Le procès se poursuit
Viols de Mazan: les doutes persistants de l'ex-compagne d'un accusé

Le procès des viols de Mazan se poursuivait ce lundi. Une femme a dit s'inquiéter du fait que l'un des 50 coaccusés, son ex-compagnon, ait pu utiliser sur elle le même procédé que Pelicot. Elle a confié vivre dans un doute constant.
Publié: 23.09.2024 à 18:56 heures
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AFP Agence France-Presse
Croquis d'audience de Dominique Pelicot (c) lors de son procès au tribunal d'Avignon, le 17 septembre 2024
Photo: BENOIT PEYRUCQ

«Je ne sais pas si j'ai été violée! C'est terrible, je resterai toujours dans le doute», s'est exclamée lundi, en larmes, devant la cour criminelle de Vaucluse l'ex-compagne d'un des 50 coaccusés des viols de Mazan.

Agée de 33 ans, Emilie O., a expliqué à la barre se questionner au quotidien sur le fait que son ex-compagnon, Hugues M., 39 ans, ait pu ou non reproduire sur elle le même procédé que Dominique Pelicot sur son ex-épouse pendant 10 ans: la droguer avec des anxiolytiques, la violer voire la faire violer par des dizaines d'inconnus recrutés sur internet.

«J’ai été manipulée et j'ai vécu dans le mensonge. J’adorais ma «vie» mais «je reste toujours dans le questionnement», a-t-elle expliqué debout devant son ancien conjoint, sans lui jeter un regard, avec qui elle avait vécu cinq ans. Alors en couple, ce dernier, carreleur de métier, s'était rendu une nuit en 2019 au domicile des Pelicot pour agresser sexuellement Gisèle aux côtés de son ex-mari, Dominique.

Il est jugé depuis le 2 septembre à Avignon au côté de 50 coaccusés âgés de 26 à 74 ans, infirmier, pompier, journaliste, informaticien etc.- dans un procès devenu emblématique de la soumission chimique et des violences sexuelles.

«Je pensais vivre une vie paisible et épanouissante mais j'étais en erreur», a-t-elle ajouté, parlant d'un compagnon «toujours respectueux, prévenant, doux», avec lequel elle avait des «relations sexuelles assidues» et partageait leur passion commune pour la moto.

Leur union a pris fin en novembre 2020 quand elle a su qu'il avait plusieurs relations extraconjugales. «Il disait ressentir des pulsions et avoir un besoin d’adrénaline qu’il ne retrouvait qu’en faisant de la moto et dans ses rapports sexuels», a-t-elle affirmé.

«Cauchemar»

Sa vie, qu'elle tente de reconstruire, bascule à nouveau quand, en septembre 2021, elle reçoit un appel de la police judiciaire d'Avignon. «On me convoque et là on m’apprend qu'Hugues a violé une dame en octobre 2019, quelques jours avant mon anniversaire. Je ne les crois pas, je suis sidérée, choquée, je demande à voir la photo et là je me rends compte que ce n'est pas un cauchemar», a-t-elle détaillé. Hugues M. est depuis poursuivi pour «tentative de viol», n'ayant pu aller jusqu'à la pénétration.

Elle se remémore alors une nuit de 2019 où elle s'était réveillée alors que son compagnon entamait sur elle une relation sexuelle pendant qu'elle dormait. Elle avait aussi été «prise de vertiges» entre septembre 2019 et mars 2020 et avait porté plainte. Mais les analyses effectuées sur elle durant l'enquête pour déceler une éventuelle soumission chimique n'ont rien décelé et sa plainte a été classée sans suite, «faute de preuves matérielles».

Le procès des viols de Mazan se poursuivait lundi.
Photo: CHRISTOPHE SIMON

Elle vit malgré tout avec le doute d'avoir été victime de soumission chimique. Emilie O. s'est effondrée en larmes en fixant Gisèle Pelicot qui, elle, lui a souri, en marque de soutien.

Vivre dans le doute

Outre Hugues M., la cour a débuté lundi l'étude des faits pour cinq coaccusés dont Joan K., le plus jeune, aujourd'hui âgé de 26 ans mais qui avait 22 ans au moment des faits, soupçonné de s'être rendu à deux reprises chez le couple Pelicot à Mazan, petite ville du Vaucluse, pour violer Gisèle. Dont une fois en novembre 2019, plutôt que d'assister à l'accouchement de sa compagne, avec qui il était séparé.

De «caractère dépressif» par les enquêteurs, il devrait s'expliquer sur ses agissements en fin de semaine. La salle d'audience était très dégarnie pour la première fois depuis l'ouverture du procès le 2 septembre, du fait des nombreuses dispenses accordées par le président aux accusés non directement concernés par les faits cette semaine. À chacune de ses arrivées et départs du tribunal, Gisèle Pelicot fait toujours l'objet d'un tonnerre d'applaudissements du public.

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