Le deuxième groupe de touristes le plus important
Suisse Tourisme craint une chute du nombre de visiteurs américains

L'effet Trump pourrait bien impacter le secteur touristique suisse. Face à l'incertitude, Martin Nydegger, directeur de Suisse Tourisme, préfère rester prudent. Mais la situation pourrait même offrir des opportunités inattendues.
Publié: 06:00 heures
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Dernière mise à jour: il y a 9 minutes
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La Suisse pourrait attirer moins de touristes américains que l'année dernière.
Photo: Keystone
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Jean-Claude Raemy

Le tourisme suisse tremble à cause de la guerre commerciale lancée par Trump. Martin Nydegger, directeur de Suisse Tourisme, et bon nombre de ses collègues de la branche et des spécialistes du marketing suisse sont confrontés à la question suivante: l'afflux des importants visiteurs américains en Suisse va-t-il s'effondrer suite aux annonces récentes de Donald Trump?

«Je suis un optimiste désespéré, mais actuellement je suis quand même tiraillé», déclare Martin Nydegger à Blick. Les visiteurs Américains jouent un rôle central pour le secteur touristique suisse.

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L'heure de vérité sonnera en septembre
Martin Nydegger, directeur de Suisse Tourisme
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Avec 3,5 millions de nuitées, les touristes américains ont constitué en 2024, année record, le deuxième groupe de visiteurs le plus important en Suisse, juste derrière les Allemands et nettement devant les Britanniques qui arrivent en troisième position. Les touristes américains sont un groupe d'hôtes en croissance depuis 10 ans. La demande a même explosé depuis la pandémie de Covid-19.

Un avenir incertain

«Au premier trimestre 2025, nous n'avons pas ressenti d'effet Trump négatif», explique Martin Nydegger. Les réservations pour l'été sont déjà faites, et pour l'instant, aucune annulation n'est prévue. Et après? «L'heure de vérité sonnera en septembre», dit le premier responsable du tourisme suisse.

Martin Nydegger ajoute: «On ne sait absolument pas encore à quoi ressembleront les réservations pour l'automne et l'hiver. Mais je serais étonné qu'il n'y ait pas d'impact sur le marché américain.» Il ne précise pas la nature exacte de ces dernières ou l'ampleur d'un éventuel recul. «Le déclin ne serait pas significatif et ne durerait sans doute pas», affirme le Bernois pour rassurer sa branche.

Certains professionnels du tourisme rencontrés par Blick au salon «Connect Switzerland» à Zurich craignent une baisse des chiffres américains, mais ne veulent pas l'affirmer publiquement. Personne ne veut tirer de conclusions hâtives, d'autant plus que l'incertitude est grande des deux côtés de l'Atlantique en raison de toutes les discussions sur les droits de douane.

La faiblesse du dollar a actuellement encore peu d'influence sur les chiffres de réservation, explique Martin Nydegger. «Si le dollar devait rester aussi faible au-delà de l'incertitude actuelle, cela pourrait toutefois augmenter quelque peu la pression sur les prix», précise-t-il. En d'autres termes, la Suisse pourrait devenir trop cher pour les Américains – et donc ne plus entrer dans leurs plans. A moins que les hôteliers suisses, de leur côté, ne maintiennent les prix sur le marché américain en proposant des offres inclusives, des offres spéciales et des prestations supplémentaires attrayantes.

Cependant, il y a un point positif. Les touristes américains typiques en Suisse sont plus riches que la moyenne. Ils ne réagissent donc peu aux hausses de prix dans leur pays ou en Suisse. «Le dollar n'est pas notre plus grande préoccupation», admet Martin Nydegger. 

Les Canadiens s'engouffrent dans la brèche

Ce qui inquiète davantage, c'est l'incertitude liée à la politique erratique de Trump. Celle-ci commence à laisser des traces dans le tourisme mondial. Les compagnies aériennes américaines comme Delta, qui dessert également Zurich, ont réduit leurs programmes de croissance. La raison est simple: la demande pour le second semestre est plus faible que prévu.

C'est exactement la même crainte que l'on retrouve dans le tourisme suisse. Martin Nydegger n'en a pas pour autant perdu le sommeil. Son organisation compte 35 représentations dans le monde entier. D'autres pays pourraient s'engouffrer dans la brèche pour les Américains.

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La Suisse bénéficie depuis longtemps d'une image de marque très positive auprès de ses visiteurs américains
Martin Nydegger, directeur de Suisse Tourisme
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C'est pourquoi le chef de ST-America, Claudio Zemp, parle même d'opportunités. Depuis le début de l'année, la Suisse enregistre une augmentation de 20% des visiteurs canadiens. Ces derniers sont en train de prendre leurs distances avec les Etats-Unis.

Quoi qu'il en soit, la commercialisation de la Suisse aux États-Unis ne sera pas modifiée. «La Suisse bénéficie depuis longtemps d'une image de marque très positive auprès de ses visiteurs américains», explique Martin Nydegger. Selon lui, la crainte de nombreux touristes américains de ne pas être les bienvenus dans leur pays de vacances n'est pas associée à la Suisse.

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