Le Covid plutôt que la piqûre
De jeunes Français se contaminent pour échapper au vaccin

Afin d'obtenir le très convoité pass sanitaire, de jeunes Français se font délibérément infecter par le coronavirus. Les épidémiologistes préviennent que c'est jouer avec le feu.
Publié: 06.08.2021 à 11:46 heures
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Dernière mise à jour: 06.08.2021 à 15:55 heures
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Sans un "pass sanitaire", vous ne pouvez plus entrer dans les restaurants et les bars en France.
Photo: Dukas
Daniel Kestenholz, Jocelyn Daloz (adaptation)

Mourir du Covid, c’est mourir par suffocation. Une fin terrible, qui touche principalement les personnes âgées, mais peut également advenir à des personnes plus jeunes. De nombreux réfractaires au vaccin se rendent compte à leurs dépens que leur choix n’est pas sans risque, et des mea culpa d’anciens sceptiques depuis leurs lits d’hôpitaux se multiplient sur internet.

Ces appels vidéos poignants de personnes parfois décédées par la suite ne semblent pour autant pas dissuader un nombre croissant de jeunes Français à obtenir un pass sanitaire de la manière la plus risquée: en contractant délibérément le Covid plutôt que de se soumettre à la vaccination. Une fois rétablis, ils obtiennent en effet le statut d’immunisé pendant quelques mois et par là le sésame qui leur ouvre les portes des restaurants et des bars.

Les épidémiologistes préviennent toutefois que cette tendance est dangereuse. La maladie présente un risque non négligeable pour les jeunes et leur environnement.

Un risque que certains opposants au vaccin prennent à la légère: «Dans le pire des cas, cela m’oblige à rester au lit pendant quelques jours», affirme par exemple une jeune femme de 20 ans à Franceinfo. «Dans le meilleur des cas, je n’ai aucun symptôme.»

Tomber malade pour profiter à nouveau de la vie

Un jeune homme de 25 ans a déclaré au Figaro qu’il avait cessé de porter son masque, qu’il se lavait moins les mains et qu’il travaillait sur un «plan Covid»: «Ma femme et moi voulons avoir le Covid pour obtenir le passeport santé.» Il ne voulait pas attendre des semaines pour les deux vaccins et devoir se tester tous les jours: «Je déteste prendre des rendez-vous et devoir attendre pour quelque chose qui ne me sert absolument à rien.»

Le journal cite également Clémence, une étudiante de 20 ans: «Honnêtement, si une amie me dit qu’elle a le Covid et que je sais que je peux ensuite m’isoler pendant plusieurs semaines, je pourrai aller la laisser tousser sur moi.» Le passeport sanitaire est très important, continue-t-elle. «Sans lui, nous ne pouvons plus profiter des plaisirs de la vie», déclare l’étudiante en philosophie, visiblement inspirée par Épicure.

Jennifer, 24 ans, ne souhaite pas nécessairement être contaminée par le virus de manière délibérée. Mais elle «préfère l’avoir, se mettre en quarantaine et laisser mon système immunitaire vaincre la maladie naturellement».

«Complètement absurde»

Cerise, 19 ans, éducatrice dans un foyer d’accueil pour personnes handicapées, préfère également la contamination au vaccin, malgré le risque de tomber gravement malade ou de développer un Covid long: «Mon corps pourra essayer de faire face, comme avec n’importe quel autre virus.» Elle n’est pas du genre à avoir peur des choses «naturelles», dit-elle. «Mais j’ai peur du vaccin parce que ce n’est pas naturel.» Les anticorps «fonctionnent très bien à mon âge».

Sur les réseaux sociaux, des déclarations similaires circulent, les faits — tant scientifiques qu’administratifs — n’étant apparemment pas entièrement compris. Une guérison du Covid n’est pas un laissez-passer pour un avenir totalement exempt de risque. Un utilisateur sur Twitter déclare: «Je préfère avoir le Covid une fois plutôt que de devoir me faire vacciner tous les trois mois pour le reste de ma vie». D’autres affirment avoir vécu en quarantaine avec des personnes contaminées mais n’auraient tout simplement pas pu contracter le virus.

L’épidémiologiste Philippe Amouyel qualifie d'«absurdité totale» les tentatives de contracter délibérément le Covid. «Jouer avec le virus» n’est pas anodin, a déclaré Amouyel à LCI. Selon lui, cette tendance, aussi alimentée par certains médecins, est une «stupidité». Même si une infection est initialement asymptomatique, le risque d’effets tardifs ne doit pas être sous-estimé.

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