Selon plusieurs sources, citées notamment par le New York Times, le Wall Street Journal et CNBC, le groupe pourrait annoncer dès la journée de lundi son acquisition par le patron de Tesla, qui a proposé mi-avril de s'emparer de l'intégralité du groupe au prix de 54,20 dollars par action et de retirer la plateforme de la Bourse new-yorkaise. Si cette offre était acceptée en l'état, cela valoriserait Twitter à 43 milliards de dollars, contre environ 38,5 milliards aujourd'hui. Vers 15H40 GMT, l'action du réseau social, cotée au New York Stock Exchange, prenait 3,75% à 50,77 dollars. Sollicité par l'AFP, Twitter n'a pas réagi dans l'immédiat.
Elon Musk avait indiqué la semaine dernière qu'il avait sécurisé 46,5 milliards de dollars pour mener à bien cette acquisition grâce à deux prêts bancaires de Morgan Stanley, ainsi qu'à sa fortune personnelle. Il a également évoqué la possibilité de lancer une offre publique d'achat (OPA) hostile en passant directement par les actionnaires et en contournant le conseil d'administration (CA). «Une fois que le financement a été mis en place avec la menace d'une OPA hostile, le CA ne pouvait plus avoir recours à un chevalier blanc ou à un second enchérisseur, a relevé Dan Ives de Wedbush Securities sur CNBC. Cela les a mis le dos au mur et les a contraints à venir à la table de négociations.»
Proposition de rachat réexaminée
Selon les médias américains, le conseil d'administration de Twitter s'est réuni dimanche matin pour réexaminer la proposition du milliardaire. Deux jours plus tôt, l'entrepreneur d'origine sud-africaine s'est entretenu avec plusieurs actionnaires, via plusieurs appels vidéo, pour défendre son offre de rachat. L'organe de direction du groupe, composé de 11 membres, s'y était originellement montré hostile en adoptant une clause dite de la «pilule empoisonnée» pour rendre l'acquisition plus difficile.
La clause prévoit que si un actionnaire atteint plus de 15% du capital de Twitter, le conseil d'administration se réserve le droit de brader les actions pour tous les autres détenteurs de titres. Elon Musk détient actuellement un peu plus de 9% des actions ordinaires du réseau social. Peu après son entrée au capital de l'entreprise, le fantasque patron avait été invité à rejoindre le CA, mais il avait décliné cette offre.
«La plateforme de la liberté d'expression»
Fort de ses plus de 83 millions d'abonnés, l'homme le plus riche de la planète (sa fortune est estimée à 269 milliards de dollars par Forbes) se sert presque tous les jours de son compte Twitter pour donner des nouvelles de ses entreprises, plaisanter ou lancer des provocations. Il a promis de transformer le réseau social pour en faire «la plateforme de la liberté d'expression à travers le monde» sans détailler les changements qu'il comptait mettre en oeuvre, à l'exception de certaines fonctionnalités comme l'ajout d'un bouton «modifier» pour corriger un tweet après publication.
Certains observateurs pensent que Elon Musk pourrait autoriser à nouveau des comptes supprimés, dont celui de Donald Trump et de certains de ses partisans. L'ancien président américain avait été suspendu définitivement de Twitter en janvier 2021 pour avoir appelé à contester les résultats du scrutin présidentiel et invité à la violence. «Confier les rênes de Twitter à Elon Musk déchaînera à coup sûr des théories du complot que la plateforme a essayé de réprimer», a réagi Angelo Carusone, président de l'ONG progressiste Media Matters for America. «Toute tentative d'utiliser la plateforme pour partager des informations légitimes sera éclipsée par un bourbier toxique de désinformation.»
Un des autres axes sur lesquels Elon Musk pourrait également vouloir investir est de rendre Twitter plus rentable et d'augmenter la croissance de son nombre d'utilisateurs. Il a déjà suggéré des modifications à la formule d'abonnement payante au site de microblogs, Twitter Blue. Le groupe de San Francisco doit publier ses résultats trimestriels jeudi avant l'ouverture de Wall Street.
(AFP)