Le jet plutôt que la prison
Trump protège-t-il Andrew Tate, l'influenceur masculiniste accusé de trafic d'êtres humains?

L'influenceur controversé Andrew Tate et son frère Tristan se sont envolés pour les Etats-Unis. Ils ont pu quitter la Roumanie, où ils font l'objet d'une enquête pour trafic d'êtres humains. L'entourage de Trump éprouve de la sympathie pour ces hommes problématiques.
Publié: 01.03.2025 à 17:01 heures
Andrew Tate a pu quitter la Roumanie. Il a atterri à l'aéroport de Fort Lauderdale, en Floride.
Photo: Getty Images
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Daniel Jung

Andrew Tate, 38 ans, et son frère Tristan Tate, 36 ans, sont à nouveau libres. Les influenceurs accusés de viol, de trafic d'êtres humains et de blanchiment d'argent ont pu se rendre aux Etats-Unis en jet privé depuis la Roumanie. Leurs restrictions de voyage ont été levées, après que des représentants de haut rang de l'administration Trump sont intervenus en leur faveur.

Mais qui est cette figure, adulée par le président américain?

Une personnalité problématique

Andrew Tate, ancien kick boxeur, s'est fait connaître en Grande-Bretagne en 2016, après s'être fait virer de l'émission télévisée «Big Brother». Des tweets homophobes et racistes, ainsi qu'une vidéo dans laquelle il frappait une femme avec une ceinture avaient alors fait surface. 

Dans les années qui ont suivi, Andrew Tate est devenu un influenceur qui incarne un style de vie de luxe «hypermasculin». Il promeut une idéologie sexiste, telle que la domination masculine et la «possession» des femmes. L'homme musclé est un cliché vivant: il s'affiche sur les réseaux avec des cigares, pratiquant des arts martiaux et conduisant des gros bolides. Et pourtant, il a trouvé son public: sur X, il a plus de 10 millions de followers.

Accusé de viol et trafic d'êtres humains

En 2017, Andrew Tate s'était installé en Roumanie avec son frère, où il a créé plusieurs entreprises. En décembre 2022, ils ont été arrêtés. Le parquet a expliqué qu'ils avaient fait pression sur des femmes pour qu'elles produisent des vidéos à caractère sexuel dans un but commercial. Et les accusations sont lourdes: traite d'êtres humains, viol et blanchiment d'argent. Durant longtemps, les deux hommes n'étaient pas autorisés à quitter la Roumanie. Des procédures pour viol et trafic d'êtres humains sont également en cours en Grande-Bretagne. 

Le Britannique possède aussi la nationalité américaine. Sans surprise, il a apporté son soutient à Donald Trump durant la campagne électorale américaine. «Les Tate seront libres, Trump est président. Le bon vieux temps est de retour. Et ils seront meilleurs que jamais», écrivait Andrew Tate en février dernier. Une prophétie qui semble désormais réalité, puisque les deux frères ont atterri jeudi dernier en Floride, à bord d'un jet privé.

Critique d'une justice politisée

Le «Financial Times» avait récemment rapporté que le gouvernement américain avait fait pression sur la Roumanie afin qu'elle lève les restrictions de voyage pour Andrew et Trisan Tate. Selon le ministre roumain des Affaires étrangères Emil Hurezeanu, l'envoyé spécial de Trump, Richard Grenell, avait évoqué le cas des Tate lors de la conférence sur la sécurité de Munich. «Je n'ai en aucun cas ressenti ce qu'il a dit comme une forme de pression», soutient toutefois Emil Hurezeanu à Euronews Roumanie.

Andrew Tate ne s'est pas prononcé sur une éventuelle ingérence de Donald Trump. Au contraire de son avocat, Joseph McBride: «Faites le calcul vous-même», déclarait-il aux journalistes. Dans un communiqué de presse, Joseph McBride a présenté les deux frères comme des victimes d'une justice politisée – des mots qui rappellent ceux de Donald Trump. Selon Joseph McBride, les deux frères se sentent désormais en sécurité aux Etats-Unis, surtout parce qu'ils sont gouvernés par Trump. 

Sympathie du camp Trump

De son côté, Donald Trump a assuré jeudi aux journalistes qu'il n'était pas au courant de la levée des restrictions des Tate. Il semble pourtant que plusieurs personnes de son entourage ont probablement joué des pieds et des mains pour intervenir en leur faveur.

Le fils aîné du président américain, Donald Trump Jr., a déclaré que l'incarcération de Tate en Roumanie était une «folie absolue». Le milliardaire Elon Musk avait aussi pris position en janvier, en commentant sur X les sorties de Tate sur la politique britannique en affirmant qu'il «n'a pas tort».

Par ailleurs, lors de sa dernière campagne électorale, Trump, sous les conseils de son plus jeune fils Barron, avait fortement misé sur la «manosphère» pour gratter des votes. Il a par exemple assisté à des podcasts de ce milieu, dans lequel les jeunes hommes échangent autour des arts martiaux, des jeux vidéo et des crypto-monnaies. Andrew Tate y est une figure éminente, bien que controversée.

Une association décriée

Le retour d'Andrew Tate ne fait pourtant pas l'unanimité, même au sein du Parti républicain. Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, ne voit pas l'arrivée du masculiniste d'un bon œil: «La Floride n'est pas un endroit où l'on est le bienvenu quand il y a de telles accusations.»

Parmi les partisans de Trump, il ne faut pas oublier qu'il y a de nombreux chrétiens aux idées morales conservatrices. Certes, ils ferment volontiers les yeux sur le mode de vie du président, et de certains de ses ministres. Mais pas sur un personnage aussi agressif qui fait l'objet d'accusations aussi lourdes qu'Andrew Tate. L'association de Trump avec l'influenceur pourrait ternir son image. 

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