Le Royaume-Unie est sous le choc: après 44 jours seulement en poste, la Première ministre Liz Truss a jeté l'éponge. Cette annonce ne va certainement pas améliorer la situation économique du pays, déjà précaire.
Les caisses de pension britanniques, notamment, sont menacées de faillite. Le programme fiscal de Liz Truss a eu des conséquences désastreuses. Pour garantir la prévoyance vieillesse de la population, la Banque centrale achetait des obligations d'Etat, jusqu'au 14 octobre. Blick fait le point sur les principaux enjeux.
La prévoyance vieillesse est-elle menacée?
Tout porte à le croire. Selon Gerhard Dannemann, professeur d'économie britannique à l'université Humboldt de Berlin, ce sont les caisses de pension privées qui sont en cause. «Or, celles-ci jouent un rôle important sur les retraites en raison des fonds publics très modestes», explique-t-il. Les Britanniques reçoivent certes une pension de l'Etat, mais celle-ci ne leur suffit généralement pas pour vivre. Ils sont donc tributaires des fonds des caisses de pension. Sandra Holdsworth, responsable des produits à revenu fixe en Grande-Bretagne chez Aegon Asset Management, déclare au «Financial Times»: «Les problèmes des caisses de pension et des assurances pour la retraite sont bien plus importants que quiconque ne l'aurait pensé il y a encore peu de temps.»
Pour quel montant la Banque centrale achète-t-elle des obligations d'Etat?
La Banque d'Angleterre dépense chaque jour environ 10 milliards de livres sterling. Cela représente l'équivalent de plus de 11 milliards de francs suisses. Ceci a pour but que les caisses de pension gardent des liquidités et qu'un effondrement soit évité. Car le mini-budget – nom donné par les médias au nouveau programme budgétaire britannique de la Première ministre, Liz Truss – a des effets dévastateurs. La Banque centrale a commencé à acheter des devises dès la fin septembre, jusqu'à doubler le volume cette semaine.
En quoi consiste exactement le mini-budget?
Le paquet contient, entre autres, des réductions d'impôts massives, en particulier pour les hauts revenus, financées par la dette. Cette mesure pousse les investisseurs, surtout étrangers, à se retirer du Royaume-Uni et creuse un trou gigantesque dans le budget du pays. La panique s'est emparée des marchés financiers: la livre a brièvement chuté à son plus bas niveau face au dollar américain. Les cours des obligations d'Etat britanniques ont également dégringolé, incitant de nombreux investisseurs à les revendre immédiatement. Gerhard Dannemann critique: «Tant l'expertise de la bureaucratie ministérielle que celle des responsables du budget ont été contournées.»
En parallèle et inversement au phénomène, cela signifie aussi que les paiements d'intérêts augmentent. Au point de devenir un problème existentiel pour les caisses de pension. Car celles-ci promettent à leurs clients un certain taux d'intérêt annuel. Et pour y parvenir, elles investissent une grande partie de leurs fonds dans des emprunts d'Etat rémunérés. Les caisses de pension ont en outre dû payer des garanties supplémentaires en raison de l'évolution du marché.
La situation est-elle grave?
Le «Financial Times» cite un responsable anonyme de caisse de pension. Celui-ci affirme que certaines ont déjà failli faire faillite, ce qui aurait entraîné une crise financière dévastatrice au Royaume-Uni. Selon Gerhard Dannemann, «le Royaume-Uni est secouée par les mêmes crises économiques que l'Allemagne, la France ou les Etats-Unis, en raison notamment de la pandémie et de la guerre en Ukraine qui engendre une forte hausse des prix de l'énergie». Le Brexit est également un facteur aggravant.
Que se passera-t-il dès ce vendredi?
Difficile de le prédire avec exactitude. Alors que le gouvernement britannique affirme, selon le «Financial Times», que la Banque d'Angleterre poursuivra ses mesures habituelles, celle-ci a clairement démenti dans un communiqué. Les retraités britanniques continueront donc d'être plongés dans l'incertitude.