Le (faux) paradis blanc
Une piste de ski voit le jour au beau milieu du Lesotho

Au Lesotho, les habitants peuvent skier dans l'une des seules stations du sud de l'Afrique. Mais cette piste engendre des coûts financiers et environnementaux colossaux.
Publié: 16.08.2024 à 14:40 heures
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Dernière mise à jour: 16.08.2024 à 14:45 heures
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La piste Afriski dans les montagnes Maluti du Lesotho lest recouverte cette année de neige artificielle.
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AFP Agence France-Presse

«J'avais trop envie de skier en Afrique», jubile une touriste éthiopienne casquée sur la seule piste du sud du continent. La piste est une bande d'un kilomètre de poudre artificielle qui se découpe sur fond de montagnes pelées et brûnatres à plus de 3000 mètres d'altitude, au Lesotho.

Mais ce petit paradis pour ceux qui veulent se mettre à la godille, au surf, ou tout simplement voir et toucher de la neige, est menacée par des coûts prohibitifs, notamment pour produire cet or blanc en période de sécheresse.

Sharon Kadangwe, directrice artistique de 29 ans venue du Malawi avec sa mère, a le buste penché et les jambes fléchies, hyper concentrée à sa sortie du tire-fesses. «C'est exaltant et un peu stressant, comme la première fois que j'ai fait du vélo ou nagé. Les premières leçons sont terribles. On finit par trouver un rythme et ça devient rigolo», confie-t-elle en combinaison rose à l'AFP.

Afriski est l'une des seules pistes de ski de la région du sud de l'Afrique.
Photo: AFP

Ce plaisir rare attire pendant l'hiver austral, de juin à août, des visiteurs de tout le continent mais principalement d'Afrique du Sud voisine. Le domaine Afriski, ouvert en 2002 dans les montagnes Maluti (nord-est), a repris ses activités cette année. Il avait été contraint de fermer l'an dernier, en raison de coupures d'électricité et d'autres problèmes logistiques. En l'absence de chutes de neige, le site peut fonctionner grâce aux canons et températures négatives - à l'exception de quelques semaines par an.

«C'est ici que j'ai appris à skier. J'adorerais essayer ailleurs un jour à l'étranger, mais j'ai grandi dans cette région», confie Bianca Rentzke, entrepreneure sud-africaine de 29 ans, qui fréquente la station depuis ses 11 ans. Les moniteurs viennent de France ou des Etats-Unis, mais Afriski cible des clients locaux. «Pour eux, c'est moins cher que d'aller en Europe», explique la gérante Puseletso Mahlakajoe, qui est à la tête de quelque 200 employés.

Des coûts élevés

«Cet endroit est magique, même si nous n'avons qu'une petite colline», s'enthousiasme Shayne Murray, directeur de l'école de ski, sur fond de musique pop diffusée à plein régime. Autour de lui, les visiteurs d'un jour, en T-shirts ou doudounes, sirotent une bière en terrasse ou prennent des selfies sous un soleil capricieux.

Mais ce loisir a un coût. Financier d'abord, avec une journée qui coûte l'équivalent de 60 euros — une somme pour la région. Mais aussi écologique: l'eau pour alimenter les canons provient de huit retenues voisines. Mais personne ne semble particulièrement préoccupé par la facture environnementale d'une telle opération, alors que la région subit depuis plusieurs mois une sécheresse sévère liée au phénomène El Niño.

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Les coûts de fonctionnement sont lourds, souligne Puseletso Mahlakajoe, d'autant que l'opération ne peut s'appuyer sur aucun financement extérieur. «Nous devons nous assurer que notre entreprise fonctionne de manière autonome, et c'est parfois là que le bât blesse. L'électricité est très chère. Certains mois, nous ne sommes pas en mesure de payer notre facture, parce que nous n'avons pas gagné assez d'argent». 

Entourées des montagnes brunes d'un pays en proie à la sécheresse, les trois petites pistes de la station sont cette année recouvertes d'une neige artificielle.
Photo: AFP


Afriski a pu se remettre sur pied après la pandémie de Covid mais la seule autre station de ski de la région, Tiffindel en Afrique du Sud, a été contrainte de fermer ses portes cette année.

Hors saison, Afriski accueille des conférences et des stages de formation d'équipes pour joindre les deux bouts, explique son directeur général, Theo Ferreira. L'entreprise est actuellement stable. Mais «il serait sans doute bon de trouver quelques sponsors», glisse-t-il à l'AFP.

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