«Le Mossad a inséré une carte avec un matériau explosif»
Un cyber-expert nous livre des explications sur l'explosion des bipeurs au Liban

Une attaque meurtrière contre des membres du Hezbollah au Liban a fait au moins 12 morts mardi et au moins 20 mercredi. Raphael Reischuk, expert en cybersécurité, livre des explications sur l'explosion des bipeurs et des talkies-walkies.
Publié: 19.09.2024 à 14:54 heures
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Dernière mise à jour: 19.09.2024 à 15:57 heures
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Le Hezbollah tient Israël pour responsable de l'attaque, mais les autorités israéliennes ne se sont pas encore exprimées sur les incidents.
Photo: AFP
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Christina Benz
Au moins 32 personnes ont été tuées entre mardi et mercredi au Liban, après l'explosion d'appareils de communication du Hezbollah.
Photo: Anadolu via Getty Images

Les appareils électroniques font partie intégrante de notre quotidien. Ils peuvent donc être utilisés à mauvais escient dans des conflits politiques. Les récents événements au Liban et en Syrie en sont un exemple dramatique. Des milliers de bipeurs utilisés par des membres du Hezbollah ont explosé simultanément mardi. Douze personnes, dont deux enfants, sont mortes et plus de 2700 personnes ont été grièvement blessées, selon l'agence de presse Reuters.

Un jour plus tard, une nouvelle vague d'explosions a touché le Liban. Cette fois-ci, ce sont des talkies-walkies qui ont explosé: au moins 20 personnes ont été tuées. Comment des milliers de bipeurs et de talkies-walkies ont-ils pu exploser en même temps? Raphael Reischuk, expert à l'Institut suisse de test pour la cybersécurité, donne des explications pour Blick.

«Une instabilité thermique dans la batterie»

Raphael Reischuk explique que de telles attaques sont une combinaison de méthodes physiques et numériques, plus connue sous le nom de guerre hybride. Les bipeurs modernes ne sont plus de simples moyens de communication comme dans les années 90, mais des appareils compliqués qui regorgent de logiciels et sont donc vulnérables aux cyber-attaques, poursuit l'expert en cybersécurité.

Partout où des logiciels sont utilisés, il y a des points faibles. «Ceux-ci peuvent être exploités et manipulés, par exemple pour provoquer une instabilité thermique dans la batterie. Celle-ci ne suffit toutefois pas à faire exploser un bipeur. Il faut encore une petite quantité d'explosifs», explique Raphael Reischuk. Mais comment l'explosif s'est-il introduit dans les appareils sans être détecté?

«Une platine avec un matériau explosif»

Selon l'expert en cybersécurité, la faute en revient à l'opacité des chaînes d'approvisionnement. «Avec la mondialisation, nous sommes dans une situation où non seulement les données, mais aussi les biens sont déplacés à travers différentes parties du monde avant d'être utilisés à destination», explique Raphael Reischuk. Cela permet aux attaquants d'intercepter et de manipuler les bipeurs. Cela se fait en installant un autre logiciel ou en modifiant légèrement le matériel.

Une source de sécurité libanaise de haut niveau indique à Reuters que le service d'espionnage israélien a précisément exploité cette faille. Les appareils auraient déjà été modifiés «au niveau de la production». «Le Mossad a inséré dans l'appareil une carte de circuit imprimé avec un matériau explosif qui contient un code. Il est très difficile de le détecter par quelque moyen que ce soit», explique encore la source à Reuters.

«Ce n'est pas très sophistiqué sur le plan technique»

Des sources du «New York Times» expliquent comment exactement la mise à feu aurait eu lieu. Un message a été transmis aux pagers à 15h30 (heure locale), venant de la direction du Hezbollah et donc insoupçonnable pour les destinataires. Un interrupteur dans les bipeurs aurait été déclenché par le message et aurait provoqué la détonation. Les appareils ont sonné pendant plusieurs secondes avant que l'explosion ne se produise.

De telles attaques ne sont pas nouvelles, selon Raphael Reischuk. En janvier 1996, des attaques similaires avaient été menées contre des téléphones qui avaient été manipulés et avaient explosé. «Ce n'est pas très sophistiqué sur le plan technique et c'est facile à réaliser pour les services secrets de ce monde», explique l'expert en cybercriminalité.

«Impossible sans explosifs»

Les smartphones dans la poche peuvent-ils également être transformés en bombe potentielle? Selon Raphael Reischuk, c'est possible, mais «nettement plus compliqué». «Il est possible que les batteries au lithium se mettent à brûler si elles surchauffent. Elles peuvent aussi se tordre, mais qu'elles explosent avec cette force cinétique, c'est impossible sans explosifs», précise l'expert.

Le réseau de distribution est toutefois nettement différent de celui des bipeurs. En raison de chaînes d'approvisionnement plus contrôlées, comme celles d'Apple et d'autres fabricants de smartphones, et d'une plus grande densité technologique, il est plus complexe et donc moins probable qu'un explosif soit placé dans les smartphones, estime Raphael Reischuk. «Même si c'est techniquement possible, il sera nettement plus difficile d'obtenir un tel effet dans la pratique.»

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