Le peuple a tranché
En Irlande, les références aux femmes dans la Constitution resteront inchangées

Le «non» ressort en tête samedi en Irlande dans les premiers dépouillements du double référendum visant à moderniser les références aux femmes et à la famille dans la Constitution. Le projet avait été critiqué dans ce pays à la forte identité catholique.
Publié: 09.03.2024 à 14:51 heures
Les bureaux de vote ont fermé vendredi soir en Irlande, où les électeurs se sont peu mobilisés lors du référendum visant à moderniser les références aux femmes et à la famille dans la constitution.
Photo: Gareth Chaney

Si cette tendance précoce se confirme, ce serait un coup dur à la fois pour le gouvernement de centre-droit dirigé par le Premier ministre Leo Varadkar, qui a porté ce référendum, mais aussi pour tous les principaux partis politiques du pays, qui ont également fait campagne pour le «oui».

Alors que les estimations suggèrent que la participation n'a pas dépassé les 50% dans la plupart des 39 circonscriptions, selon les médias irlandais, dans nombre d'entre elles, le décompte donne en fin de matinée un avantage au «non», qui totalise par endroits plus de 70% des bulletins dépouillés.

«Cela ressemble à un vote 'non'», a concédé à la mi-journée le ministre des Transports Eamon Ryan à des journalistes. «Nous devons attendre jusqu'à ce que le décompte soit terminé, mais si c'est un vote 'non' sur les deux (questions), alors nous devrons le respecter», a-t-il ajouté.

Le «oui» donné gagnant quelques jours plus tôt

Avant le vote, le Premier ministre Leo Varadkar avait estimé qu'une victoire du «Non» ferait faire «un pas en arrière» au pays. «Cela enverrait à de nombreuses personnes le message qu'ils ne sont pas une famille selon notre Constitution», avait-il affirmé, tandis que serait maintenu «le langage très démodé sur les femmes au sein du foyer, et les devoirs des mères au sein du foyer». L'Irlande, pays de l'Union Européenne aux 5,3 millions d'habitants, a légalisé le mariage pour les couples de même sexe en 2015, et l'avortement en 2018.

Le gouvernement comptait sur ce double référendum, organisé le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, pour effacer un peu plus l'empreinte laissée par l'Eglise catholique dans les institutions et la vie sociale et privée. Jusqu'à quelques jours du scrutin, les sondages prédisaient un vote assez facile du référendum, mais les derniers sondages avaient révélé une incertitude croissante.

Victoire pour la communauté catholique

Les résultats finaux seront connus, en deux temps, plus tard dans la journée, sur les deux questions soumises aux près de 3,5 millions d'inscrits sur les listes électorales. La première concernait la définition de la famille, proposant de l'élargir au-delà de celle fondée sur le mariage, pour inclure également les «relations durables» comme les couples en concubinage et leurs enfants.

La seconde question proposait d'effacer une référence jugée dépassée sur le rôle des femmes dans le foyer, qui suggère qu'elles ont le devoir de prendre soin des autres personnes sous leur toit. Une nouvelle formule, plus large, imputerait à tous les membres d'une famille la responsabilité de prendre soin les uns des autres. Les deux amendements portent sur l'article 41 de la Constitution, mais les opposants à ces changements ont critiqué des formulations vagues, en particulier sur la deuxième question, et la disparition des mots «femme» et «mère» du texte.

«Personne ne sait exactement ce qu'est une 'relation durable', alors que tout le monde sait exactement ce qu'est un mariage», avait notamment fustigé David Quinn, fondateur de l'Institut Iona, un groupe défendant les intérêts de la communauté catholique.

(ATS)

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