Les Européens doivent fixer des lignes rouges dans la perspective d'un règlement du conflit en Ukraine, et notamment s'opposer à une structure de sécurité fondée sur des sphères d'influence, a estimé dimanche le président finlandais Alexander Stubb.
Pas d'entrée en matière sur le «fantasme russe»
«Il n'est pas question d'ouvrir la porte à ce fantasme russe d'un nouvel ordre de sécurité indivisible au sein duquel il y aurait des sphères d'intérêts», a-t-il affirmé au dernier jour de la Conférence sur la sécurité de Munich. Autre point «non-négociable» selon lui, «l'appartenance de l'Ukraine à l'UE et à l'Otan»: «c'est une décision qui revient aux Ukrainiens».
Les Etats-Unis ont jugé cette semaine qu'une adhésion de l'Ukraine à l'Otan, voulue par Kiev mais absolument rejetée par Moscou, ne serait «pas réaliste». Des représentants américains doivent tenir dans les prochains jours des pourparlers en Arabie saoudite avec des négociateurs russes et ukrainiens pour tenter de mettre fin à la guerre.
Un processus en trois phases
Pour Alexander Stubb, cela requiert un processus en trois phases. Avant d'ouvrir des négociations, «nous devons réarmer l'Ukraine et mettre une pression maximale sur la Russie», a-t-il estimé, notamment via des sanctions supplémentaires contre la Russie et l'utilisation de ses avoirs gelés, «afin que l'Ukraine commence ces négociations dans une position de force». Viendrait ensuite un cessez-le-feu, pendant lequel des «mesures de confiance» pourraient être mises en place, telles que des échanges de prisonniers ou «la remise des enfants kidnappés», a-t-il détaillé. Pour assurer le maintien du cessez-le-feu, les Ukrainiens seraient «à l'initiative, l'Europe en soutien et les Etats-Unis en filet de sécurité», selon lui.
La troisième étape consisterait à ouvrir les négociations de paix proprement dites. «Elles prendront probablement beaucoup de temps, mais c'est le moment où vous commencez à discuter de questions plus compliquées, telles que le territoire, la sécurité, les compensations, la reconstruction», a jugé le président finlandais.
S'ils veulent peser sur le processus, les Européens doivent «prendre plus de responsabilités pour eux-mêmes», en renforçant leur défense, et «réfléchir aux moyens par lesquels l'Europe peut apporter une valeur ajoutée aux États-Unis», a-t-il affirmé, avant de lancer: «nous devons parler moins et agir davantage».