«Juridiquement, la compagnie militaire privée Wagner n'existe pas et n'a jamais existé, c'est une question à étudier, à examiner davantage», a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Le Kremlin annonce envisager la légalisation des sociétés militaires privées, notamment le groupe Wagner, dont l'existence n'est actuellement toujours pas autorisée par la loi russe malgré leur implication dans le conflit en Ukraine. Selon Dmitri Peskov, c'est «une question assez complexe, concernant le statut juridique de telles compagnies, et qui doit être étudiée».
Ces déclarations du porte-parole de la présidence russe font suite à un message similaire la veille de Vladimir Poutine, dans une interview au journal Kommersant. «Le groupe (Wagner) est là, mais il n'existe pas juridiquement! (...) C'est une autre question liée à (leur) légalisation effective. Une question qui doit être évoquée à la Douma (chambre basse du Parlement), au sein du gouvernement», a affirmé Vladimir Poutine.
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Le 27 juin, le président russe a affirmé que le groupe Wagner avait reçu près d'un milliard d'euros de l'Etat durant l'année écoulée, malgré son absence de statut juridique. Pendant des années, le Kremlin et le chef de Wagner, Evguéni Prigojine, ont nié l'existence de ce groupe paramilitaire, chargé de mener dans l'ombre des missions militaires et des opérations d'influence pour le compte de Moscou.
En septembre 2022, Evguéni Prigojine a finalement reconnu être le chef de Wagner, qui a participé pleinement aux combats contre l'armée ukrainienne et notamment capturé la ville de Bakhmout, après des mois de combats acharnés.
D'autres groupes militaires privés russes, certains liés à des grandes entreprises ou au ministère de la Défense, ont depuis révélé leur existence.
Possibles remaniements militaires après la rébellion avortée de Wagner
Cette annonce du Kremlin intervient en pleine période de spéculations sur de possibles remaniements militaires après la rébellion avortée de Wagner, le 24 juin, qui a ébranlé le pouvoir russe. Pendant plusieurs heures, les combattants du groupe ont occupé un quartier général de l'armée à Rostov-sur-le-Don (sud-ouest), et parcouru plusieurs centaines de kilomètres en direction de Moscou.
La mutinerie a pris fin le 24 juin au soir, avec un accord prévoyant le départ en Biélorussie de Evguéni Prigojine, tandis que ses combattants pouvaient soit l'y rejoindre, entrer dans l'armée régulière ou retourner à la vie civile. Dans son interview à Kommersant, Vladimir Poutine a affirmé avoir proposé aux combattants de Wagner, lors d'une rencontre au Kremlin le 29 juin, de servir sous le commandement d'un autre homme, mais que Evguéni Prigojine avait refusé cette offre.
Les soldats de Wagner «auraient pu être réunis dans un seul endroit et continuer à servir. Pour eux, rien n'aurait changé, ils auraient été dirigés par la personne qui était leur véritable commandant pendant toute cette période», a affirmé le président russe.
Kommersant précise que cet homme est un commandant de Wagner ayant pour nom de guerre «Sedoï» (Cheveux gris) et qui aurait, selon Vladimir Poutine, réellement dirigé les paramilitaires sur le front ukrainien. «Beaucoup (de commandants de Wagner) ont acquiescé de la tête quand j'ai dit ça. Mais (Evguéni) Prigojine, qui était assis devant, ne l'a pas vu et a dit, après avoir écouté: 'Non, les gars ne sont pas d'accord avec cette solution'», a assuré Vladimir Poutine.
(ATS)