrouvés à la fin mars 2024, savent que chaque mot du procureur de la République d’Aix-en-Provence, ce jeudi 27 mars, relance les interrogations sur leur travail depuis deux ans.

Fin des gardes à vue

Le magistrat s'est exprimé en fin de matinée après la fin de la garde à vue des quatre personnes interpellées deux jours plus tôt, à l’aube, pour être interrogés dans des commissariats distincts. Parmi eux figurent les deux grands-parents maternels d’Emile, plus un oncle et une tante du petit garçon. Aucune charge n’a été retenue contre eux après les 48 heures d’interrogatoires, que les policiers ont évidemment recoupés, cherchant les failles dans leurs récits.

Les enquêteurs n’en peuvent plus, parce que la population locale, et la France entière, ne comprend pas. Comment un enfant peut-il disparaître et se volatiliser dans un bourg alpin aussi petit que le Haut-Vernet, après avoir échappé à la surveillance de son grand-père maternel, Philippe Vedovini? Une pression alimentée par les saisies récentes d’une jardinière placée à l’entrée du cimetière local, d’une voiture et d’une remorque pour chevaux appartenant aux grands-parents, et d’une jardinière placée devant l’entrée du cimetière de ce village où la famille d’Emile passait d’ordinaire ses vacances.

Accumulation d’indices

Tout concorde pour penser qu’au fil de leurs investigations, les gendarmes ont accumulé des indices. Le crâne et les ossements de l’enfant ont été scannés, étudiés, analysés. Problème: rien ne mène à une piste crédible, malgré un traumatisme facial et la quasi ceritude que le corps de l'enfant a été transporté.

Les enquêteurs sont surtout mis en cause parce que trop de temps s’est écoulé. Pourquoi avoir attendu presque deux ans pour mettre en garde à vue des membres de la famille pour «homicide volontaire et recel de cadavre» ? Dès leur libération, jeudi matin, les grands-parents ont dit «espérer» que la piste «intrafamiliale» soit écartée. Sauf que les soupçons demeurent. Et qu’une autre affaire jamais élucidée remonte à la surface. Une affaire qui continue de bouleverser la France, la disparition du petit Gregory en octobre 1984. Là aussi, la famille s’était retrouvée broyée par l’étau de l’enquête et la justice. Sans résultats.

Enquêteurs mis en cause

Qui sont les enquêteurs mis en cause? Les premiers sont les gendarmes de la section de recherche de Marseille, assistés par deux collègues du département des sciences du comportement, chargés de décrypter les réactions des gardés à vue. Les seconds sont les enquêteurs de la police scientifique qui continuent de chercher des traces d’ADN du garçonnet qui pourraient permettre de reconstituer ces derniers pas dans le village, et d’élucider la découverte de son crâne à environ deux kilomètres de la rue où il a disparu.

En dernier figurent les enquêteurs chargés des aspects plus techniques: les équipes cynophiles déployées autour du village, les policiers chargés des écoutes téléphoniques, et ceux qui ont procédé mardi 25 mars à la perquisition du domicile des grands-parents maternels à La Bouilladisse, une commune de 6000 habitants entre Aix en Provence et Aubagne.

Enlèvement et séquestration

Du côté judiciaire, les investigations ouvertes par le parquet de Digne, dans les Alpes de Haute Provence, ont rapidement basculé au tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), où deux juges d’instruction sont saisis. L’enquête a été élargie aux faits criminels «d’enlèvement» et «séquestration». Les obsèques d’Émile ont été célébrées le 8 février 2025 à la basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var), en présence de toute la famille.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la