50 pays à la conférence de Ramstein
L'Allemagne et les Etats-Unis ne veulent pas envoyer des chars à l'Ukraine

L'Allemagne s'est partiellement opposée à l'envoi de chars Leopard 2 à l'Ukraine lors de la conférence de Ramstein. Les Etats-Unis s'y opposent également.
Publié: 21.01.2023 à 21:17 heures
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Tous les mois, une réunion de soutien à l'Ukraine a lieu sur la base aérienne de Ramstein en Allemagne.
Photo: Getty Images
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Chiara Schlenz

Une cinquantaine de pays se sont réunis vendredi sur la base aérienne de Ramstein dans le Land allemand de Rhénanie-Palatinat. Sous la présidence du secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, c'est la huitième fois que l'on y discute de l'aide civile et militaire à l'Ukraine.

Les espoirs placés en amont étaient grands. «Les Ukrainiens attendent du sommet de Ramstein une véritable percée dans la livraison de systèmes d'armes ultramodernes», a déclaré l'ancien ambassadeur ukrainien à Berlin et actuel vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrij Melnyk, à l'agence de presse allemande. En d'autres termes, le pays en guerre attendait la livraison de chars Leopard 2, de fabrication allemande.

Mais une telle décision n'a pas été prise. L'Allemagne est toujours réticente à l'idée de livrer les chars. Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius est resté vague lors de la conférence de Ramstein: «Il y a du pour et du contre», éludant toute justification. On ne peut pas encore dire aujourd'hui comment et quand une décision sera prise à ce sujet. Les livraisons ne sont pas totalement abandonnées, le ministre allemand fait même vérifier l'existence des «Leos» - «au cas où».

Scholz se cache derrière les Etats-Unis

Mercredi encore, le chancelier allemand Olaf Scholz se montrait prêt à des livraisons lors d'un entretien avec le président américain Joe Biden. Mais à une condition, comme le rapportait le «Süddeutsche Zeitung», que les Etats-Unis envoient des chars Abrams en Ukraine.

Le porte-parole du gouvernement, Steffen Hebestreit, a démenti ces informations. Mais des hommes politiques américains, comme le député Seth Moulton, constatent également que «Scholz veut être en phase avec les Etats-Unis». Ou, pour reprendre les mots durs d'experts politiques internationaux: «Scholz se cache derrière les Etats-Unis et empêche ainsi les livraisons de chars nécessaires. Mais il n'est pas question d'hésitation, précisait Boris Pistorius vendredi. «Nous n'hésitons pas, nous sommes seulement prudents.»

Le ministère américain de la Défense a également indiqué une nouvelle fois vendredi que l'Allemagne était la seule à pouvoir décider d'une livraison de chars. «C'est leur décision souveraine de savoir quel soutien sécuritaire ils souhaient fournir», peut-on lire dans un point de presse de Washington. En outre, le Pentagone ne donne pas non plus la priorité à la livraison de chars Abrams. «En raison de l'entretien et des coûts élevés qui seraient nécessaires pour la maintenance d'un Abrams, cela n'a tout simplement aucun sens pour le moment de fournir un tel équipement aux Ukrainiens.»

Et plus le nombre de chars envoyés en Ukraine est élevé, plus le problème logistique est important. D'autant plus s'il y a plusieurs modèles. Un autre système d'armes comme les chars Abrams nécessiterait une toute nouvelle chaîne logistique dans l'armée ukrainienne. Même dans son bilan de la conférence, le secrétaire américain à la Défense Llyod Austin ne fait aucunement mention des chars Leopard 2. Ce n'est que sur demande qu'il fait référence à l'annonce de Boris Pistorius.

Nouveaux débats à venir?

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, s'attend en revanche à de nouveaux développements dans le débat sur les chars. L'Allemagne nuit-elle à l'unité européenne parce qu'elle ne livre pas de chars Leopard 2? Pour le moment, Jens Stoltenberg a déclaré que «les discussions vont se poursuivre». Selon lui, depuis le début de la guerre, le type de soutien évolue toujours.

Malgré les mauvaises nouvelles sur les Léopards, la conférence de Ramstein ne s'achève pas sans résultat. Ainsi, l'Allemagne prépare la livraison de 40 chars Marder. En outre, l'accent sera mis sur la défense aérienne dans les prochaines livraisons, notamment avec le système de défense Patriot et le système de défense aérienne Iris-T SLM avec missiles guidés.

Reste toutefois un goût amer. Les paroles du président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une interview sur la chaîne ARD jeudi sonnent comme désabusés tant ils sont simples: «En bref, pouvez-vous livrer des Léopards ou pas? Alors, donnez-les.»

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