Le mystérieux leader afghan
Le chef suprême des talibans a sacrifié son propre fils

Le chef des talibans, Haibatullah Akhundzada, veille sur le nouveau gouvernement afghan. L'homme qui travaille dans l'ombre était auparavant connu comme un leader à la poigne de fer. Comment va-t-il diriger l'Afghanistan à présent?
Publié: 08.09.2021 à 16:54 heures
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Dernière mise à jour: 08.09.2021 à 19:09 heures
Voici le nouvel émir du gouvernement taliban: Hibatullah Achundsada.

Un turban blanc, une barbe tourne au gris et un regard certain mais plutôt fatigué: il s’agit d’Hibatullah Achundsada, le mystérieux chef suprême des talibans, qui, en tant qu’émir, veillera sur nouveau gouvernement et à l’application de la charia en Afghanistan.

On ne sait pas grand-chose du chef taliban de la province de Kandahar, probablement né en 1961. Il n’a pas été vu en public depuis qu’il a été nommé en 2016 pour succéder à Akhtar Mohammed Mansur, tué dans une attaque de drone.

Fils sacrifié pour la cause

Le peu qu’on sait de lui, c’est que c'est un religieux strict qui est allé jusqu’à sacrifier son fils Abdur Rahman pour une attaque kamikaze dans une base militaire afghane à Helmand, en 2017. Pendant le règne des talibans, entre 1996 et 2001, Hibatullah Achundsada a fait office de chef intransigeant du système judiciaire fondé sur une stricte application de la charia, selon les Nations unies.

C’est également à lui que l’on doit la destruction par les talibans, en 2001, des célèbres statues de Bouddha de Bamiyan, qui atteignaient les 53 mètres de haut et faisaient partie du patrimoine culturel mondial de l’Unesco.

À la suite de l’invasion américaine de 2001, il a fui au Pakistan, où il a enseigné et prêché dans une mosquée pendant 15 ans. Un ancien élève se souvient: «Il parlait avec beaucoup d’insistance des États-Unis et de la guerre et du fait que nous ne devions pas abandonner notre djihad.»

Hibatullah Achundsada se distingue des autres dirigeants talibans de par le fait qu’il a gravi les échelons non pas en faisant une carrière militaire mais par son engagement religieux. Il est considéré comme incorruptible et, contrairement à son prédécesseur qui vivait dans le luxe, très modeste.

Dur ou inclusif?

Comment l’Afghanistan se développera-t-elle sous sa direction? S’il conserve sa position stricte, les Afghans devront enterrer leurs espoirs d’un code vestimentaire modéré, d’une éducation pour les femmes et d’un accès aux loisirs. Il y a toutefois de l’espoir: il est dit de lui qu’il a un talent pour l’intégration. Il pourrait donc servir de médiateur entre les partisans de la ligne dure et des forces modérées.

En prenant ses fonctions d’émir, Hibatullah Achundsada a déclaré: «Nous allons reconstruire notre pays déchiré par la guerre.» Il a également promis que les talibans s’engageraient à respecter l’ensemble des lois, traités et obligations internationaux tant qu’ils ne contredisent pas la loi islamique. (gf/chj)

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