Le père voulait la faire tuer
Cette Afghane a fui sa famille rigoriste pour devenir star du porno

L'Afghane Yasmeena Ali a vécu son enfance sous le régime répressif des talibans, puis d'un cercle familial rigoriste. Devenue actrice porno, son père a voulu la faire tuer pour laver l'honneur de la famille. Aujourd'hui, elle se déclare plus épanouie que jamais.
Publié: 04.02.2022 à 14:30 heures
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Dernière mise à jour: 04.02.2022 à 17:08 heures
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Adolescente, Yasmeena Ali a décidé de tourner le dos à sa famille et à la religion.
Photo: Instagram yasmeena.eu
Carla De-Vizzi

Elle a vécu des années sous la coupe des talibans. Aujourd’hui, l’Afghane Yasmeena Ali, 28 ans, est une star du porno.

C’est le «New York Post» qui se fait l'écho de cette histoire incroyable, que Yasmeena Ali a aussi confiée au podcast «I hate porn». Pour vivre sa vie comme elle l'entend, elle a dû tout abandonner, y compris son entourage: son père a essayé de la faire tuer pour laver l’honneur familial. Malgré tout, elle ne regrette rien et se dit plus épanouie que jamais.

Du foulard aux jarretelles

Née en 1993 à Kaboul, la sulfureuse actrice a vécu son enfance sous le régime répressif des talibans avant d’émigrer au Royaume-Uni avec sa famille au début des années 2000. Mais cela n’a pas changé grand-chose: le foyer musulman dans lequel elle a grandi est resté très strict et ne lui laissait guère plus de libertés.

À l’adolescence, elle quitte sa famille, change de mode de vie, d’alimentation et d’habillement. Et commence à redécouvrir son corps. «Au début, je ne pouvais pas me masturber. Je n’arrivais pas à avoir d’orgasmes, témoigne-t-elle. Après un mois, j’ai enfin réussi à atteindre le climax. C’était un véritable déclic.»

Elle se découvre une passion pour le sexe. Elle commence alors sa carrière fulgurante dans le porno. Dans la foulée, elle se marie avec un photographe juif, David Cohen, et déménage en Europe de l’Est.

Son père engage un tueur à gages

C’est en trop pour sa famille. Ses mœurs sont considérées dégradantes. Son mariage avec un Juif, insupportable. Ses proches se retournent contre elle. En 2020, elle fait la Une des journaux après l’arrestation de son père et de son cousin, accusés d’avoir voulu la faire tuer.

En août 2018, son père se serait rendu à sa recherche en Slovaquie. Il aurait engagé un tueur à gages pour l’assassiner, pour la modique somme de 70’000 dollars (65’000 francs). Arrêtés au Royaume-Uni, le père et le cousin de Yasmeena Ali sont sous procédure pour être extradés vers la Slovaquie.

«Ma vie, mon corps, mon droit»

L’actrice déclare que sa famille n’aurait voulu lui transmettre que des valeurs de crainte: celle de Dieu, de l’enfer ou d’autres châtiments. «J’ai quitté l’Islam, que mon père ne supportait pas que j’aie souillé, ainsi que la culture afghane et l’honneur de ma famille.»

Elle se déclare aujourd’hui athée. L’opinion des autres? Très peu pour elle. «Au final, c’est ma vie et je ne me soucie pas des réactions des gens face à ma carrière. Je suis mon cœur et je fais ce que je veux. Car c’est ma vie, mon corps, mon droit.»

Des sociétés frustrées

Dans le podcast, Yasmeen Ali critique également les talibans, et ce qu’elle considère comme de la frustration sexuelle de leur part. «Je ne serais pas surprise que ce soit de grands amateurs de porno, analyse-t-elle. Les sociétés où les gens sont sexuellement opprimés sont obsédées par le sexe. La majorité des amateurs de porno dans le monde viennent du Moyen-Orient et d’Inde.»

Une quantité considérable de matériel pornographique avait en effet été trouvé sur les ordinateurs d’Oussama ben Laden, leader d’Al-Quaïda, lors de sa mort en 2011.

La seule star du porno afghane

L’actrice décrit l’état de la société dans son pays d’origine. Elle assure avoir vu des gens se faire tabasser parce qu’ils refusaient d’obéir aux ordres des talibans, dénonce les cas de violence domestique et explique que les homosexuels afghans ne sont pas en mesure d’avouer leur véritable sexualité, de peur d’être assassinés.

Yasmeena Ali n’est pas seulement décrite comme «une star du porno afghan», mais comme la «seule star porno» du pays. «Ils ne veulent pas que l’Afghanistan soit assimilé au porno», a-t-elle déclaré. «Ils pensent qu’ils possèdent mon corps et ce que je peux faire avec mon corps, que je n’ai pas le droit de le montrer.»

Des femmes très bien payées

Elle note la chance qu’elle a pu de pouvoir se réapproprier son corps, provenant d’une culture où la féminité est opprimée à un niveau alarmant. Yasmeena Ali a aussi pu se rendre compte des avantages que pouvait son statut de femme libérée.

Dans le monde du porno, contrairement à la grande majorité des autres industries, c’est la femme qui est beaucoup mieux payée que l’homme. «J’ai été surprise de voir à quel point les femmes gagnent plus que leurs collègues masculins», confie-t-elle.

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