Le dilemme d'Olaf Scholz
Ne pas livrer de chars à Kiev, un coup fatal pour la démocratie ukrainienne?

L'Allemagne ne veut toujours pas livrer de chars Léopard 2 à l'Ukraine. Mais cette décision pourrait-elle miner les espoirs d'une transition démocratique durable en Ukraine?
Publié: 22.01.2023 à 14:42 heures
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Olaf Scholz s'accroupit sous le tube de canon d'un char allemand Léopard 2.
Photo: AFP
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Samuel Schumacher

Il fut un temps où les chars allemands étaient très mal vus en Europe de l’Est. Mais aujourd’hui, les modèles Léopards de l'entreprise d'armement Rheinmetall sont plus convoités que jamais à Varsovie ou à Kiev.

Mais tandis que la Pologne possède déjà plusieurs de ces chars de combat ultra-performants dans ses baraquements, l'Ukraine attend toujours des livraisons de Berlin.

Problème: le gouvernement allemand ne veut pas en livrer à Kiev - du moins pas avant que tous les autres néo-alliés ne le fassent également. C’est ce qui a été réaffirmé vendredi lors de la réunion avec les forces alliées sur la base militaire américaine de Ramstein en Allemagne.

La démocratie doit pouvoir se défendre

Pour Timothy Garton Ash, le gouvernement allemand fait preuve de «Scholzing» - un terme dérivé du nom de famille du chancelier allemand que l'historien anglais utilise pour dire: «Communiquer de bonnes intentions et inventer ensuite toutes les raisons imaginables pour les empêcher.»

Mais les autorités suisses sont bien les dernières à pouvoir critiquer les décisions d'Olaf Scholz, car la Berne fédérale maîtrise aussi bien le «Scholzing» que le chancelier allemand en matière d'aide militaire pour l'Ukraine.

Il convient donc de rappeler tant à Berlin qu'à Berne que la démocratie ne va pas de soi. Elle ne naît pas et ne se développe pas par magie, contrairement à ce qu'avait prédit le politologue américain Francis Fukuyama après la fin de la Guerre froide. La démocratie doit pouvoir se défendre par la force des armes contre tout ce qui cherche à la menacer – et ce, tout particulièrement lors de sa première phase de développement, comme c'est le cas en Ukraine.

Les armes comme «vaccins contre la tyrannie»

Pour assurer sa métamorphose d'un espace post-soviétique corrompu à une démocratie libérale aux valeurs occidentales, l'Ukraine a donc besoin de chars de combat et de munitions. Comme l'a récemment déclaré Volodymyr Zelensky, les soldats ukrainiens et leurs armes sont «les vaccins contre la tyrannie». Sans eux, la pandémie du mal continuera de faire des ravages cette année encore.


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