Sur les lignes de front entre la Russie et l’Ukraine, les soldats ne sont pas seuls. Aux côtés des blindés et des drones, des ânes font désormais partie du paysage. Sur les réseaux sociaux, les images de ces animaux emmitouflés dans des couvertures ou parqués dans des enclos de fortune se multiplient. Un cliché montre même un soldat russe à dos... de chameau, rapporte «Le Figaro» ce mardi 11 février. Cette dernière photo n'a toutefois pas été authentifiée, contrairement aux autres.
Face à la pénurie de véhicules militaires, le ministère de la Défense russe a dû improviser pour acheminer munitions et fournitures vers la ligne de front. Sa solution? Recourir aux ânes. Une stratégie assumée par le Kremlin. L’ancien général russe Viktor Sobolev, aujourd’hui député et membre de la commission de défense, reconnaît dans les colonnes de la «Gazeta» «les «grandes difficultés» logistiques et justifie ce choix radical: «Il vaut mieux qu’un âne soit tué que deux soldats transportant du matériel dans un véhicule.»
Une méthode vieillotte
Les soldats russes, eux-mêmes étonnés de voir des ânes venir en renfort en 2025, préfèrent en rire qu’en pleurer. Sur une vidéo postée sur Telegram, l'un d'eux ironise: «Ils nous apportent des ânes… des vrais! Quatre au total. Je ne sais pas comment ils vont les répartir… Ils les utilisent pour transporter des munitions. L’ordre est de leur construire un enclos. Au XXIe siècle, on part à la guerre sur des ânes.»
Si la technique peut prêter à sourire, la situation pour la Russie semble plus critique. Selon Oryx, un groupe de chercheurs néerlandais qui suit de près la guerre en Ukraine, les Russes ont perdu 20'270 pièces d'équipement depuis le début du conflit en 2022, rapporte «Independant». Soit trois fois plus que les Ukrainiens qui ont perdu 7755 pièces. Ce décompte comprend les chars, les avions, les blindés, les canons, les drones, les navires ainsi que les systèmes de missiles.
Une guerre d'usure
Malgré son économie de guerre, la Russie ne peut soutenir indéfiniment l’usure du conflit et doit puiser dans ses stocks hérités de l’URSS, dont l’état et la quantité ne sont pas illimités. L’Ukraine, de son côté, est aussi vulnérable: sa production est inférieure à celle de Moscou, ses réserves soviétiques plus limitées et les armes occidentales, rares et coûteuses. Dans cette guerre d’usure, tout se joue sur la capacité des deux camps à tenir dans la durée, rappelle le quotidien français.
Pour Viktor Sobolev, rien de plus normal que d'utiliser des animaux dans les conflits. Dans son interview, il rappelle que lors de la Seconde Guerre mondiale, une partie de l'artillerie était tirée par des chevaux. «Des chiens ont également été utilisés dans cette guerre. Ils étaient chargés d’explosifs et envoyés dans les zones où on en avait besoin», conclut le membre de la Défense russe.
Mais si l’histoire a prouvé que les animaux peuvent être des alliés sur le champ de bataille, elle a aussi montré que les guerres se gagnent rarement avec des solutions du passé. Reste à savoir si les dirigeants, eux, sauront éviter d’être aussi têtus que leurs montures.