De serviteur de l'État à ennemi public de l'Allemagne, Maximilian Eder a d'abord longtemps fait carrière avec succès dans l'armée allemande. Jusqu'à devenir colonel de grenadiers de chars, avec pour mission de devoir protéger l'Allemagne et ses concitoyens. Mais rapidement, le vent tourne. En putschiste, Maximilian Eder aurait tenté de plonger l'Allemagne dans le chaos. Il est alors considéré comme un membre important de l'Union patriotique, une organisation présumée terroriste fondée en 2021 et qui avait apparemment l'intention de fomenter un putsch par la force des armes.
Mais le groupe a été démasqué et des rafles d'arrestations ont suivi. Les menottes ont également claqué pour Maximilian Eder, qui a été arrêté début décembre 2022 à Pérouse (Italie) à la suite d'un mandat d'arrêt européen et transféré en Allemagne. Depuis avril, le gourou et ses co-conspirateurs présumés sont jugés dans le cadre d'un gros procès.
Enfants enlevés et torturés
Mais Maximilian Eder est aussi un personnage extrêmement controversé qui aurait des liens avec la Suisse. L'homme aux longs cheveux blancs et aux yeux bleus acier, s'est fait un nom en tant que gourou des «Reichsbürger». Les citoyens du Reich rejettent l'État allemand et sont souvent liés à l'extrémisme de droite ou à l'antisémitisme. Ou alors, comme Maximilian Eder, ils défendent des théories du complot crues, notamment en rapport avec les abus sexuels sur les enfants. Le «Tages-Anzeiger» a ainsi rapporté comment le gourou a affirmé, lors d'une intervention à Baden-Baden en Allemagne en mai 2022, que des enfants étaient enlevés en Suisse via un système de tunnels puis torturés.
Dans ce discours, il a évoqué le fait qu'il devait protéger «deux familles» de Suisse. L'un de ces cas doit être examiné mardi et mercredi par le tribunal de Dorneck-Thierstein (Soleure).
Mise en danger massive du bien-être de l'enfant
Un coup d'œil sur l'acte d'accusation montre qu'environ un an avant l'arrestation de Maximilian Eder, la Suissesse Sofia G.* a enlevé son fils Noa* (alors âgé de 5 ans) pendant les vacances d'automne, avant d'emménager pendant environ un mois chez le gourou des citoyens du Reich. Ensemble, ils ont vécu dans une maison à Eppenschlag, en Bavière, près de la frontière avec la République tchèque, où Maximilian Eder vivait depuis sa retraite.
L'acte d'accusation ne précise pas ce que Noa a vécu chez lui durant cette période. Il est toutefois précisé que «les conditions d'hygiène étaient inquiétantes». Il est également écrit que la situation sur le lieu de séjour était massivement contraire au bien-être de l'enfant. Ainsi, Noa n'a pas pu aller au jardin d'enfants, ni suivre la thérapie logopédique nécessaire.
Deux assistantes sont également accusées
Selon l'acte d'accusation, la mère Sofia G. est partie du principe que son fils était victime d'abus sexuels. C'est justement Maximilian Eder qui devait l'aider à vérifier ces soupçons. Selon l'acte d'accusation, cette situation «était extrêmement préjudiciable au bien-être de l'enfant».
En première instance, Sofia G. doit désormais répondre d'enlèvement et de séquestration de mineurs. Concrètement, le ministère public lui reproche d'avoir enlevé son enfant en Allemagne contre la volonté du père, qui en avait la garde. Noa a pu être libéré et rendu à son père le 16 novembre 2021.
En lien avec l'enlèvement présumé, le parquet accuse en outre deux autres femmes de complicité. Elles auraient présenté Sofia G. à Eder. Blick est sur place lors du procès et en rend compte en direct.
* Noms modifiés