«Les Autrichiens ont écrit l'histoire aujourd'hui»: le secrétaire général du FPÖ Michael Schnedlitz n'aurait pas pu mieux résumer les résultats des élections nationales autrichiennes qui ont lieu ce dimanche. Il s'agissait d'une élection historique.
Le FPÖ vole les voix des électeurs de l'ÖVP
Le parti populiste de droite FPÖ (Freiheitliche Partei Österreichs), dirigé par Herbert Kickl, a fait son meilleur résultat depuis 1999. Avec 29,1% des votes, il devient pour la première fois la première force politique d'Autriche. «Les électeurs se sont exprimés», a déclaré Herbert Kickl dimanche.
Fait intéressant: «seulement» 50% des voix du FPÖ proviennent d'électeurs qui avaient déjà voté pour eux en 2019. C'est ce que montre un sondage réalisé par PULS 24, ATV et l'agence Peter Hajek Public Opinion Strategies. Le FPÖ est parvenu à arracher 27% des voix à son plus grand concurrent, le parti de droite conservatrice ÖVP (Österreichische Volkspartei).
Une défaite annoncée de l'ÖVP
Tout cela nous amène au grand perdant de ces élections: le parti actuellement au pouvoir en Autriche. Celui-ci a subi une défaite cuisante. Le parti du chancelier Karl Nehammer perd plus de 11% de ses voix et n'obtient que 26,5% de votes au total. Le coup est dur. «Nous n'avons pas atteint notre objectif d'arriver en tête. Cela laisse un goût amer», a déclaré le chef de l'ÖVP Karl Nehammer.
La défaite électorale de l'ÖVP était pourtant prévisible. Au cours des derniers mois, le parti au pouvoir a fortement perdu la confiance et l'approbation de la population autrichienne.
La formation d'un gouvernement risque d'être difficile
Malgré des résultats électoraux clairs, les partis sont confrontés à un défi de taille: la formation du gouvernement. En Autriche, il est d'usage que le président — actuellement Alexander Van der Bellen — nomme le chancelier et lui confie la mission de former le gouvernement au parti ayant obtenu le plus de voix. En 2024, ce serait donc le FPÖ. Herbert Kickl a-t-il donc atteint son objectif de devenir «chancelier du peuple»?
Pas tout à fait. Car il y a un gros hic: aucun parti autrichien ne souhaite former une coalition avec le FPÖ, ou plutôt avec Herbert Kickl. Et ce, bien qu'il soit ouvert à toutes les possibilités, comme il l'a lui-même souligné dimanche: «Notre main est tendue, dans toutes les directions. Je suis prêt à discuter avec tout le monde.»
Mais même l'ÖVP, qui a déjà formé une coalition avec le FPÖ par le passé, a une nouvelle fois clairement rejeté toute collaboration dimanche: «C'était comme ça hier, c'est comme ça aujourd'hui et ce sera encore comme ça demain», a déclaré le secrétaire général de l'ÖVP Christian Stocker à la chaîne autrichienne ORF. Le chef de l'ÖVP a lui aussi souligné avant les élections: «Kickl n'est pas en mesure d'assumer des responsabilités gouvernementales.» Comment répondre à la question cruciale de la coalition?
Il est probable qu'Alexander Van der Bellen reçoive le parti conservateur ÖVP et le chancelier pour lui donner la mission de former un gouvernement. Mais cette tâche ne serait pas non plus facile pour l'ÖVP. En effet, la «grande coalition», composée de l'ÖVP et du SPÖ, n'aurait qu'une faible majorité.