Lorsque Annalena Baerbock s'est rendue vendredi dans la capitale syrienne Damas, le tollé médiatique a été grand lorsque le nouveau dirigeant Ahmad al-Charaa a refusé de lui serrer la main. Cela aurait été plus qu'un simple geste de bienvenue: un signe d'ouverture de la Syrie, vers plus de tolérance et d'inclusivité – une promesse faite par les rebelles après la chute du système Assad.
Mais le geste n'a jamais eu lieu. Seul l'homologue français de la ministre allemande des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a eu droit à cet honneur. Annalena Baerbock semblait s'y être préparée: «Je savais en tout cas qu'il n'y aurait manifestement pas de poignées de main ordinaires», a déclaré la politicienne en réponse à la question d'une journaliste. «Nous jugerons les nouveaux dirigeants à leurs actes», a-t-elle encore précisé plus tard à la télévision allemande. Le fait que le nouveau dirigeant ait refusé de lui serrer la main «montre de quel coin idéologique il vient».
Ahmad al-Charaa est le chef du groupe rebelle islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTC), qui a largement contribué à la chute du dirigeant de longue date Bachar al-Assad. Il était auparavant connu sous son nom de guerre Abu Mohammed al-Djoulani. Le groupe HTC est issu du Front Al-Nosra, une branche du réseau terroriste Al-Qaïda.
Un nouveau programme scolaire inquiétant
Ahmad al-Charaa a promis une Syrie pour tous, donc aussi pour les minorités religieuses. «C'est justement pour cette raison que de tels entretiens sont importants le pays», a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères. «En tant qu'Européens, nous ne voulons pas être les bailleurs de fonds d'une islamisation.
Mais aujourd'hui, comme l'écrit CNN, des modifications radicales du programme scolaire indiquent précisément un tel phénomène. Des termes tels que «martyr» sont redéfinis, peut-on lire et les élèves sont désormais invités à mourir «pour Allah» et non pour la patrie. En outre, un chapitre entier sur les origines de la vie aurait été supprimé d'un manuel de sciences naturelles. «Ceux qui sont maudits et qui se sont écartés du droit chemin» seraient remplacés par «les juifs et les chrétiens». Et le «chemin du bien» serait désormais le «chemin islamique».
Ces modifications présentent sans aucun doute une tendance islamiste. C'est ainsi que l'ont perçu de nombreux internautes qui ont critiqué ces changements sous le post Facebook du ministère syrien de l'Education. Certains utilisateurs se seraient également demandés pourquoi un gouvernement de transition apporte des modifications au programme scolaire. Le ministre de l'Education Nasir al-Kadri a expliqué dans une autre déclaration sur Facebook que seule la «propagande d'Assad» avait été supprimée. De plus, des «interprétations erronées du Coran» ont été corrigées.